La légionellose : pourquoi et
comment l’éviter ?
Par Claire COUTURIER, chef du laboratoire SGS Multilab Environnement de l’Essonne
claire_couturier@sgs.com
et Philippe DUQUENNE, responsable du Service des Eaux Naturelles SGS Multilab
Environnement
philippe_duquenne@sgs.com
En juillet 1976, un congrès réunit 4500 anciens combattants
de la guerre du Vietnam à Philadelphie. Une épidémie d’infection
pulmonaire grave s’abat sur les congressistes. Conséquence : 180
cas au total dont 29 décès dans les 15 premiers jours. Quelques
mois plus tard, l’agent infectieux est isolé. La bactérie
sera baptisée Légionella pneumophila.
Qu’est ce que la légionellose ?
La légionellose est une infection grave qui entraîne des décès
dans 15 % des cas. Il existe actuellement 43 espèces de Legionella et
plus de 50 sérogroupes présents naturellement dans l’eau.
Toutefois, Legionella pneumophila sérogroupe 1 a été isolée
dans 80 % des cas de légionellose.
La legionella pneumophila est l’agent infectieux de la pathologie “
légionellose ” et peuple les systèmes de climatisation et
les réseaux d’eau chaude sanitaire.
On distingue deux tableaux cliniques pour la légionellose : l’un
bénin, la fièvre de Pontiac (syndrome pseudo-grippal sans pneumopathie,
à guérison spontanée sous 2 à 5 jours) et l’autre
pouvant entraîner la mort : la maladie du Légionnaire. Celle-ci
est caractérisée par une infection pulmonaire accompagnée
d’une toux et d’une forte fièvre. Sa transmission se fait
par voie aérienne ou par inhalation d’eau contaminée. Son
pronostic peut être redoutable chez les personnes âgées ou
immuno-déprimées.
Les sources de contamination
Depuis 1987, un réseau européen de surveillance de la légionellose
a identifié plus de 1000 cas survenus au cours de voyages. Parmi les
1600 lieux de résidence identifiés comme étant des lieux
potentiels de contamination, 200 ont été recensés en France.
La contamination de l’Homme se fait par transmission aérienne et
inhalation d’eau contaminée diffusée en aérosol.
Il n’existe pas de cas de transmission inter-humaine rapportée
; ce n’est pas une maladie contagieuse et le mode de transmission par
ingestion n’a pas été prouvé.
En 2000, 582 cas de légionellose ont été déclarés
en France, mais, de l’aveu des autorités sanitaires, cette pathologie
serait largement sous évaluée et atteindrait entre 1500 et 3000
personnes par an. Les sources potentielles de contamination par des légionelles
sont diverses. Pour la plupart, ce sont des sites hydriques artificiels liés
au confort dans les bâtiments, aux loisirs ou à des activités
industrielles, comme par exemple les circuits d’eau chaude sanitaires
(douches), les systèmes de climatisation et leurs tours aéro-réfrigérantes,
les bains bouillonnants (eau chaude > 30°C et agitée), les équipements
pour traitement respiratoire (aérosols), les fontaines décoratives,
les eaux thermales…
La légionellose peut également se développer dans les équipements
d’établissements climatisés, les hôtels, les campings,
les centres hospitaliers, les maisons de retraite ou encore les installations
sportives…
De la nécessité d’une expertise
concertée…
À une époque où les interactions entre l’environnement,
l’agriculture, l’industrie, la consommation et la santé font
la une de l’actualité, la concertation permanente entre experts
s’avère essentielle. Une concertation que le groupe SGS Multilab
a su mettre en œuvre et qu’il valorise aujourd’hui au quotidien
en apportant une réponse scientifique globale et pesée en matière
d’expertise, sur l’ensemble de ces secteurs.
Ainsi, les laboratoires SGS Multilab interviennent-ils, entre autres, sur la
totalité de la chaîne de prévention primaire de la légionellose
:
> Identification des sources potentielles de contamination
> Prélèvements :
- de l’eau, en respectant les conditions de stérilité
;
- des robinets et pommes de douche, par écouvillonnage ;
- atmosphériques par impaction sur milieu gélosé.
Les lieux de prélèvement résultent de l’analyse des
points critiques, c’est-à-dire les zones favorables à la
prolifération des bactéries ou à la dissémination
d’aérosols. Les prélèvements se font en flacons s
tériles d’un litre additionnés de thiosulfate de sodium
à 0,5 % (dans le cas où l’eau serait traitée par
un biocide oxydant)..
Les échantillons doivent être transportés dans les meilleurs
délais au laboratoire d’analyse. Si le temps entre le prélèvement
et le dépôt n’excède pas 6 heures, les échantillons
ne seront pas réfrigérés. Au-delà, ils doivent être
transportés dans un emballage réfrigéré et l’analyse
doit débuter dans les 24 heures après le prélèvement.
> Contrôle et suivi microbiologique
- recherche et dénombrement de l’agent selon la norme
AFNOR T90-431 ;
- recherche d’autres germes indicateurs de la dégradation de la
qualité bactériologique de l’eau.
La recherche de légionelles selon la norme AFNOR T90-431 (concentration
par filtration ou centrifugation) est lourde à mettre en œuvre et
le temps de réponse est long : 13 jours au minimum pour la confirmation
de légionella. La limite de détection est de 50 UFC/l (Unité
Formant Colonie) et cette norme, en cours de révision à l’AFNOR,
ne s’applique pas aux eaux fortement turbides ou très chargées
en flore interférente.
À noter qu’en parallèle, plusieurs méthodes faisant
appel à la biologie moléculaire sont expérimentées.
Il s’agit de la PCR, de la cytométrie de flux ou encore du ribotypage.
Depuis le 26 juin 2001, un groupe de travail créé par l’AFNOR
recense les méthodes rapides de détection de légionelles
pour développer et valider une technique qui puisse être utilisée
en routine dans les laboratoires. Dans ce sens, les experts des laboratoires
SGS multilab s’attachent à développer une méthode
PCR qui permettrait à leurs clients de disposer des résultats
plus rapidement.
> Contrôle et suivi des paramètres chimiques et physico-chimiques
des eaux de système
(études de corrosion, études d’entartrage…)
via des prestations de surveillance environnementale assurées par SGS
Multilab sur l’ensemble du territoire national. Le tout sous accréditation
COFRAC (dont les programmes 94, 100-1, 100-2, 100-3, 134, 144, 156) et agréments
des ministères de l’Environnement (1/2/3/4/5/8/9/10/11/12/13) –
2003 et de la Santé, au titre du contrôle sanitaire des eaux de
l’Essonne….