Mars 2004 - n°86
La stérilisation à air chaud à
180°C : le seul moyen efficace contre une contamination microbienne dans
les incubateurs à CO2
Angélique Naud de Binder GmbH
La culture des cellules et des tissus demande des conditions de travail absolument
stériles. Parmi les problèmes qui peuvent survenir lors de cultures
in vitro, il y a la contamination microbienne. D’importantes lignées
de cellules sont alors irréversiblement endommagées et des travaux
coûteux sont anéantis. Dans ce même contexte il faudrait
aussi poser un regard critique sur les incubateurs à culture de tissus
et de cellules. Les constructeurs de tels appareils proposent diverses techniques
dans le domaine de la décontamination des incubateurs à CO2.
D’importantes différences existent cependant entre ces divers
systèmes quant à leur efficacité. La seule méthode
fiable et le seul procédé conforme aux normes en vigueur pour
une décontamination efficace est la stérilisation à air
chaud.
Celle-ci est rarement disponible sur les incubateurs à CO2
habituels, elle l’est sur les incubateurs Binder, série CB.
Des consignes et normes de sécurité
de plus en plus strictes.
Les nouveaux domaines d’application, tels que la recherche sur le remplacement
cellulaire et tissulaire dans le domaine de la médecine régénérative,
ont largement contribué à une modification fondamentale des
exigences techniques auxquelles doivent répondre les incubateurs à
CO2. Outre les réglages extrêmement
précis des températures et de la régulation dynamique
du CO2 ((Distler, GIT Labor-Fachzeitschrift 7/2002
(1)), des aspects tels que l’absence des germes et un milieu stérile
de croissance dans des incubateurs à CO2 sont
de plus en plus importants. La condition pour un travail sécurisé
sur la base GLP/GMP conforme au processus de travail est un milieu de culture
stérile pour tous les travaux in vitro et en particulier en ce qui
concerne la manipulation de cellules humaines.
Des mesures d’hygiène maximales réduisent considérablement
les risques et contribuent à la sécurité du processus.
Dans le domaine de la médecine régénérative, ce
n’est pas seulement le scientifique qui profite de ces mesures mais
plus particulièrement le patient directement concerné (par exemple
dans la multiplication de cellules cartilagineuses). Dans le cas de culture
de matériel cellulaire humain, les mêmes consignes de sécurité
que pour la manipulation de préparations sanguines sont à respecter,
afin d’éviter tout risque de contamination (hépatite,
HIV, etc)
De la simple désinfection à la
méthode de stérilisation à 180°C à air chaud
fiable et conforme aux normes éprouvées.
Aujourd’hui le marché des incubateurs à CO2
offre une solution adaptée à toutes les demandes relatives
à la qualité de culture et à la sécurité
des processus (stérilité du milieu de culture) : la gamme des
produits proposés va de l’appareil le plus simple sans aucun
dispositif de prévention de contaminations, voire sans aucune possibilité
d’élimination des germes jusqu'aux incubateurs de haute technologie
qui permettent une stérilisation conforme aux normes par air chaud
à 180°C. Entre les deux extrêmes il existe des compromis
technologiques. En ce qui concerne leur efficacité, ces procédés
qu’il s’agit d’appeler des méthodes de désinfection,
fonctionnent sur des principes divers. Hormis leur principe de fonctionnement,
l’efficacité de ces procédés est aussi très
variable. La réduction des germes par désinfection n’est
pas comparable avec la technique complexe mise en œuvre dans la stérilisation
à air chaud à 180°C. C’est le seul procédé
fiable défini par la norme DIN 58947(2) et reconnu sur le plan international
pour une décontamination efficace conforme aux normes.
Une simple désinfection est-elle suffisante
pour sécuriser les procédés de culture ?
Les méthodes les plus répandues de désinfection ou les
mesures préventives contre une contamination microbienne des incubateurs
à CO2 sont l’irradiation par UV, le
recyclage permanent de l’air par filtre HEPA et la désinfection
à air chaud humide. Les métaux comme le cuivre ou des alliages
contenant du cuivre ont un effet bactéricide supplémentaire.
Il existe évidement une corrélation entre la sécurité
des procédés, c’est à dire le risque de contamination
de l’incubateur à CO2 et le degré
d’efficacité de la méthode de décontamination intégré
à l’appareil. Pour les incubateurs à CO2
simples n’ayant pas de dispositif de prévention, le risque de
contamination est le plus important. En cas de contamination par des germes
susceptibles de produire des spores, cela peut dans des cas extrêmes
signifier le remplacement de l’incubateur.
Des directives très strictes pour la
stérilisation thermique conformément à la norme DIN 58947
Les systèmes qui intègrent les méthodes de désinfection
par irradiation UV, par recyclage d’air avec filtration permanente HEPA
ou la désinfection par chaleur humide assurent une sécurité
très limitée. D’après les directives très
strictes de la norme DIN 58947 partie 3 ou du Bundesgesundheitsblatt 22, n°10(3),
concernant la stérilisation thermique, ces méthodes ne sont
pas suffisantes. L’irradiation par rayons UV mutagènes n’est,
par exemple, pas homogène dans tout l’incubateur. De même
pour les incubateurs avec filtres HEPA, il n’est pas exclu que des contaminations
se développent dans des zones de l’incubateur non accessibles
par cette méthode. Les causes en sont le vieillissement rapide des
matériaux filtrants et un entretien des filtres souvent mal effectué
car coûteux et long. Une désinfection à 90°C et à
hygrométrie élevée n’offre également qu’une
sécurité limitée et ne présente donc qu’une
solution de compromis. On peut trouver ce procédé sur le marché
sous le nom trompeur de " stérilisation douce ". Cette méthode
visant à réduire les germes est basée sur l’action
thermique de la chaleur humide à environ 90°C pendant plusieurs
heures.
