Septembre 2008 - n°135
Le CeeD, Centre Européen d'Etude du Diabète
Devant la progression inquiétante du diabète
dans le monde et les estimations tout aussi alarmantes de l'OMS (Organisation
Mondiale de la Santé) pour les années à venir, le CeeD
s'est fixé pour mission d'améliorer la prévention et
le traitement de ce problème majeur de santé publique.
Implanté à Strasbourg au coeur de l'Alsace, le Centre européen
d'étude du Diabète (CeeD) est une association à but non
lucratif, reconnue d'utilité publique depuis 2001. 25 personnes y collaborent
aujourd'hui, au sein d'un bâtiment de 2350 m2. Nous vous invitons à
entrer dans ses locaux, érigés il y a quatre ans sur le site
de l'hôpital de Hautepierre...
Un positionnement clé, au coeur de la
région Alsace
Le Centre européen d'étude du Diabète a vu le jour à
Strasbourg (67), à l'initiative du professeur Michel PINGET. M. PINGET,
chef du service d'endocrinologie et des maladies de la nutrition aux HUS (Hôpitaux
Universitaires de Strasbourg), est à l'origine de la première
implantation française d’une pompe à insuline à
débit programmable, en 1989. Son objectif, en créant le CeeD,
était de favoriser toutes les initiatives visant à améliorer
la prévention et le traitement du diabète et de ses complications,
autour des partenaires nationaux et internationaux.
Le choix de Strasbourg a été motivé par la notoriété
de l'Alsace dans le domaine de la science et de la médecine. « Notre
région a en effet été dès le 19ème siècle
le territoire de grandes avancées », explique Marion WETZEL,
chargée de communication pour le CeeD. « C'est à
Strasbourg par exemple que Minkowski a découvert l'origine pancréatique
du diabète ; c’est encore ici que l'insuline a été
fabriquée pour la première fois en 1923, permettant de traiter
pour la première fois un enfant diabétique en Europe... »
Centre Collaborateur de l'Organisation Mondiale pour la Santé depuis
1996, le CeeD a bénéficié la même année
d'un financement européen, tout en lançant les campagnes « Vaincre
le diabète » et « 100 000 sucres contre le diabète
» pour collecter des fonds. Trois ans plus tard, grâce à
ces dons, le Centre a pu, d’une part engager la construction de ses
propres installations sur le site de l’Hôpital de Hautepierre
et, d’autre part créer une antenne locale à Izel-lez-Hameau
dans le Nord Pas de Calais. C’est également en 1999 qu'une autre
première médicale a lieu en Alsace dans le cadre du programme
GRAGIL : une transplantation d’îlots de Langerhans (cellules productrices
d’insuline) chez un patient diabétique de 52 ans.
En 2005, l’équipe du CeeD, représentée par le Professeur
Laurence KESSLER, reçoit la victoire de la médecine dans la
catégorie endocrinologie, en collaboration avec les centres de Lille,
Grenoble et les HUS de Strasbourg, pour son travail mené sur la transplantation
d’îlots pancréatiques. En 2006, est initié le projet
de création d’un Centre d’isolement d’îlots
pancréatiques humains à Strasbourg, financé à
hauteur de 225 000 € par le groupe Arpège...
Des infrastructures de pointe et une équipe
entièrement dévouée à la lutte contre le diabète
Le CeeD s’est considérablement développé depuis
cinq ans grâce à la construction de son nouveau bâtiment.
Son laboratoire de recherche est passé de 5 collaborateurs en 2003
à plus de 15 aujourd'hui. Chercheurs, ingénieurs, médecins,
techniciens, post doctorants, étudiants en thèse, stagiaires...,
le Centre réunit désormais 25 salariés.
Implantées sur le site de l'hôpital de Hautepierre, les installations
du CeeD s'étendent sur une surface totale de 2350 m2. Elles hébergent
notamment une animalerie de 200 m2 et un laboratoire de recherche de 600 m2,
avec deux salles blanches, un département histologie (coupe cryostat
et microtome) et un département culture cellulaire, une unité
de biochimie (test ELISA, analyse protéique)et une de biologie moléculaire
(Q-PCR, western blotting, electrophorèse bidimentionnelle...).
Un amphithéâtre de 150 places accueille des sessions d'enseignement,
de formation et d'information, tandis que divers autres espaces facilitent
le développement de projets collaboratifs.
