Février 2003 - n°75

L’AUDIT : l’exemple du secteur agro-alimentaire

Henri THEBAULT, secrétaire du Conseil Scientifique de l’ASPEC*
Tel : 01.44.74.67.00 / Fax : 01.44.74.67.10 / info@aspec.asso.fr / http://www.aspec.asso.fr

Pascal GARRY, Directeur du service Microbiologie et Hygiène, CTSCCV**
Tel : 01.43.68.57.85 / Fax : 01.43.76.07.20

L’audit est défini comme un processus systématique, indépendant et documenté en vue d’obtenir des preuves d’audit, autrement dit des enregistrements, des énoncés de faits et d’autres informations qui se rapportent à l’ensemble des politiques, procédures et exigences déterminées (appelés critères d’audit). L’audit évalue ces preuves de manière objective pour établir dans quelles mesures les critères d’audit sont satisfaits.

A noter que l’audit couvre les trois domaines d’activité : procédés, produits et organisation.
Il est fondé sur des principes qui garantissent son efficacité et sa fiabilité : déontologie, impartialité, conscience professionnelle, indépendance, approche fondée sur la preuve vérifiable.
Il a pour but essentiel d’évaluer le besoin d’actions d’amélioration ou de correction et ne doit pas être confondu avec les activités de surveillance ou de contrôle.

Précisons que les critères d’audit sont des dispositions préétablies internes à l’entreprise auxquelles s’ajoutent celles imposées contractuellement par le client ou par un tiers (réglementations, règles internes d’une branche d’activité…).
La norme ISO 9000 et ses normes dérivées peuvent servir d’éléments de référentiel pour conduire les audits. Les normes ISO 9000, générales d’application, sont de plus en plus complétées par d’autres textes de référence introduisant des spécificités à prendre en compte ; tel est le cas des normes séries 14644 et 14698, notamment très importantes dans le domaine de la maîtrise de la contamination. Des documents particuliers peuvent par ailleurs être associés à ces normes, à l’exemple de la méthodologie HACCP appliquée pour évaluer les risques de contamination dans l’industrie agro-alimentaire.
Les écarts observés lors d’un audit donnent lieu à des plans d’actions d’amélioration qui restent de la responsabilité de l’entreprise auditée. L’audit peut par ailleurs conduire à des reconnaissances de certification, d’homologation, d’accréditation, de qualification… délivrées par un organismes.

L’exemple de l’industrie charcutière

Afin de préserver la sécurité des consommateurs, les pouvoirs publics français, puis européens, ont établi des règlements pour que les professionnels de l’alimentation fabriquent des produits alimentaires sains dans de bonnes conditions d’hygiène. Dans un même temps, des vétérinaires ont été formés afin de vérifier sur le terrain que ces règlements sont correctement appliqués. Ils doivent s’assurer que l’outil de production est adapté pour produire des produits sains ; ce qui pouvait considéré, il y a encore peu de temps, comme un contrôle dont la conclusion était souvent ressentie comme une punition (ne parle-t-on pas de contrôle vétérinaire et d’inspecteur vétérinaire !).
Bien sûr, cette situation a évolué et les inspecteurs vétérinaires apportent de précieux conseils aux professionnels. Cependant, leur action se limite bien souvent à la réglementation et à l’hygiène générale, mais en aucun cas à une évaluation correcte de l’outil de production.

