Décembre 2004 - n°94
France Biotech et le Comité Biotechnologies du Leem ont présenté une plateforme commune de recommandations
D’une voix unanime, les industriels des sciences de la vie et de la santé recommandent au gouvernement un plan stratégique ambitieux : "Sciences de la vie et biotechnologies 2005-2010"
A l’issue de la consultation menée par le gouvernement sur
le thème de l’attractivité de la France pour les industries
de santé, France Biotech, l'association française des entreprises
de biotechnologie et le Comité Biotechnologies du Leem (Les Entreprises
du Médicament) ont émis une série de recommandations
communes à l’intention du Premier Ministre : focaliser l’Agence
Nationale pour la Recherche sur les Sciences de la Vie, faire émerger
deux ou trois pôles d’excellence, financer un grand projet de
recherche structurant franco-européen.
Les sciences de la vie et les biotechnologies sont en effet un des grands
secteurs technologiques et industriels du 21e siècle qui va de plus
en plus conditionner la santé de nos concitoyens et notre croissance
économique. La situation française appelle à un effort
immédiat et soutenu, indispensable pour que la France revienne parmi
les acteurs majeurs de ce domaine. L’Europe ne représente en
effet que 16 % des Etats-Unis en terme d’investissements dans les entreprises
de biotechnologie en 2003, la France n’étant que troisième
en Europe. La France prend avec constance de plus en plus de retard, la recherche
académique en sciences de la vie manque de dynamisme et de financements
et les centres de R&D industrielle dans le domaine du médicament
quittent le territoire un à un. Un rebond est cependant possible, à
condition d’adopter quelques grandes mesures structurantes et sectorielles
qui viendraient compléter les mesures déjà engagées,
concernant la recherche et l’innovation, telles le statut de Jeune Entreprise
Innovante, le crédit impôt recherche, l’implication des
assureurs-vie dans le capital investissement ou la création d’un
marché boursier européen. Les principales mesures sectorielles
préconisées par les industriels pour permettre un véritable
rebond de la France dans le domaine des Sciences de la Vie et des Biotechnologies
sont au nombre de trois. Il faut en effet adopter conjointement des mesures
structurantes majeures, ayant un réel impact sur des points clefs du
développement de la recherche publique et privée en sciences
de la vie et en biotechnologies, plutôt qu’une kyrielle de mesurettes
médiatiques ou corporatistes sans impact significatif.
1 - Faire des Sciences de la Vie et des Nanosciences une priorité
absolue de la politique française de recherche et d’innovation
– Pour nourrir les entreprises en grandes innovations technologiques
et stimuler leur implantation en France, une recherche fondamentale de haut
niveau est impérative. Il faut que la nouvelle Agence Nationale pour
la Recherche soit focalisée sur les 10 ans à venir sur les sciences
de la vie et les bionanosciences. Cette focalisation implique que l’Agence
leur consacre une part majoritaire de ses financements de projets (de l’ordre
de 60 %). Le budget de l’Agence doit être au minimum de 1 milliard
d’Euros par an, qui viendront s’ajouter aux budgets croissants
des organismes de recherche et des universités. Il s’agit en
effet de tendre, pour les laboratoires de recherche français, vers
des moyens financiers similaires à ceux des laboratoires académiques
anglo-saxons, en multipliant par 3 l’effort en recherche biomédicale
publique! Il s’agit, dans le même temps, de privilégier
l’excellence et la meilleure utilisation de ces nouveaux financements,
grâce à une évaluation indépendante et internationale,
au financement ciblé des meilleurs projets de recherche fondamentale
et finalisée et à une politique d’attractivité
vis-à-vis des meilleurs chercheurs français et étrangers.
2 – Faire émerger deux ou trois "pôles d’excellence
en sciences de la vie et bionanosciences" mariant recherche académique,
recherche clinique, recherche privée. La recherche privée
(transfert de technologie public-privé, capital risque, capital développement,
grands groupes, PME technologiques) se concentre en effet autour de quelques
pôles d’excellence académique au plan mondial (comme en
témoignent par exemple le transfert des centres de recherche de Novartis,
Pfizer, Aventis de l’Europe vers les US, la concentration du capital
risque et des entreprises dans la Silicon Valley autour des universités
de Stanford et Berkeley, sur la côte est autour des universités
de Harvard et du MIT et en Angleterre autour des universités d’Oxford
et de Cambridge…). Pour la sélection des lieux d’implantation
de ces pôles en France, il est proposé une cartographie des pôles
existants, secteur technologique par secteur technologique, sur la base de
critères objectifs, tels des analyses bibliométriques, la productivité
des incubateurs, la densité des brevets, la densité des aides
Anvar, le volume des investissements en capital risque et la densité
du tissu industriel et technologique privé. Les meilleurs sites existants
doivent être renforcés afin d’atteindre une masse critique
scientifique, financière et industrielle qui soit compétitive
au plan mondial. Le saupoudrage ou la multiplication des mini-pôles
doivent être impérativement évités.