La création de ce Centre a été possible grâce au
soutien des collectivités territoriales - le Conseil Régional
d'Alsace, le Conseil Général du Bas-Rhin, le Conseil Général
du Haut-Rhin, la Communauté Urbaine de Strasbourg -, mais aussi des
autorités scientifiques et universitaires régionales (HUS, ULP,
INSERM, CNRS…) et de grands groupes pharmaceutiques et d'institutions
de santé.
Une recherche applicable à l'Homme à
court terme
Structure originale de recherche, le CeeD réunit médecins et
chercheurs pour une recherche applicable à l'Homme à court terme.
Ses activités s'organisent autour de trois pôles :
* l'information et la formation, à destination des
professionnels de santé comme du grand public, à l'échelle
nationale et internationale. Le CeeD participe ainsi à l'organisation
de congrès et de séances de formation et de sensibilisation,
à l'animation de réseaux de soins, à des actions de dépistage,
ou encore, des expositions itinérantes...
Le Centre accueille par ailleurs dans ses locaux deux structures d'information
et de formation : RésoDiab67, réseau de prise en charge globale
du patient diabétique type 2 dans le département du Bas-Rhin
(Resodiab67@wanadoo.fr) et ASDIA (www.asdia.fr ), prestataire de services
spécialisé dans la fourniture de pompes à insuline, dont
l'intégrité des bénéfices est reversée
à la recherche, et avec qui le CeeD a fusionné en 2006.
* la recherche épidémiologique, pour évaluer
la progression du diabète dans différentes populations, en particulier
en Europe, Asie et Amérique. Centre collaborateur de l'OMS, le CeeD
intervient ainsi comme un véritable observatoire mondial, et recherche
notamment les causes génétiques et environnementales du diabète.
* la recherche fondamentale et clinique, avec entre autres
thématiques :
- la greffe d'ilots de Langerhans, une approche thérapeutique du diabète
visant à greffer l'unité fonctionnelle de sécrétion
d'insuline permettant une restauration de la glycémie. Le laboratoire
travaille tout particulièrement sur la limitation de la réaction
immunologique de rejet et le développement de procédés
permettant d'optimiser la viabilité des ilots transplantés.
- le pancréas bioartificiel, autrement dit l'encapsulation d'ilots
de Langerhans dans des modules perméables au glucose et à l'insuline,
et imperméables aux molécules impliquées dans le rejet.
Le CeeD est coordinateur d'un projet européen, regroupant 18 équipes
de sept nationalités différentes, dans le développement
d'un pancréas bioartificiel (BARP, BioARtificial Pancreas), implantable
dans un premier temps sur le gros animal et validable à plus ou moins
long terme chez l'Homme.
- l'insuline orale et, plus précisément, la mise au point d'un
nouveau mode d'administration d'insuline : l'insuline encapsulée. Cette
étude est réalisée en partenariat avec le CNRS de l'Institut
Charles Sadron et reçoit le soutien du Conseil Régional d'Alsace.
Le CeeD travaille par ailleurs en étroite collaboration avec d'autres
structures impliquées dans la recherche et la prise en charge des diabétiques,
notamment en France avec l'Université Louis Pasteur (ULP) et la faculté
de pharmacie de Strasbourg, l'Inserm, les Hôpitaux Universitaires de
Strasbourg, AERIAL, le Centre de Transfert et de Technologie du Mans, l'Institut
des Vaisseaux et du Sang à Paris...
« Au niveau international, les projets européens développés
par le Centre depuis de nombreuses années nous ont permis d’instaurer
des collaborations avec des équipes de recherche et des sociétés
en Belgique, en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Italie, en Roumanie,
en Angleterre… », ajoute Mme WETZEL.
Au coeur des objectifs du CeeD : développer un nouveau concept d’administration
par voie orale d’insuline, optimiser l’implantation des îlots
dans le traitement du diabète de type 1, et déterminer le rôle
des anti-oxydants dans la prévention du diabète et de ses complications.
Le CeeD entend par ailleurs faire l'acquisition d'un nouvel autoclave et d’un
congélateur -80°C, tout en recrutant, dans le cadre d'un projet
collaboratif avec le Canada, un technicien formé à l'expérimentation
animale.
S. DENIS