Hors Série - Spécial 10 ans
Le LEEM fait le point sur le secteur du Médicament
Le Leem se définit aujourd’hui comme l’organisation
professionnelle fédérant les Entreprises du Médicament
opérant en France, véritable représentant de la profession
dans son environnement et interlocuteur légal des organisations représentatives
des salariés. Le Leem est aussi un cœur de réseau au service
de ses adhérents, les actions menées par lui résultant
de la volonté collective.
Ses missions s’articulent autour de quatre points :
- Faire reconnaître les Entreprises du Médicament comme acteurs
de Santé et de la Société civile
- Représenter les intérêts des entreprises auprès
des acteurs de l’environnement
- Promouvoir ou impulser des initiatives collectives de progrès et
de qualité
- Etre la « maison commune » des adhérents
Révolution sans précédent
et changements décisifs
Au cours des dix dernières années, le secteur du Médicament
a connu les début d’une révolution scientifique sans précédent,
ayant généré de nouvelles approches de recherche. La
genèse d’une innovation thérapeutique a ainsi totalement
changé de forme.
- Dans la dimension scientifique : le décryptage de
l’ADN, les progrès de la génomique et de la protéomique
bouleversent la compréhension des pathologies ; la maîtrise accrue
des biotechnologies fait du vivant un véritable terreau de médicaments
innovants et transforme les techniques de recherche.
Le secteur s’est alors équipé fortement en nouveaux laboratoires.
L’utilisation du criblage à haut débit dans le screening
des futurs médicaments se fait grâce à une installation
informatique de tout premier ordre. Le secteur intègre de plus en plus
les biotechnologies, tant en recherche qu’en production.
Par dessus tout, c’est en termes de savoir-faire et de d’expérience
que les entreprises pharmaceutiques ont dû investir. La recherche nécessite
ainsi des efforts conséquents d’investissements à moyen
et long terme, le coût de mise au point d’une molécule
innovante a été multiplié par 10 en 20 ans. D’après
les travaux de l’Offi ce of Health Economics britannique, une NEC (Nouvelle
Entité Chimique) coûtait 450 millions d’euros en 1980 pour
atteindre près de 800 millions d’euros aujourd’hui.
- Dans la dimension structurelle : la R&D a également
considérablement changé de forme. Conduire des recherches sur
les médicaments nécessite un maillage et un travail en réseau
impliquant des structures multiformes : laboratoires de recherche académiques,
groupes industriels généralistes ou entreprises émergentes
spécialisées… Il en a résulté une vague
de fusions et d’acquisitions dans les années 90 pour accroître
la productivité de la recherche ainsi que la recherche de nouvelles
formes de collaborations externalisées avec notamment des sociétés
émergentes spécialisées. A moyen terme, les Entreprises
du Médicament se dirigent vers une véritable mutation de leur
modèle économique.
- Au niveau réglementaire : compte-tenu notamment
des exigences croissantes et légitimes de sécurité sanitaire,
le secteur a également évolué et est devenu l’un
des plus contrôlés par les autorités publiques de par
le monde. En France, l’activité des Entreprises du Médicament
s’exerce dans un cadre très strict fixé par le Code de
la Santé publique. Pour être commercialisé, un médicament
doit avoir reçu une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM)
des autorités sanitaires françaises (AFSSAPS) ou européennes
(EMEA). Les médicaments sont admis au remboursement par décision
ministérielle après avis de la Commission de la Transparence.
Le prix des médicaments est alors fixé par le Comité
Economique des Produits de Santé (CEPS) après négociation
avec l’entreprise. Il résulte de cette procédure que les
délais de mise à disposition des patients, après AMM,
restent longs. La procédure prend plus de 450 jours en France, contre
environ un mois en moyenne en Allemagne.
Un secteur clé de l’économie
française
Le médicament est l’un des facteurs stables de la croissance
de l’industrie française. Sa valeur ajoutée est de 10,5
milliards d’euros, soit 1,2 % du PIB marchand. Rassemblant plus de 300
entreprises, ce secteur reste faiblement concentré par rapport à
d’autres, malgré un mouvement réel (on dénombrait
1 000 entreprises dans les années 50 et 500 dans les années
70), résultant entre autres des évolutions de la recherche.