France Biotech et le Comité Biotechnologies du Leem proposent sur les
sites choisis:
- La construction de quelques bâtiments ultramodernes, de laboratoires
comportant des plateformes technologiques et pouvant accueillir plusieurs
milliers de chercheurs ; la concentration sur ces pôles des meilleureséquipes
de chercheurs venant de différentes universités et organismes
de recherche français et étrangers grâce à des
politiques d’évaluation, de rémunération et des
moyens de recherche adaptés ; leur mise en réseau avec les centres
régionaux de recherche clinique.
- Des incitations fiscales massives dans un périmètre géographique
limité (par exemple, extension du régime de Jeune Entreprise
Innovante à des entreprises de plus de 8 ans et à des filiales
de groupes), pour attirer entreprises et investisseurs et les inciter à
se concentrer autour de ces pôles de recherche académique. Quelques
grands pôles, de taille véritablement européenne, émergeraient
en toute vraisemblance selon ces critères, par exemple Paris et sa
région (Palaiseau/Saclay) pour les Sciences de la Vie, Grenoble pour
les Bionanosciences, Toulouse pour les biotechnologies et le cancer. La concentration
indispensable des moyens de l'Etat sur très peu de pôles de dimension
internationale s'enrichira des initiatives locales qui contribueront au tissu
scientifique et industriel européen.
3 - Pour un leadership franco européen vis-à- vis du
prochain défi biotechnologique et des nanosciences: financer un grand
projet de recherche structurant franco-européen, un "airbus"
des sciences de la vie. Ce pourraitêtre le cas par exemple
avec le "médicament intelligent", microimplant capable dans
20 ou 30 ans de "diagnostiquer et de traiter", à la confluence
des nanosciences et des thérapies cellulaires, ou encore avec un projet
permettantà la France de prendre le leadership dans le domaine de la
prévention du vieillissement. Un tel projet permettrait de focaliser
les énergies vers un objectif majeur de santé publique dont
les retombées à court, moyen et long terme pourraient être
nombreuses et profondes, tant au plan social qu’industriel.
A propos de France Biotech
Association Loi 1901 créée en 1997, France Biotech regroupe
et représente les entreprises françaises de biotechnologie et
leurs partenaires. France Biotech a de nombreuses réalisationsà
son actif, qui ont notamment permis d’améliorer l’environnement
législatif et réglementaire dans lequel évoluent ces
entreprises. France Biotech a notamment pour objectifs :
- De constituer une force de proposition auprès des pouvoirs publics
et des organisations économiques pour favoriser l’émergence
de la biotechnologie comme industrie de pointe prioritaire, et améliorer
l’environnement économique, juridique et réglementaire
de ces entreprises
- D’analyser et de promouvoir en France les enjeux scientifiques, médicaux,
éthiques et industriels liés aux biotechnologies et susciter
la création d’entreprises dans ce secteur
- D’être un interlocuteur privilégié pour les créateurs
d’entreprises, les organismes de recherche, les entreprises et les associations
européennes et internationales des biotechnologies
A propos du Comité biotechnologies
du Leem
Le Comité Biotechnologies du Leem a été créé
en mars 2004, pour fédérer les acteurs français des biotechnologies
impliqués dans le médicament . Ses objectifs principaux sont
de :
- faciliter les échanges entre acteurs, grandes entreprises du médicament
et sociétés émergentes en biotechnologies,
- conduire un travail commun sur les contraintes spécifiques liées
à cette activité,
- proposer des adaptations du cadre réglementaire national et européen,
- valoriser les applications de biotechnologies françaises en matière
de médicaments.
Depuis juillet 2004, les associations de jeunes entreprises des biotechnologies
telles que le Club Alfa, le Comité Adebiotech, Organibio participent
aux travaux Comité Biotechnologies du Leem
A propos des biotechnologies
Les biotechnologies sont un secteur stratégique
- d’un point de vue économique et social
- à l’échelon international : plus de 50 % des nouveaux
médicaments en sont désormais issus, notamment les plus innovants
(insuline, hormone de croissance, facteurs de croissance recombinants, vaccins,
anticorps monoclonaux pour le traitement de cancers, de maladies inflammatoires
et infectieuses, thérapies cellulaires, etc …) et près
de 250 millions de patients dans le monde bénéficient déjà
des avancées apportées par les biotechnologies, tant au niveau
du diagnostic que des traitements.
Les PME de biotechnologie (2500 dans le monde, environ 250 en France) et les
chercheurs assurent ainsi le renouvellement du portefeuille des produits thérapeutiques
à disposition des médecins et des patients, en pratiquant une
recherche de pointe et une maîtrise des technologies les plus innovantes
tournées notamment vers la santé. Les domaines d’application
des biotechnologies sont extrêmement divers, et au-delà de la
santé, humaine ou animale, les entreprises développent également
des applications innovantes dans divers domaines industriels, dans la protection
de l’environnement et dans l’agro-alimentaire, notamment.