Janvier 1996 - n°5
Face au déséquilibre mondial Nord-Sud croissant, aux conflits, à la misère, la majeure partie de la population de notre planète ne peut entrevoir son développement qu'au travers des actions menées par les associations carritatives de nos pays, parallèlement aux actions institutionnelles, et ce, dans tous les secteurs d'activité: agriculture, environnement, éducation, santé, etc... Ainsi les ONG (Organisations Non Gouvernementales) deviennent-elles le relais indispensable palliant la défaillance économique des pays les plus démunis, à condition que leurs projets répondent aux besoins des populations. Dans un tel contexte, l'accès aux soins et aux médicaments devient des plus aléatoire, et la "santé pour tous d'ici l'an 2000" dictée par l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) dans sa déclaration d'Alma-Ata en 1978*, semble être un concept de plus en plus illusoire.
Notre profession ne devant, ni ne pouvant rester indifférente à ce problème, a vu se mobiliser de nombreux biologistes autour d'associations à but humanitaires, régies par la loi de 1901, telles que : l'Association Biologie et Coopération, Biologie Sans Frontières, Récup'élec, Club Nomade, etc... Cependant, toutes ces associations, en demeurant isolées, voyaient leurs moyens d'intervention limités et se trouvaient confrontées à un manque de représentativité, avant de se regrouper le 1er décembre 1993, sous l'impulsion d'un groupe de biologistes, en une fédération : la FNAHB. Cette fédération regroupant les associations uvrant pour la promotion de la biologie humanitaire, aussi bien sur l'échiquier international de l'aide au développement, qu'à l'intérieur de nos frontières en faveur des exclus, intervient à travers un triple rôle :
* en assurant la représentativité de l'action humaine en biologie auprès des instances et des professionnels
* en coordonnant les actions des différentes associations affiliées
* en proposant une réflexion sur les besoins de santé des pays en développement.
Revenons sur ce dernier point.
Il est bien évident qu'il n'existe pas un modèle d'intervention, mais que chaque situation est particulière. En Afrique, par exemple, dans les régions où il ne se trouve qu'un médecin pour 200000à 300000habitants, l'équipement d'un laboratoire de brousse consiste principalement à l'apport de seringues, d'une petite centrifugeuse de paillasse et d'un microscope optique permettant des examens parasitologiques à l'état frais: goutte épaisse (plasmodium), urines (bilharziose), selles (amibes), sécrétions vaginales et uréthrales (tréponèmes), etc. Malheureusement, récupérer un vieux microscope optique en France est un défi pratiquement voué à l'échec... Pour ces régions d'Afrique, la FNAHB a participé à l'élaboration d'un antibiogramme sur prélèvement direct sans identification de germes. La FNAHB prépare actuellement l'adaptation de ce test diagnostic aux infections présentes en Afrique, et aux antibiotiques disponibles sur ce continent.
Le matériel récupéré en France est donc plutôt destiné, en Afrique, aux laboratoires des hôpitaux nationaux de référence dans les capitales et grands centres urbains. Ce matériel peut aussi être reconditionné pour l'Asie du Sud-Est (Viet-Nam, Cambodge), et pour l'Europe de l'Est (Roumanie, ex-Yougoslavie, Pologne, etc...), pays dans lesquels le personnel compétent existe, mais ne peut s'exprimer, faute de moyens matériels.
Toutefois, dans certains pays aux PNB les plus faibles, dans lesquels la part du budget national alloué à la santé parvient à peine à couvrir les salaires du personnel, et face à l'échec relatif de "l'initiative de Bamako*", la FNAHB peut favoriser l'installation d'un LABM privé sous certaines conditions : consultations gratuites pour certaines catégories sociales (enfants des orphelinats, par exemple), coopération avec les structures publiques et obligation de former du personnel, qui pourra ensuite s'orienter vers les structures publiques.
Enfin, à l'intérieur de nos frontières, la FNAHB soutient l'action de Bio Quart Monde France, association affiliée, qui met en place un réseau d'analyses de biologie médicale gratuites en faveur des plus démunis, sous certaines conditions.
Mais pour toutes ces actions, la FNAHB a besoin du soutien de l'ensemble de la corporation: fabricants de matériel et réactifs, LABM, syndicats, etc...
Toute personne désireuse d'exprimer sa solidarité envers ses confrères des pays démunis peut le faire, soit par un don financier à la FNAHB, soit en cédant du matériel aux associations affiliées à la FNAHB (ABC Sud-Est, BSF Lyon, BSF Montpellier). ABC, par exemple, se charge de la collecte de matériel en France, puis grâce à une convention avec l'Institut Universitaire de Technologie de Toulon, de sa remise en état pour enfin le céder à la FNAHB pour ses missions propres, ou en tant que prestataire de service pour des ONG de premier ordre telles que Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières, Pharmaciens Sans Frontières, etc... Notons que chaque appareil est donné gratuitement en double exemplaire. Non seulement, l'association ne dégage aucun bénéfice financier lors de cette opération, mais de plus, elle assure tous les frais de transports (acheminement, expédition) ainsi que les dépenses en personnel gérant ces actions.
Tous les dons, financiers et matériels, sont ensuite répartis, selon les projets, aux différentes associations membres de la FNAHB.
Quel qu'il soit, votre engagement à nos côtés sera très apprécié. "La grandeur d'un métier est peut-être, avant tout d'unir des hommes : il n'est qu'un luxe véritable, et c'est celui des relations humaines" (Antoine de Saint-Exupéry).
*Alma-Ata (1978) instauration de la politique des soins de santé primaire selon un système pyramidal d'orientation-recours.
*Bamako (1987) redéfinition des SSP et des échelons les plus périphériques et surtout, fin de la gratuité des soins avec l'instauration du système de recouvrement des coûts.
CD