Avril 1998 - n°27

LA PROTECTION DES OPERATEURS EN LABORATOIRE DE CHIMIE

ERLAB DFS SA / Mme I. DEGANO

Le laboratoire de chimie est un espace de travail où sont utilisés une grande variété de produits chimiques. Tous présentent des risques pour la santé des laborantins à des degrés divers ; c'est la raison pour laquelle on utilise généralement des enceintes de

protection ventilées (sorbonnes) pour les expériences mettant en oeuvre des volumes importants de produits chimiques dont la toxicité est bien connue.

Par contre, nombre de manipulations de courte durée mettant en oeuvre des quantités limitées de produits chimiques sont effectuées sur la paillaisse, le plus souvent sans protection ou parfois sous une simple hotte sans enceinte, qui ne recueille qu'une faible

partie des évaporations. Pourquoi ? tout simplement parce que l'on a tendance à mini-miser le risque sur la santé et que, de toute façon, on ne dispose pas de sorbonnes en nombre suffisant dans le laboratoire. Cependant, toutes ces petites quantités de produits chimiques sont inhalées régulièrement par le personnel et le vrai risque se situe à long terme, souvent plusieurs années, comparable sur ce point au risque insidieux qui

menace les fumeurs.

Certes, il existe des informations sur les limites de concentration à ne pas dépasser sur le lieu de travail pour un grand nombre de produits chimiques (VME = Valeurs Moyennes d'Exposition, publiées par l'Institut National de Recherche sur la Sécurité - INRS), et il est possible que dans de nombreux cas, ces valeurs individuelles de concentration ne soient pas dépassées sur le lieu de travail. En fait, la véritable inconnue provient de ces

produits dans l'air du laboratoire, car personne ne peut connaître le risque présenté par ce mélange.

Le vrai danger : la routine !

Les risques pevent donc apparaître à long terme et ils peuvent être graves : asthme chronique, oedème, risque tératogène, et bien d'autres effets peuvent surgir à la suite de nombreuses années de travail en laboratoire, selon le degré de sensibilité de chacun.

La routine des manipulations en petites quantités de produits chimiques, l'accoutumance aux odeurs qu'elles génèrent, leur caractère apparemment inoffensif, font oublier ces risques aux laborantins.

La solution au moyen des hottes à filtration de type ETRAF

Multiplier le nombre de sorbonnes est pratiquement impossible, car il faut mettre en oeuvre des techniques de ventilation lourdes et coûteuses qui ne se justifient pas. Se contenter de petits capteurs (type "boa") que l'on place au dessus de la manipulation ne résoud rien : on sait aujourd'hui qu'il faut impérativement confiner les vapeurs de produits chimiques dans une enceinte efficace et toutes les nouvelles normes sur le sujet

(NFX 15210, XPX15203, NFX 12511) déterminent des conditions de confinement extrêmement strictes, auxquelles les simples hottes sans enceinte ou munies d'une enceinte très sommaire ne peuvent répondre !

Il existe en fait une solution efficace et souple à mettre en oeuvre avec les hottes à filtrations ETRAF (Enceintes pour Toxiques à Recyclage d'Air Filtré).

Les avantages des ETRAF

Tout d'abord, elles ne nécessitent pas de raccordement à un conduit d'évacuation. Elles s'installent donc immédiatement, sans coût d'installation, à n'importe quel endroit du laboratoire sur la paillaisse, là où le laborantin a l'habitude de travailler.

Ensuite, comme elles sont équipées de filtres moléculaires, l'air filtré est directement recyclé dans la pièce. Elles ne consomment donc pas d'air, ce qui permet d'en installer autant qu'on le désire dans un laboratoire. Elles ne rejettent pas d'air chauffé ou conditionné à l'extérieur, ce qui permet de faire des économies importantes d'énergie, et elles évitent toute pollution externe au laboratoire.

Associées à l'utilisation des sorbonnes, qui restent nécessaires pour les grosses manipulations pour les produits qui ne seraient pas retenus sur un tamis moléculaire, elles complètent harmonieusement et efficacement la protection chimique dans le laboratoire.

Ce que vous devez savoir avant d'acheter une ETRAF

Deux précautions très importantes à prendre vis à vis des ETRAF :

1- vérifier la conformité du produit par rapport à l'utilisation

2- vérifier que l'appareil est conforme à la norme française NFX 15211 sur les ETRAF.

Tout d'abord, il faut s'assurer, avec le distributeur ou le fabricant, que l'ETRAF répond bien à l'utilisation prévue : si les ETRAF sont capables de retenir la majorité des produits chimiques, il en existe un certain nombre qui ne sont pas retenus ou qui ne sont pas détectables. D'autre part, il faut aussi vérifier que la durée de vie du filtre sera suffisamment longue (au moins 6 mois, de préférence 1 an). Cela nécessite une étude d'application préalable bien effectuée. Ensuite, il faut s'assurer que l'ETRAF est efficace. Elle doit répondre aux exigences très strictes de la norme NFX 15211 et être contrôlée par un laboratoire de test officiel, tant en qualité de filtration qu'en qualité de confinement.

Un projet d'acquisition d'une hotte à filtration doit donc amener l'acquéreur à se poser les questions suivantes :

- quelle est l'efficacité de filtration de la hotte ?

Cette efficacité concerne la capacité du filtre à retenir les polluants manipulés dans l'enceinte. L'air étant ensuite recyclé dans la pièce, cette efficacité doit être parfaite. Selon la norme française, elle doit être telle que pas plus de 1% de la VME (Valeur Moyenne d'Exposition) du produit manipulé ne puisse être rejeté dans la pièce. Le fabricant doit produire des tests officiels prouvant l'efficacité de filtration et confirmant les quantités de produits retenues sur le filtre, quantités qu'il doit obligatoirement préciser dans un livret des produits chimiques utilisables dans son appareil. Il est déconseillé de se fier aux capacités de rétention exprimées en pourcentage du poids du filtre moléculaire, indiquées par certains fabricants ; ces quantités sont théoriques et admettent une saturation du filtre telle que l'efficacité de filtration aille jusqu'à 0% !! ce qui admet qu'une grande quantité de polluants puisse être rejetée dans la pièce.

- quelle est l'efficacité de confinement ?

Cette efficacité concerne la capacité de l'enceinte de travail à bien "contenir" les vapeurs de polluants manipulés afin qu'ils ne puissent être rejetés vers l'opérateur par l'ouverture en façade. Selon la norme française en vigueur (XPX 15203), au test au gaz traceur (SF6), le rejet doit se situer au maximum à 0,1 ppm pour la norme française et à 0,5 ppm pour la norme allemande.

Il ne faut donc pas confondre l'efficacité de confinement avec l'efficacité de filtration, les tests de confinement étant plus simples à passer que les tests de qualité de filtration.

- Quelle est l'efficacité de la vitesse d'air en façade ?

Elle constitue le dernier paramètre à mettre en oeuvre pour l'optimisation d'une hotte à filtration sans raccordement. La vitesse d'air en façade est proportionnelle à la qualité du confinement de l'enceinte. Selon le test au SF6 (gaz traceur), la présence de SF6 au niveau de l'ouverture d'entrée de la hotte ne doit pas dépasser 0,1 ppm.

Aujourd'hui, seule la norme française exige une vitesse d'entrée de l'air au travers de la porte de façade (position de travail) de 0,4 m/s minimum à 0,6 m/s maximum.

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