La Fondation pour la Recherche Médicale et 200 chercheurs lancent une grande campagne de mobilisation pour l’avenir de la recherche médicale

Novembre 2007 - n°126

Entre 2005 et 2014, 40 % des chercheurs vont partir à la retraite. Dans le même temps, la recherche médicale française est frappée par deux maux qui, dans un contexte de fort accroissement de la compétition internationale, pèsent lourdement sur son avenir : la baisse des vocations et l’exil des jeunes chercheurs. La Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) tire la sonnette d’alarme.

Entourée de 200 chercheurs venus de toute la France, de Thierry LHERMITTE, son parrain, et de nombreuses personnalités, la FRM a lancé le 25 septembre dernier à la Tour Eiffel, une vaste campagne de mobilisation nationale et a dévoilé le texte de son Manifeste pour l’avenir de la recherche médicale.

M. Pierre JOLY, Président du Conseil de Surveillance de la FRM, M. Alain PROCHIANTZ, Président du Conseil Scientifique, Mme Joëlle FINIDORI, directrice des affaires scientifiques, et Mme Frédérique CAMIZE, directrice du développement et de la communication, ont par ailleurs fait le point sur la situation des jeunes chercheurs en France et sur les actions soutenues par la FRM…

Les post-doctorants, ces jeunes en quête d’avenir

Ils ont 30 ans et plus, ont fait 8 à 10 ans d’études, représentent 1/3 des chercheurs des laboratoires français, mais n’ont pas de statut bien défini. Ils sont un moteur essentiel de la recherche, mais doivent passer par une période de « stages » qui dure de 3 à 10 ans, avant de pouvoir obtenir un poste. Quand ils s’expatrient pour enrichir leur cursus, ils trouvent à l’étranger de meilleurs salaires, un vrai statut, des débouchés. Un jeune sur cinq ne reviendra pas !

Et, même si la recherche est un métier de passion qui fait toujours rêver, on observe une désaffection des filières scientifiques, très inquiétante pour le renouvellement des générations. Un phénomène d’autant plus préoccupant que la France ne semble pas assez compétitive pour attirer les meilleurs étrangers.

Le financement des post-doctorants : un défi pour l’avenir de la recherche

Faute de fonds publics, le financement des post-doctorants est assuré en grande partie (25 % à 50 % suivant les secteurs de recherche) par des associations et fondations. Jusqu’à présent, les aides de ces organismes prenaient la forme d’une libéralité (bourse). Dans la lignée d’une directive européenne, les libéralités doivent disparaître à la fin de cette année, pour laisser place à des salaires à part entière, dans le cadre de contrats à durée déterminée (CDD).

Cette mesure, qui représente un vrai progrès social pour les post-doctorants, pourrait se traduire dans les faits par une baisse de moitié du nombre de postes que pourront financer les organismes caritatifs ; aucune enveloppe budgétaire n’ayant été prévue par le ministère pour la prise en charge des charges sociales et patronales.

L’action de la FRM : soutien financier, rencontre avec les pouvoirs publics et campagne de mobilisation

Le soutien financier de la Fondation pour la Recherche Médicale aux jeunes chercheurs est depuis plusieurs années une priorité. En 2007, elle a mis en place une programmation d’envergure pour soutenir les jeunes chercheurs. Elle y consacre au total 7,5 millions d’euros.

En parallèle, avec d’autres associations et fondations investies dans le secteur de la recherche médicale, la FRM demande au ministère de la recherche de prendre des mesures favorisant l’emploi des post-doctorants, à commencer par une exonération ou au moins un allégement de charges.

Par ailleurs, considérant que la situation des jeunes chercheurs reste trop méconnue du grand public et qu’il est essentiel de lui en révéler l’urgence, la FRM a souhaité lancer une grande opération de mobilisation pour l’avenir de la recherche médicale française. Campagne publicitaire sur tous les médias, Manifeste de soutien, prises de parole… jusqu’au début de l’année 2008, la FRM multipliera les actions médiatiques pour faire passer son message.

Dès le 25 septembre, le « Manifeste pour l’avenir de la recherche médicale » a été lancé par la FRM. Il circulera partout en France et peut être consulté dès maintenant sur le site www.agirpourlarecherche.org, les blogs et les sites internet partenaires de l’opération.

A l’instar de l’Appel national lancé par 130 chercheurs à sa création il y a 60 ans, la FRM a rassemblé à la Tour Eiffel pour signer ce Manifeste les plus grands chercheurs français, parmi lesquels : les Professeurs Yves AGID, Jean-François BACH, Alain FISCHER, Alain PROCHIANTZ, Philippe SANSONETTI… De nombreuses personnalités ont également signé l’Appel : Thierry LHERMITTE, parrain de la FRM, Line RENAUD, Richard BERRY, Jane BIRKIN, Bernard GIRAUDEAU, Marlène JOBERT, Marie-Sophie L, Dominique LAVANANT…

Déjà 60 ans d’actions, une belle maturité et toujours de nouveaux projets !

La Fondation pour la Recherche Médicale fête cette année son 60ème anniversaire. Fidèle à sa mission de financement dans l’ensemble des domaines de la recherche médicale, elle donne la priorité à l’innovation et aux jeunes chercheurs, tout en privilégiant les secteurs délaissés ou correspondant à de grands enjeux de santé publique.

La FRM se positionne ainsi comme un véritable « aiguillon » de la recherche médicale française. Grâce aux dons qu’elle collecte auprès du public et des entreprises, la Fondation pour la Recherche Médicale soutient, en moyenne, chaque année, 700 programmes de recherche.

60 ans n’est donc certainement pas l’âge de la retraite pour la Fondation ; mais, bien celui de la maturité ! Bien enracinée, la FRM est prête à faire naître de nouveaux projets, toujours plus ambitieux. Elle s’est ainsi fixé quatre grandes priorités pour les prochaines années :
- la poursuite de l’aide aux jeunes chercheurs travaillant sur des projets originaux (thèses, stages post-doctoraux) et l’encouragement à la pluridisciplinarité ;
- l’optimisation de l’utilisation de plates-formes de haute technologie, en soutenant l’achat d’équipements mutualisés par plusieurs équipes, et en finançant des postes d’ingénieurs dédiés ;
- l’identification et l’encouragement de secteurs de recherche insuffisamment développés par rapport aux nouveaux besoins de santé publique…