Résultat d’une étude menée
par un organisme indépendant : effets limités de la désinfection
à 90°C / chaleur humide.
Une étude comparée a été menée dans un
laboratoire de contrôle neutre de renommée internationale et
accrédité bénéficiant de la norme ISO/IEC 17025.
Il s’agit d’une étude comparée de deux incubateurs,
l’un à stérilisation par air chaud à 180°C
(Binder CB, schéma 1 et 2), l’autre un incubateur à CO2
avec décontamination à 90°C. Le but de cette étude
était de démontrer les performances qualitatives et quantitatives
des deux procédés de décontamination dans les mêmes
conditions d’essais. Les incubateurs à CO2
ont été contaminés de façon systématique
et reproductible avec un nombre défini de germes de tests à
des endroits comparables des incubateurs, à savoir les parois intérieures
haute et basse, la porte intérieure et les parois latérales.
Des germes végétaux ainsi que des spores issus de germes sporifères
(voir tab. 1) standardisés, utilisés habituellement pour des
tests microbiologiques des appareils médicaux et des autoclaves, ont
été employés comme germes tests. Ces derniers ont été
appliqués sous forme d’amas de spores, mais aussi individuellement
pour contrôle. Conformément aux instructions données par
les constructeurs, les incubateurs à CO2 ont
été soumis au procédé de décontamination.
Pour l’incubateur à CO2 de Binder, série
CB, la stérilisation à 180°C est d’une heure, pour
le modèle concurrent l’exposition à 90°C / chaleur
humide est de 9 heures. Ensuite, le degré de destruction a été
analysé par des prélèvements et mise en culture de tous
les germes tests. En tenant compte des tests de contrôle et des résultats
des tests répétés, la conclusion sur les performances
des deux procédés était claire et sans appel.
La conclusion ne surprend pas : les spores ne
peuvent pas être éliminés avec une désinfection
à 90°C /chaleur humide.
La conclusion de cette étude comparée était prévisible.
Le résultat d’une décontamination à 90°C/chaleur
humide était insuffisant. Des formes de germes végétatifs
ont certes été inactivées, en revanche les formes de
spores du genre de Bacillus subtilis et Bacillus stearothermophilus sensiblement
plus résistant à la désinfection sont restés pratiquement
intacts (voir tabl.2). Dans l’incubateur utilisant le procédé
de stérilisation à air chaud conforme aux normes, tous les germes
de tests végétatifs ainsi que les spores ont été
complètement éliminés comme prévu (voir tabl.2).
L’objectif d’une élimination totale des germes dans l’incubateur
avec désinfection à 90°C/chaleur humide n’a donc pas
été atteint. Ce résultat était reproductible par
plusieurs tests et était le même pour toutes les zones de tests
dans l’incubateur. De ce fait le résultat de ce test est en totale
contradiction avec l’opinion largement répandue de la soit disant
fiabilité de ce procédé. Ces résultats sont surtout
en contradiction totale avec les documentations qui prouveraient scientifiquement,
en se référant à des tests microbiologiques, l’efficacité
de ce procédé. Cette divergence réside sans doute dans
le fait que lors des tests précédents ce ne sont pas des spores
qui ont été utilisées, mais des formes végétatives
largement plus sensibles.
Conclusion
La destruction de germes par désinfection à 90°C/chaleur
humide n’est qualitativement pas comparable à la stérilisation
à air chaud à 180°C. Même avec des temps d’exposition
très longs, ce procédé reste inadapté et insuffisant
pour garantir un milieu stérile conformément à la réglementation
en vigueur. C’est ce qui est confirmé par cette étude
menée par un laboratoire d’analyses certifié.
Lors de cette étude des spores et des germes ont été
utilisés qui, conformément à la norme DIN 58947, sont
employés pour le contrôle des appareils médicaux et des
autoclaves. Ce procédé de désinfection à 90°C/chaleur
humide ne répond pas aux exigences extrêmes en matière
de sécurité des milieux de culture et en matière de stérilisation,
notamment dans des conditions GLP/GMP.
La stérilisation à air chaud à 180°C est la seule
méthode fiable et internationalement reconnue pour la culture extrêmement
exigeante de cellules dans des conditions GLP/GMP. Pour les manipulations
dangereuses des cultures de cellules des virus et des bactéries pathogènes,
la stérilisation à air chaud à 180°C garantit une
sécurité inégalable. De plus ce procédé
présente l’avantage considérable d’un gain de temps
de plusieurs heures et de ce fait d’argent par rapport au long procédé
de désinfection thermique à 90°C/chaleur humide. La sécurité
et la qualité maximale de procédé pour la culture de
cellules en incubateurs à CO2 sont conditionnées
par d’autres aspects. Il s’agit d’avoir une précision
extrême des températures, une dynamique exemplaire dans la régulation
du CO2 et de la température, ainsi que les
régulateurs les plus modernes pour une commande et une surveillance
optimales des processus. Les incubateurs à CO2 Binder
disposent de toutes ces qualités et fournissent à l’utilisateur
les conditions parfaites pour un résultat de culture optimal.
Bibliograhie :
1) P. Distler (2002), GIT Labor-Fachzeitschrift 7, 801- 803
2) DIN 58947, Stérilisation – stérilisation à air
chaud, 1990
3) Bundesgesundheitsblatt (1979), 22 Nr. 10, 193-200
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