Juin 2002 - n°69
Le vrai visage de l’Industrie Chimique
Française
exposé par M. Bernard RIVIERE, nouveau Président de l’Union
des Industries Chimiques
" Si l’industrie chimique n’est, en général,
pas appréciée à sa juste valeur en France, c’est
parce qu’elle est en fait très mal connue. Il est temps que la
chimie française montre son " vrai visage "… "
: c’est en ces termes que le nouveau Président de l’Union
des Industries Chimiques, M. Bernard RIVIERE, a exprimé la nécessité
pour l'industrie chimique française de se faire mieux connaître.
Bien que contrastée dans ses résultats et dans la perception qu'en
ont aussi bien le grand public que les décideurs économiques et
politiques, la Chimie demeure un maillon-clé du paysage industriel français.
Une industrie forte et performante qui a su prouver sa capacité de développement
et tient depuis plusieurs années son rang de n°4 mondial…
M. Bernard RIVIERE nous expose les atouts de la Chimie française, dont
les activités sont indispensables à la plupart des secteurs économiques.
Une exposition inégale au ralentissement international selon les familles de produits…
Dans le contexte du ralentissement de l’activité
économique mondiale, l'industrie chimique (hors pharmacie) a enregistré
en 2001un léger retrait de ses volumes (-1,3 % par rapport à 2000),
mais a affiché un développement toujours très marqué
du secteur pharmacie (+ 10,7 %). D'importantes différences ont été
relevées, selon les familles de produits chimiques : chimie minérale
: - 6,7 % / chimie organique : - 3,4 % / parachimie : - 0,9 % / savons, parfums
et produits d’entretien : + 4,1 %.
Tirant parti d’une demande intérieure relativement soutenue, l’ensemble
de l’industrie chimique française a atteint un chiffre d’affaires
de 85 milliards d’euros.
De nombreux indicateurs économiques semblent, par ailleurs, annoncer
une reprise de l’économie mondiale ; l’industrie chimique
française parviendrait ainsi à maintenir en 2002 une croissance
positive de 2,6 % (+ 6% pour la pharmacie et + 1,3 % pour la chimie hors pharmacie).
Industrie clé, la Chimie française occupe la quatrième
place dans le monde et la deuxième en Europe (après l’Allemagne
et avant la Grande-Bretagne et l’Italie). Elle se positionne d'ailleurs
à l'échelle de l'Hexagone au premier rang de l’ensemble
des secteurs industriels par le montant de ses exportations ainsi qu’au
deuxième rang en terme de chiffre d’affaires et en matière
d’investissement (hors énergie). Ajoutons, à ce titre, que
l’industrie chimique de l’Europe de l’Ouest s’impose
comme la première au monde et représente 31,2 % d’un chiffre
d’affaires mondial estimé à 1 565 milliards d’euros
en 2000. Elle devance les Etats-Unis dont la part est de 30,4 % et le Japon
(15,1 %).
Indispensable à la plupart des secteurs économiques, la Chimie
répond à des besoins très variés dans un très
grand nombre de branches industrielles, d’activités de services,
et directement auprès de la population avec des produits tels que les
médicaments, les détergents ou les produits de beauté.
Des grands groupes implantés mondialement, mais aussi un très grand nombre de petites et moyennes entreprises
Connue du grand public à travers quelques grands groupes,
l’industrie chimique française rassemble également un très
grand nombre de petites et moyennes entreprises ; sur un total de 1154 entreprises
de plus de 20 salariés, 89 % sont effectivement des PME de 20 à
500 salariés, réparties sur l’ensemble du territoire national.
Bien sûr, les grandes régions telles que l’Ile-de-France,
Rhône-Alpes ou Provence-Alpes-Côte d’Azur regroupent un bon
nombre de PME, mais d’autres régions comme, par exemple, la Bretagne
ou la Picardie hébergent de nombreuses entreprises dynamiques. La plupart
d’entre elles se sont spécialisées sur des segments de marché
bien spécifiques, dans lesquels elles ont acquis une grande expertise
et de solides positions. Parmi leurs atouts : une capacité d’innovation
qui leur a permis de décoller ou de rebondir dans leur développement,
une proximité d'écoute et un service, une percée à
l’international, même si leur taille ne leur donne pas le support
d’une organisation mondiale.
A ces chiffres il convient d’ajouter les entreprises de moins de 20 salariés
: environ 1000 entreprises dans cette catégorie, pour un effectif de
l’ordre de 10 000 personnes. Ajoutons toutefois que les 130 entreprises
de plus de 500 salariés regroupent la majorité des effectifs (59
% de l’effectif total) ; les PME (<500) représentant donc 41
% de l’effectif total.
A noter enfin qu’une analyse sur les 5 dernières années
montre que cette distribution par taille est restée pratiquement identique
au fil des ans. On peut donc en déduire que parallèlement aux
regroupements d’entreprises qui ont pu avoir lieu sur la période,
c'est à travers l'émergence de nouvelles entreprises de petite
ou moyenne taille, que le nombre total de sociétés a pu se stabiliser
dans une fourchette de 1150 à 1200.
