Mars 2003 - n°76
Le parcours des start-up en santé humaine
De l’euphorie à la consolidation !
Fondation Aventis – Institut de France
Aurélie de VARAX
A la fin des années 1990, les jeunes entreprises de biotechnologie
ont rapidement reçu le qualificatif de “ start-up ”. On
les associait comme telles à la multitude d’entreprises fondées
sur les nouvelles technologies qui gonflèrent la “ bulle ”
de la nouvelle économie jusqu’à la fin de l’année
2000.
Ce parallèle entre les deux secteurs s’est vite révélé
impropre : autant le retournement conjoncturel d’alors a emporté
de nombreuses entreprises de l’Internet, autant il a épargné
les biotechnologies qui ont continué à lever des fonds et à
se développer, au moins pour les plus prometteuses d’entre elles.
Un secteur porteur…
Les biotechnologies visent en effet des marchés durables qui viennent
justifier d’importants investissements en recherche et en développement,
sans retour immédiat. Si le processus de découverte de nouveaux
médicaments ou de nouvelles thérapies est un phénomène
long et coûteux pour des raisons de technicité et de sécurité,
les experts s’accordent toutefois pour accorder des perspectives de
croissance régulière aux biotechnologies. Comme le déclarait
Albert OLLIVIER, président de CDC-PME, dans La Lettre du Génopole
d’octobre 2002 : “ Contrairement à ce que
l’on observe dans d’autres domaines, les biotechnologies et les
sciences de la vie sont assurées de connaître une croissance
régulière, liée à l’évolution concomitante
et durable de deux éléments essentiels : l’allongement
de la durée de vie, partout dans le monde et, l’élévation
du niveau de vie dans les pays de l’hémisphère Sud ”.
Aujourd’hui, les jeunes entreprises de biotechnologie ont pleinement
pris leur place dans le secteur de la santé, même s’il
est encore précoce de leur attribuer une part de marché significative.
Elles anticipent des besoins thérapeutiques futurs en dessinant une
véritable répartition des rôles et une complémentarité
avec les “ Big Pharma ”. Gilles BRISSON, président
d’Aventis Pharma France le confirme : “ Nous estimons particulièrement
saine cette complémentarité que nous avions anticipée
chez AVENTIS depuis plusieurs années. Le dynamisme de ces jeunes entreprises
indépendantes apporte un sang neuf au processus certes efficace, mais
moins flexible, de la recherche pharmaceutique des grands laboratoires. Nous
sommes incontestablement appelés à multiplier les partenariats
avec les jeunes pousses biotech. ”
Des évolutions rapides :
Portées par des besoins thérapeutiques immenses et un marché
potentiel très vaste, les biotechnologies ont néanmoins été
affectées par un vaste mouvement de rationalisation du secteur que
l’évolution boursière et le flou des perspectives conjoncturelles
entretiennent incontestablement. Les levées de fonds sont aujourd’hui
plus difficiles et les “ business plan ” des jeunes entreprises
sont donc désormais analysés avec une exigence accrue.
Parallèlement à cette évolution, on a vu surgir un nombre
croissant d’intervenants dans le domaine, résolus à promouvoir
son essor. Les manifestations les plus marquantes ont été
observées sur le plan des mesures réglementaires et législatives
mises en œuvre par l’Etat pour encourager la création et
le développement des biotechnologies. Parmi ces mesures, on
peut citer : le Concours National d’Aide à la Création
d’entreprises innovantes, la loi sur l’innovation de 1999 dite
“ Claude Allègre ”, la création du statut de société
par action simplifiée, les avances remboursables de l’ANVAR,
la création des Fonds communs de placement à risque (FCPR) ou
pour l’innovation (FCPI)… Le projet de loi sur les Jeunes Entreprises
Innovantes annoncé par le Gouvernement, au mois de décembre
2002, s’inscrit également dans cette perspective ; son adoption
fera de la France une zone d’investissement extrêmement favorable.
Au-delà des mesures d’incitation juridique, fiscale ou
financière, on a assisté à une prise de conscience plus
diffuse, plus locale et plus complète. Les projets en santé
humaine, bien souvent portés par des chercheurs, nécessitent
en effet des accompagnements ciblés leur permettant de développer
leurs compétences managériales, de bénéficier
des fertilisations croisées issues de l’insertion dans des réseaux
divers (universitaires, industriels, institutionnels), de premières
structures de recherche et de laboratoires… C’est le phénomène
des incubateurs qui a pris son envol en France à la fin des années
90.
“ La mise en place de ces outils et mesures s’est traduite par
un développement important des créations d’entreprises
issues de la recherche académique. Pour le seul CNRS, plus de 50 start-up
ont été créées dans le secteur des sciences du
vivant ”, confirme Geneviève BERGER, Directrice Générale
du CNRS.
Ajoutons que l’Union Européenne n’est pas en reste
de ce vaste mouvement en faveur d’une mise en réseau des compétences
et des ressources. Comme le déclarait Philippe BUSQUIN, Commissaire
Européen à la Recherche, à l’occasion du Carrefour
Européen des Biotechnologies organisé à Lille en octobre
dernier : “ La génétique et la biotechnologie orientée
vers la santé sont des moteurs pour l’innovation et la création
de richesse en Europe. Elles sont prioritaires dans le sixième programme-cadre
et disposeront d’un budget total de 2,25 milliards d’euros. Les
petites entreprises seront encouragées à participer aux réseaux
et aux projets européens ”.
Une volonté clairement affirmée et des moyens intéressants
pour des perspectives de développement prometteuses ! A suivre….
SD