Elle contribue positivement auxéchanges extérieurs du pays.
Depuis 1995, la France est le premier pays producteur de médicaments
de l’Union européenne. En 2003, on dénombrait environ
220 sites de production en France. Comme l’aéronautique et l’automobile,
le médicament est un des points forts du commerce extérieur
français. En 2004, le solde commercial était de 3,3 milliards
d’euros soit 20 % du solde manufacturier.
Le médicament est une industrie de pointe, fruit de recherche et de
connaissances. Pour 2004, l’investissement des Entreprises du Médicament
en R&D France est ainsi estimé à 4 milliards d’euros,
soit 10,5 % en moyenne du chiffre d’affaires réalisé en
France. Ce pourcentage atteint fréquemment 15 à 25 % du chiffre
d’affaires des entreprises.
Au coeur de la chaîne de soins
Le médicament se situe ainsi au cœur d’une chaîne
de soins qui va de la recherche au patient, en passant par les essais cliniques
et l’industrie. Au-delà de la place stratégique qu’il
occupe dans le tissu industriel français, le médicament est
également facteur de qualité des soins. Le médicament,à
travers la recherche clinique, permet en effet le développement de
l’expertise des professionnels de santé, l’adaptation des
infrastructures et des process de santé qui lui permettent de figurer
en bonne place dans la nouvelle cartographie européenne des soins,
qui se dessine actuellement. En outre, l’Industrie du Médicament
contribue à la sécurité sanitaire de la population :
vaccins, production de médicaments anti-infectieux, collecte et traitements
de produits sanguins…
Les Industries du Médicament occupent donc une place stratégique
pour la France aussi bien par leur contribution à la croissance économique
que par leur appui à une politique de santé publique efficace.
Un secteur créateur d’emplois,
à l’aube d’évolutions majeures
L’Industrie du Médicament affiche une croissance cumulée
en terme d’effectifs de 20 % en dix ans, correspondant à une
création nette de 2 000 emplois chaque année, pour atteindre
100 000 personnes en 2004 dont 19 000 en R&D, auxquels s’ajoutent
20 000 emplois externalisés dans des centres de recherche clinique
ou des réseaux de visite médicale.
Ils correspondent à une main d’œuvre très qualifi
ée sur des implantations de très long terme.
Mais, c’est aujourd’hui surtout vers l’avenir qu’il
faut se tourner. Les changements marquants évoqués ci-dessus
induisent des bouleversements majeurs dans l’organisation des Entreprises
du Médicament qui auront un impact fort sur les emplois : complexité
accrue du progrès thérapeutique et mise au point de médicament
de très haute technologie ; changement du modèle économique
de l’innovation ; prise en compte des exigences accrues de sécurité
sanitaire…
Enfi n, les départs en retraite des« baby-boomers » engendreront
40 000 départs d’ici 2012 avec un pic à partir de 2008.
Des enjeux stratégiques de développement
Au cours des dernières décennies, la demande mondiale de médicaments
a augmenté à un rythme très élevé, avec
une croissance deux fois plus forte que le PIB mondial. Le médicament
est ainsi l’un des facteurs clefs de l’allongement de la durée
de vie et de l’amélioration de sa qualité. Cette croissance
devrait se confi rmer dans les années à venir. Comme le soulignait
le rapport Rexecode réalisé pour le Leem en 2004, dans les pays
riches, la croissance est tirée par le vieillissement de la population
et les modèles de mieux-être. Dans les pays émergents,
la croissance démographique et le développement des classes
moyennes constituent les principaux moteurs.
Dans ce contexte, le médicament et les sciences du vivant représentent
des enjeux stratégiques de développementéconomique, social
et sociétal.
Le médicament dispose aujourd’hui en France d’une position
économique de tout premier plan et bénéficie de réels
atouts : une industrie forte bien implantée sur le territoire nationale,
un marché national solvable, un système de formation performant,
une main d’œuvre de qualité et d’excellentes infrastructures.
