Mars 2006 - n°108
HAMILTON : l’innovation des automates de transfert de liquides
Depuis maintenant plus de 10 ans, beaucoup de sociétés
se sont équipées en automates de transfert de liquides afin
d’augmenter la productivité et la sécurité des
laboratoires de recherche et de contrôle qualité dans le domaine
de la pharmacie et des biotechnologies. La Gazette du laboratoire a interviewé
Monsieur Chancel Gérard, directeur de HAMILTON France, au sujet des
innovations en matière de manipulations automatisées de liquides.
HAMILTON est un des acteurs principaux dans ce secteur.
LA GAZETTE DU LABORATOIRE : Le marché s’oriente
de plus en plus vers les automates de manipulation de liquide. Comment voyez-vous
l’avenir de la robotique de laboratoire?
GÉRARD CHANCEL : Le marché de la robotique
de laboratoire a débuté en 1984 en France. À l‘époque
nous avions essayé de reproduire les gestes de la main de l’homme
dans les activités quotidiennes du laboratoire. Maintenant, la majorité
des automates de laboratoire est orientée vers la manipulation de liquides.
La demande dans ce secteur est en constante croissance depuis une bonne dizaine
d’années et des études récentes montrent que les
besoins vont doubler dans les 5 ans. De ce fait, les plus importantes innovations
sont dans ce domaine. Les besoins viennent des laboratoires de biotech académiques
ou privés, des institutions gouvernementales comme les laboratoires
de génotypage d’ADN pour la criminalistique ou l’industrie
pharmaceutique.
De nombreuses et nouvelles applications sont développées quotidiennement.
LA GAZETTE DU LABORATOIRE : Quelles sont les raisons de cette
évolution ?
GÉRARD CHANCEL : Les sociétés que nous
côtoyons sont en perpétuelle évolution, ce qui se traduit
évidement par des créations innovantes pour répondre
aux besoins. Ceux qui n’ont pas la capacité de suivre cette évolution
sont voués à la disparition. La complexité et l’éventail
des applications augmentent sans cesse. Il faut donc parler technologie, car
c’est l’avenir pour les laboratoires qui utilisent ces automates.
LA GAZETTE DU LABORATOIRE : Qu’entendez-vous par technologie
? En quoi la technologie du « Liquid Handling » change-t-elle
?
GÉRARD CHANCEL : Hamilton a introduit une nouvelle
technologie avec l’arrivée sur le marché du Microlab®
STAR en 2001. Il s’agit essentiellement de la traçabilité
du transfert d’un liquide. Quoi de plus sécurisant pour le chercheur
que d’avoir la certitude que le résultat obtenu n’est pas
altéré par un défaut de transfert de liquide dans le
puits réactionnel ? Maintenant que nous maîtrisons cette traçabilité,
nous poursuivons nos efforts pour apporter de plus en plus de flexibilité
et de sécurité. Nous étendons notre savoir-faire en introduisant
le nano pipetage et le contrôle dynamique des liquides dans la pipette.
LA GAZETTE DU LABORATOIRE : Le nano pipetage n’est
pas vraiment une innovation, cela existe depuis un certain temps. Parlez-nous
plus en détail de ce que vous apportez en plus.
GÉRARD CHANCEL : Aujourd’hui, avec le même automate
de transfert de liquide, nous couvrons la gamme de 50 nl à 1 ml. Nous
avons combiné toutes les fonctionnalités dans le même
instrument, 1 à 12 pipettes, tête 96/384, nano pipetage.
Imaginez : avec la technologie de HAMILTON, nous assurons la traçabilité
par canal, en temps réel, du pipetage de très faibles volumes
; nous gérons la viscosité en dynamique sans classe de liquide
; nous réduisons les coûts et le temps de manipulation en éliminant
les dilutions intermédiaires et enfin, nous réalisons des mélanges
de 1 536 nano gouttes sur une plaque sans puits. Il faut aussi parler du contrôle
dynamique des liquides dans les pipettes. Cette nouvelle technologie (ADC)
permet de distribuer avec une excellente précision des solvants organiques
volatiles, comme de l’éther éthylique, en éliminant
le phénomène de goutte pendant le transfert.
LA GAZETTE DU LABORATOIRE : Faceà toute cette innovation,
où voyez-vous le défi d’HAMILTON ?
GÉRARD CHANCEL : Notre défi est de proposer
des solutions adaptées aux besoins des laboratoires, en perpétuelle
évolution, en combinant les coûts de l’analyse et les nouvelles
technologies. Quand un client décide d’investir dans un automate
de laboratoire, il attend une solution sur mesure parfaitement adaptée
à son besoin. En même temps, les budgets sont de plus en plus
limités. Généralement les solutions sur mesure sont toujours
onéreuses parce que les matériels et logiciels sont développés
pour un projet unique.
LA GAZETTE DU LABORATOIRE : Voulez-vous dire que vous faites
du sur mesure avec du Standard au prix du Standard?
GÉRARD CHANCEL : Exactement ! avec la nouvelle gamme
de Microlab® STAR, nous avons combiné des solutions sur mesure
avec du matériel standard. Quelques exemples : à partir de l’automate
de base STAR nous avons créé, le Microlab® STARlet compact
et la plateforme d’intégration STARplus, la plus grande plateforme
standard du marché dans un minimum de place. En même temps nous
avons intégré la vision dans le bras, principalement pour les
applications de « colony picking » ainsi qu’une multitude
de configurations avec un deuxième bras. Cette année nous augmentons
les solutions sur mesure en intégrant dans le même instrument,
la nano technologie et une tête 384. Une multitude de configurations
est équivalenteà du sur mesure.
LA GAZETTE DU LABORATOIRE : Doit-on comprendre que c’est
la fin des matériels standard tels qu’ils sont définis
actuellement ?