Pour de nombreux industriels, les premiers audits auxquels ils ont eu à répondre furent les audits de leurs clients (GMS, centrale d’achat…). Ces audits plus poussés que les contrôles de l’administration permettent de vérifier que les fabricants répondent bien aux cahiers des charges définis par leur client en matière de qualité des approvisionnements, de recette, de qualité globale des produits finis. Les auditeurs s’appliquent également à vérifier que les règles générales d’hygiène sont respectées et que des contrôles adaptés sont réalisés pour vérifier que les mesures appliquées sont efficaces (traitement thermique, réfrigération, nettoyage et désinfection…) afin de garantir la sécurité du consommateur.
Des organismes certificateurs (Certipaq, Certis, AFAQ-ACERT) réalisent, en parallèle, des audits dans le cadre de la délivrance de signe de qualité (Jambon NF, Label Rouge, Produit BIO…). Il s’agit là encore de vérifier le respect du cahier des charges, mais la vision globale de l’outil de production et de son exploitation n’est pas réalisée.
Ainsi pendant longtemps et jusqu’au début de l’année 2000, on s’est contenté d’une organisation centrée sur différents audits, formations à l’hygiène et autres conseils divers et variés.
Au début de l’année 2000, suite à la crise Listeria, les industriels sous l’égide de leur fédération ont décidé de mettre en place des audits Hygiène et Sécurité des Procédés où, pour la première fois, l’ensemble des facteurs impliqués dans la maîtrise de la sécurité alimentaire étaient passés en revue pour tous les professionnels.
Notons que l’auditeur doit, pour cela, posséder des compétences dans de nombreux domaines comme la conception d’usine, le process, la filtration de l’air, l’hygiène, la réglementation et la microbiologie. L’objectif de l’audit étant de réaliser, entre autres : l’évaluation de l’outil de production, des intrants, des procédures de nettoyage et désinfection, des manipulateurs, du procédé, des flux et de la maîtrise climatique. Cet audit qui se déroule sur plusieurs jours est un très bon moyen de progression pour le fabricant, d’autant plus qu’il est réalisé non pas dans un objectif de sanction, mais d’amélioration.

A vos agendas : une table-ronde consacrée à la procédure d’audit et son retour d’expérience sur le congrès CONTAMINEXPERT 2003

Concluons en précisant que, dans le cadre de la 8ème édition de CONTAMINEXPERT - qui se tiendra du 11 au 13 mars 2003 à l’Espace Champerret à Paris-, sera animée une table ronde, en collaboration avec l’AFAQ ***, sur le thème : " L’audit en salle propre : application de la procédure d’audit et son retour d’expérience ".

" L’audit en salles propres est une opération qui commence à être demandée par les industriels, alors même qu’on ne dispose pas encore d’un référentiel qui faciliterait sa mise en œuvre ", nous explique M. THEBAULT. Toutefois, des éléments de ce référentiel commencent à apparaître avec la sortie des normes de la série ISO 14644 et 14698. Les normes de la série ISO 9000 ainsi que les " Bonnes Pratiques de Fabrication " dans certaines industries sont également partiellement applicables.
La table ronde doit permettre de :
- montrer que l’audit en salle propre va devenir une nécessité dont on tirera profit ;
- suggérer ce que pourrait être dans ses grandes lignes le référentiel de cet audit ;
- faire état d’expériences où l’on a confronté « les activités et les résultats relatifs à la maîtrise de la contamination à des dispositions pré-établies « ; ces dispositions pré-établies pouvant intéresser le produit fabriqué ou l’activité, et des critères comme par exemple le comportement du personnel, le nettoyage, les biomesures, la métrologie…
Parmi les intervenants de cette table ronde : un auditeur spécialisé en agro-alimentaire, un directeur qualité, un spécialiste du risque dans le domaine de la santé, des intervenants représentant les différents acteurs impliqués dans chaque branche d’activités (centres de recherche, utilisateurs et clients) et toute personne active dans le domaine des salles propres. La table ronde, qui aura lieu le mardi 11 mars 2003 de 10h à 12h30, sera animée par Mme Chloé CHANEL, journaliste chargée de la communication de l’ASPEC ainsi que par les présidents de séance, M. Pascal PREVOST, Responsable du pôle Entreprises et Organismes de l’AFAQ et Henri THEBAULT, Secrétaire du Conseil Scientifique de l’ASPEC.

* ASPEC : ASsociation pour la Prévention et l’Etude de la Contamination
** CTSCCV : Centre Technique de la Salaison Charcuterie et Conserves de Viandes
*** AFAQ : Association Française pour l’Assurance de la Qualité

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