Au total, l’industrie chimique compte aujourd’hui près de
250 000 salariés, la croissance régulière des embauches
s’étant confirmée ces dernières années (15
300 recrutements en 2001).
Le recrutement d'ingénieurs et de cadres s'est accentué, traduisant
une élévation du niveau de qualification des salariés de
l’industrie chimique en réponse au renforcement de l’expertise
nécessaire dans les différents métiers de la chimie (R&D,
technologie, marketing…). Parallèlement, on constate une relative
stabilité de l’effectif Techniciens / Agents de maîtrise
tandis que le nombre d’ouvriers et d’employés directement
intégrés en entreprises chimiques dénote une légère
baisse. Une baisse qu'il faut toutefois relativiser du fait du développement
de la sous-traitance et de l'augmentation des recrutements ainsi générés
par les prestataires de l'industrie chimique.
Une innovation permanente pour une Chimie toujours aussi compétitive
L’industrie chimique française est au premier
rang des secteurs économiques pour les dépenses de recherche et
développement, lesquelles représentent 6,7 % de son chiffre d’affaires.
Près de 30 000 personnes travaillent en R&D, soit environ 12 % de
l’effectif total de l’industrie chimique.
Soulignons cependant que le niveau globalement élevé d’activité
de recherche et développement en France laisse transparaître certaines
disparités selon les familles de produits. La pharmacie revendique une
position très ambitieuse, avec 12,6 % du CA consacrés à
la recherche, tandis qu'en ce qui concerne la chimie hors pharmacie, une différence
significative est notée entre la chimie fine ou de spécialités,
qui se développe grâce aux nouveaux produits issus de la R&D,
et la chimie de base pour laquelle les produits sont matures et ne nécessitent
plus que des travaux d’amélioration des procédés.
Rappleons que les efforts de recherche développés par l'Industrie
bénéficient en France d'une structure d'encadrement particulièrement
performante. De nombreux programmes de R&D spécifiques sont en effet
développés, en parallèle de la vocation d’enseignement,
au sein des centres de recherche publics reconnus mondialement (CNRS, INRA,
INSERM…) et des réseaux d'écoles supérieures et d'universités
- où 1300 ingénieurs et 1350 docteurs sont chaque année
diplômés en chimie .
"Une véritable expertise à laquelle est associée
celle des CRITT (Centres Régionaux d’Innovation et de Transfert
de Technologie), dont une dizaine sont particulièrement actifs dans les
domaines de la chimie", ajoute M. Bernard RIVIERE.
Gage de cette dynamique de Recherche en France : le nombre élevé
de brevets déposés dans l’Hexagone au nom de résidents
français (2500 brevets en 2000) et le taux de couverture Recettes / Dépenses
de ces brevets qui s'est élevé pour cette même année
à 123 % pour l’ensemble Chimie (127 % pour la pharmacie, 127 %
pour la chimie fine et 94 % pour la chimie de base).
Une industrie à risques, mais qui ne cesse d’améliorer ses résultats en matière de sécurité, de protection de la santé et de l’environnement
Consciente de ses responsabilités, la chimie s’emploie
à ce que la maîtrise des risques associés aux sites et aux
produits soit une priorité permanente. Elle est engagée depuis
12 ans dans un programme "Engagement de Progrès", définissant
9 principes directeurs à mettre en œuvre pour l’amélioration
de la sécurité, la protection de la santé et celle de l’environnement.
Les progrès ont été réguliers au cours de la dernière
décennie :
• baisse régulière du taux de fréquence des accidents
avec arrêt (jusqu’à la catastrophe de Toulouse). " Le
taux de l’industrie chimique était jusqu’en 2000, et ce depuis
plus de 10 ans, le taux le plus bas de toutes les branches d’activité
", précise M. RIVIERE.
• baisse des quantités de déchets stockés en décharge
interne, tendance à la fermeture progressive de ces installations et
augmentation de la part des déchets qui font l’objet de traitement
(94,5 % en 2000) ;
• décroissance des émissions de gaz à effet de serre
;
• amélioration de l’indice de la consommation énergétique
spécifique de la chimie
Autant de réponses aux exigences accrues en matière de sécurité,de protection de la santé et de l’environnement, qui nécessitent le renforcement permanent des moyens, des méthodes et des actions menées.
"On le voit, l’industrie chimique française a tout à gagner à se montrer et à être transparente, c’est-à-dire à communiquer plus largement… C’est à ce prix que la France se réconciliera avec sa chimie et c’est dans cet esprit que l’industrie chimique française organisera, en octobre 2002, une grande opération nationale intitulée " A la rencontre de la Chimie "", conclut M. RIVIERE.
Contact :
UIC
Tél : 01 46 53 11 00
Fax : 01 46 96 00 59
E-mail : uicgeneral@uic.fr
www.uic.fr