GÉRARD CHANCEL : Non, pas du tout. Il existe et existera
longtemps un marché pour des applications standard comme celles utilisant
les kits commerciaux de réactifs. Par exemple, Hamilton vient de développer
un système de clonage « Gateway » et une solution de préparation
d’échantillons Affymetrix, sans compter toutes les applications
traditionnelles dans la purification d’acides nucléiques, le
setup de PCR, etc.…
LA GAZETTE DU LABORATOIRE : Concrètement quels sont
les avantages des applications sur mesure ?
GÉRARD CHANCEL : HAMILTON a créé un
important centre de compétence au cœur de l’Europe, en Suisse,
qui est à l’écoute des besoins et collabore avec nos clients
et les équipes de terrain en Europe, en Chine et aux USA. C’est
comme cela que l’application PAMPA a été développée
récemment. Toute cette organisation permet de définir et de
développer la bonne taille des plateformes, les meilleurs types de
système de pipetage, les solutions optimisées de manipulation
de microplaques et tous les petits modules intégrés à
la plateforme pour répondre aux protocoles de l’utilisateur.
Il est même parfois difficile de gérer les idées qui fusent
de toute part. Le choix de la modularité est tout simplement défini
en fonction du besoin : analyse du rendement souhaité, du type de l’échantillon
et de son contenant ou encore du degré d’automatisation envisagé.
Le nombre de combinaisons possibles se chiffre par centaines, ce qui permet
de couvrir la plus grande majorité des besoins avec du matériel
standard. Le but est de conserver des prix bas pour des solutions sur mesure.
LA GAZETTE DU LABORATOIRE : Tout le monde sait que des solutions
sur mesures sont construites pour répondre à un besoin précis
et unique. Que se passe t-il si le client veux évoluer dans son protocole,
voire changer complètement d’application ?
GÉRARD CHANCEL : C’est justement notre force.
L’aspect modulaire permet de reconfigurer partiellement ou en totalité
la plateforme. Nous avons voulu offrir un concept qui permet de faire évoluer
toute sorte d’application pour s’adapter au besoin. C’est
fini le temps où l’utilisateur devait adapter ses protocoles
à la machine. Nous pensons que c’est la machine qui doit servir
l’utilisateur. Certes, il peut y avoir des opérations impossibles
ou trop onéreuses à réaliser avec un automate, mais l’éventail
des modules existants ou faciles à créer permet de répondre
quasiment à toutes les demandes. Si le rendement augmente, il est possible
d’augmenter le nombre de pipettes, d’empiler des plaques et des
cônes dans la même plateforme, mais aussi d’augmenter la
taille de la plateforme elle-même. À partir d’un investissement
minimum avec un Microlab® STARlet 4 pipettes il est possible, sur site,
de doubler la surface de travail en ajoutant une extension pour en faire un
STARplus, mais aussi d’installer 16 pipettes et/ou un deuxième
bras et/ou une tête 96 et/ou etc…
LA GAZETTE DU LABORATOIRE : Cela laisse supposer que, dans
ce cas, le logiciel qui contrôle cette plateforme est très complexe
et également fait sur mesure ou tout au moins, que des extensions lourdes
doivent être installées ?
GÉRARD CHANCEL : Toutes ses extensions multiples sont
réalisées avec le même logiciel. Toutes les fonctionnalités
existent dans le logiciel VECTOR livré avec la machine. Bien évidemment,
si l’extension consiste à intégrer un instrument d’une
société tierce qui n’a pas encore fait l’objet d’une
intégration, il faudra fabriquer une interface informatique qu’on
appelle « driver » de pilotage. L’importance du logiciel
est de plus en plus grande dans des applications de plus en plus complexes
avec de plus en plus de flexibilité. C’est pourquoi nous avons
développé 3 niveaux de complexité. Savez-vous qu’un
utilisateur, sans grande expérience, peut faire des dilutions en cascades
avec un plan de plaque complexe en une ligne de programmation et ce quel que
soit le nombre ou la position des plaques dans la plateforme ! Nous avons
aussi introduit un planificateur dynamique qui permet de gérer des
périphériques, d’optimiser le contrôle
de plusieurs applications lancées en parallèle, de modifier
toute opération non exécutée et même d’insérer
ou d’éliminer des échantillons sans arrêter le processus
en cours. Ce module intégrable dans le logiciel VECTOR devient fort
utile pour gérer des applications complexes de synthèse de composés
qui sont développées dans les grands laboratoires pharmaceutiques.
LA GAZETTE DU LABORATOIRE : Pour conclure, comment voyez-vous
le laboratoire du futur ?
GÉRARD CHANCEL : Les laboratoires en Biotechnologies
génèrent de plus en plus de bonnes idées et trouvent
des financements pour monter en puissance. Cela se traduit pour nous, dans
le domaine de l’automatisation de laboratoire, par une multitude de
projets de petite ou moyenne taille aussi divers que variés. Les industries
pharmaceutiques sont également de plus en plus demandeuses d’applications
personnalisées. Notre objectif pour le futur, chez HAMILTON, est clair
: nous voulons montrer que nous sommes LE spécialiste de la manipulation
de liquide. Avec la ligne de produit des Microlab® STAR, la division Life
Science Robotics d’HAMILTON est bien placée pour atteindre ce
but. Toutes ces nouvelles innovations, utilisant les hautes technologies les
plus récentes, prouvent notre volonté de fournir aux laboratoires
les solutions les mieux adaptées à la demande avec comme mot
clé « la diversité du besoin ». Nous continuons
à investir dans la recherche et le développement de nouvelles
plateformes. D’autre part, nous recrutons actuellement pour faire face
au développement de nos activités.