Mai 2005 - n°99
Association du CLARA et de Merck Santé pour la prise en charge des tumeurs rares
Le Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes
(CLARA) et Merck Santé ont lancé le 25 mars 2005 un projet commun
de recherche portant sur "l'évaluation des pratiques médicales
dans la prise en charge d'une tumeur maligne rare". L'objectif du projet,
soutenu par le CLARA, est de décrire, d'analyser et d'améliorer
l'organisation de la prise en charge des patients atteints du sarcome des
tissus mous afin de dégager les moyens "d'une prise en charge
optimale". En plus du mode de diagnostic et de prise en charge, de la
stratégie thérapeutique et des filières, viendront s'ajouter
les statistiques de survie sans rechute du patient et le coût direct
du processus complet.
Cette étude sera réalisée au niveau de la région
Rhône-Alpes et concernera tous les cas de sarcomes des tissus mous diagnostiqués
entre 2005 et 2007.
Il s'agit du premier accord passé entre un industriel, le groupe pharmaceutique
Merck et une équipe de recherche par le biais du Cancéropôle
et cela ouvre la voie à une collaboration industrielle / académique
qui constitue l'un des objectifs prioritaires du Cancéropôle.
Pour le groupe Merck, c'est aussi l'occasion de renforcer son entrée
récente en oncologie avec le lancement de son produit dans le traitement
du cancer colorectal (Erbitux®).
Un tel partenariat autour du projet Sarcome va apporter 4 ans de collaboration
entre les 2 partenaires avec notamment une implication de Merck Santé
sur le pilotage du projet. De plus, il va mettre en exergue une synergie des
équipes multidisciplinaires de recherche de Merck avec les acteurs
cliniques (anapathologistes, chirurgiens, oncologues…) de la région
Rhône-Alpes.
Des tumeurs rares
Afin de comprendre les motifs de cette recherche, il faut savoir que les tissus
mous relient, soutiennent et entourent les organes des tissus humains. Ils
se trouvent entre la peau et les organes interne et représentent plus
de la moitié du poids du corps. Si la plupart des tumeurs situées
dans les tissus mous sont bénignes, d'autres malignes portent le nom
de sarcomes (du grec "Sark, sarkos" signifiant tumeur de couleur
chair) et peuvent métastaser dans d'autres organes (foie, poumons…).
Ces tumeurs peu fréquentes (environ 1 500 nouveaux cas/an) peuvent
toucher des patients très jeunes. Les chances de guérison d'un
sarcome des parties molles diffèrent selon le type de la tumeur et
le moment où le traitement a été entrepris.
A travers le projet de recherche, il s'agit de démontrer le lien entre
pratiques médicales, mode de prise en charge et "prise en charge
optimale" des patients atteints de sarcomes. Cette idée fait suite
à une étude rétrospective réalisée en 2002
sur des dossiers de patients atteints de sarcomes des tissus mous sur Lyon,
traités de 1999 à 2001. Cette étude ne faisait apparaître
une conformité que dans 32 % des cas et montrait une hausse sensible
du taux de rechute dans les prises en charge respectant peu ou pas du tout
les recommandations nationales des Centres de Lutte Contre le Cancer.
Le projet d'association CLARA/Merck Santé est rendu possible grâce
à une collaboration entre les 3 réseaux de soins en cancérologie
de Rhône-Alpes : Oncora, Concorde et Arc Alpin, unis pour la première
fois. Le projet sera mené par le Dr Isabelle Ray-Coquard, oncologue
médicale au Centre Léon Bérard, centre régional
de lutte contre le cancer de Lyon. Elle assurera également la prise
en charge de la coordination et la promotion du projet, notamment auprès
des médecins.
Deux partenaires impliqués
Le Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes (CLARA) a été
créé en 2003 par les collectivités territoriales : le
Grand Lyon, le Conseil Régional de Rhône-Alpes et le Conseil
Général du Rhône. Il s'inscrit également dans le
Plan Cancer National.
A la base, le CLARA est un réseau de recherche associant des partenaires
académiques et industriels :
- 4 universités,
- 4 centres hospitalo-universitaires (Lyon, Grenoble, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand),
- 2 centres de Lutte contre le Cancer (Léon Bérard et Jean Perrin),
- des laboratoires de recherche de l'INSERM, du CNRS, de l'Ecole Normale Supérieure,
- plus de 30 industriels du diagnostic et de la pharmacie, de la grande entreprise
(Sanofi-Aventis, Biomérieux, Merck Santé) à la
start-up…
L'objectif du Cancéropôle est d'effectuer le transfert des connaissances
acquises dans le domaine de la biologie moléculaire du cancer vers
la prise en charge en routine du patient et ce, afin d'améliorer sa
survie et sa qualité de vie. Sa stratégie passe par le financement
de laboratoires de recherche académiques, la mise en commun à
l'échelle de la région de moyens de recherche clinique, ainsi
que par la mise en place financée de partenariats académiques
et industriels. Le projet Cancéropôle est financé à
hauteur de 45 millions d'euros par les collectivités. Le conseil scientifique
du CLARA, présidé par le Pr Christian Bréchot, se compose
de scientifiques en majorité de nationalité étrangère.
Plusieurs axes thématiques nouveaux seront développés
: Santé publique à Saint-Etienne, Nutrition et cancer à
Clermont-Ferrand, Virus et cancer à Lyon qui dispose d'un réseau
de recherche et d'expertise.
De son côté, le groupe Merck, au travers de sa filiale française
Merck Santé, n'est pas en reste ! Entreprise pharmaceutique et chimique
de renommée mondiale, il a une véritable ambition en oncologie
: devenir un leader sur le marché mondial dans les traitements ciblés
du cancer. Pour cela, il dispose d'un portefeuille prometteur en oncologie
issu de plusieurs années de recherche ainsi que de nombreux partenariats.
De plus, le Groupe a la volonté d'améliorer et de prolonger
la vie des patients et dispose également d'une présence internationale
et d'une reconnaissance par les leaders d'opinion et les cancérologues.
Merck a des thérapies innovantes et ciblées en développement
clinique dans 4 domaines :
- les anticorps monoclonaux anti-EGFR qui bloquent la croissance tumorale
(Erbitux®),
- les vaccins thérapeutiques anti-tumoraux qui stimulent le système
immunitaire contre la tumeur,
- les Immunocytokines qui provoquent une stimulation locale du système
immunitaire,
- les inhibiteurs de l'angiogenèse qui empêchent la vascularisation
vers la tumeur.
Avec son effectif de 28 877 personnes réparties dans 171 sociétés
basées dans 52 pays, le groupe a un fort engagement en R&D et se
focalise également dans un autre domaine : le diabète et ses
complications. Cette première association montre l’ambition du
CLARA d’initier et de financer les collaborations industrielles/académiques
afin de renforcer les partenariats entre les acteurs de la recherche contre
le cancer.
M. HASLÉ