Parmi les contributions du Leem à cette performance française,
citons notamment :
- Dans le domaine scientifique, au niveau de la recherche fondamentale, la
création d’une structure encourageant les collaborations avec
la recherche académique, « le Leem Recherche » ou encore
le Comité Biotechnologies visant à encourager la création
d’un environnement favorable. Par ailleurs, pour développer la
recherche clinique en France, un partenariat avec les hôpitaux a été
initié et développé avec la Fédération
Hospitalière de France.
- Dans le domaine de l’information et de la promotion, une charte de
qualité de la Visite médicale a été signée
avec les Pouvoirs publics en 2004 marquant la reconnaissance du rôle
de santé publique de cette profession.
En matière de régulation économique, les Entreprises
du Médicament se sont engagées dans une politique partenariale
active avec l’Etat depuis une dizaine d’années : trois
accords cadre ville successifs dont le dernier a été signé
en 2003 et un accord cadre hôpital signé en 2004 ont favorisé,
malgré des contributions spécifiques croissantes affectant la
santé économique des Entreprises du Médicament en France,
le leadership français en matière de production et un début
de reconnaissance de l’innovation.
Le besoin d’un engagement fort pour l’avenir
Compte-tenu des mutations multiformes en cours dans l’Industrie du Médicament,
liées à l’actuelle révolution scientifique et induisant
un changement de modèle économique, la place de la France dans
le nouvel ordre mondial du médicament est susceptible d’être
remise en cause, alors même qu’il pourrait être au cœur
d’une dynamique de création d’une filière économique
nationale des sciences de la vie.
A ce titre, le travail du Conseil Stratégique des Industries de Santé,
sous la présidence du Premier ministre, revêt une importance
majeure. L’adoption d’une vision commune Etat-Industrie, le 25
avril 2005, exprimant l’attractivité pour les industries de santé
comme une exigence de santé publique, de sécurité sanitaire
et d’indépendance nationale, marque un véritable tournant,
de même que le fait de poser désormais comme base de travail
la conciliation des objectifs de régulation de la dépense sociale
et de développement des industries de santé.
Cette vision commune adoptée, le Conseil a arrêté une
série de décisions destinées à encourager la compétitivité
des entreprises installées en France et à favoriser des investissements
ou des implantations nouvelles.
L’Industrie confirme, de son côté, son engagement dans
la politique conventionnelle, dans le cadre de la réforme de l’Assurance
Maladie adoptée en 2004. Elle contribuera à améliorer
les pratiques de transparence et d’information à l’égard
des professionnels de santé. Elle fera la promotion du bon usage du
médicament et favorisera les investissements de recherche plus marqués
pour le traitement des maladies rares et le développement des formes
pédiatriques.
Les Entreprises du Médicament entendent bien poursuivre leurs efforts
pour que les atouts de la France se transforment en réussite effective
demain.
Le LEEM : bref historique
En 1880, les Pharmaciens dits « spécialistes » créent
la première Chambre Syndicale des Fabricants de Produits Pharmaceutiques.
Elle compte alors 8 membres mais va très rapidement s’agrandir,
passant de 50, au début du XXème siècle, à 100
en 1914.
En 1935, 300 fabricants de médicament créent l’Union Intersyndicale
des Fabricants de Produits Pharmaceutiques. Les missions de cette chambre
consiste alors à traiter principalement les problèmes d’ordre
réglementaire et fiscal. L’activité est également
orientée vers l’Export.
Après la seconde guerre mondiale, « La Chambre Syndicale Nationale
des Fabricants de Produits Pharmaceutiques » devient « Le Syndicat
National de l’Industrie Pharmaceutique » (SNIP en 1970).
Il doit gérer désormais des dossiers dans le champ économique
(contrôle des prix, établissement de la liste des spécialités
remboursés par l’Assurance maladie, politique conventionnelle…).
En novembre 2002, l´organisation professionnelle change de dénomination.
Le SNIP devient le Leem et offi cialise une signature collective, « les
Entreprises du Médicament ». La dénomination«Les
Entreprises du Médicament» revendique ainsi le rôle d´entrepreneur
sur un service reconnu de tous, le médicament.
L’histoire du Leem montre une adaptation constante de l’Industrie
du Médicament aux mutations de son environnement dans les champs de
la régulation pharmaceutique, du Droit, de l’Economie, du Social
et de la Société civile.