Mai 2006 - n°110
Protection respiratoire filtrante : ce qui va changer…
par M. Jean-Marie IOTTI, INRS (Travail et Sécurité
n°660, mars 2006)
De nouvelles dispositions applicables en matière de protection
respiratoire filtrante contre les particules solides et liquides doivent garantir
à l’utilisateur que l’appareil est apte à lui assurer
la même protection tout au long de son poste de travail. Un marquage
simple et clair, sur l’appareil lui-même, indiquera s’il
est à usage unique pour un poste de travail ou bien s’il est
réutilisable. Il ne sera plus nécessaire de se soucier de savoir
si son appareil est de type « mécanique » ou « électrostatique
».
Au mois de septembre 2003, dans son magazine Travail et Sécurité,
l’INRS alertait l’ensemble des utilisateurs et les pouvoirs publics
sur les performances de protection de certains filtres antiparticules, en
particulier les filtresélectrostatiques. La procédure d’essai
alors applicable, pour permettre la classification P1, P2 ou P3 des filtres
d’appareils de protection respiratoire ou FFP1 2 ou 3 pour les demi-masques
filtrants, consistait à vérifier les performances après
une exposition de trois minutes aux aérosols d’essais. Afin de
déterminer plus correctement le niveau de protection procuré
par un équipement, l’INRS a demandé l’évaluation
des performances de filtration de ces appareils après un essai d’exposition
à 120 mg d’aérosol.
Objectif : mettre la classification plus en rapport avec l’utilisation
probable.
Le 12 juin 2004, le ministère de l’Emploi, de la Cohésion
sociale et du Logement publiait, en concertation avec toutes les parties,
un « avis aux fabricants, importateurs, distributeurs et utilisateurs
d’appareils de protection respiratoire », recommandant de mettre
sur le marché ou de n’utiliser que des équipements dont
les performances avaient étéévaluées après
un essai d’exposition à 120 mg d’aérosol.
Dans le même temps, une démarche d’« objection formelle
» était conduite auprès de la Commission européenne
pour ne plus attribuer à l’application de certaines normes européennes
harmonisées la valeur de « présomption de conformité
» aux exigences essentielles de santé et sécurité
de la Directive européenne EPI (89/686/CEE). Cette objection prise
en compte, la Commission a demandé au Comité européen
de normalisation compétent – le CEN TC79 – de procéder
à la révision ou à l’amendement de toutes les normes
relatives aux appareils filtrants sur la base technique de la recommandation
de l’INRS. Le CEN TC79 a donc décidé de procéder
à ces amendements.
Réutilisable ou non : un marquage sur
l’appareil
Animé par l’INRS durant l’année 2005, tous les résultats
des travaux menés par un groupe d’experts européens ont
confirmé la nécessité, d’une part, d’avoir
un nouvel essai permettant une meilleure classification des appareils et,
d’autre part, de déterminer si ceuxci sont à usage unique
ou peuvent être réutilisés. Aujourd’hui, le CEN
TC79 a mis à l’enquête publique le projet d’amendement
de la norme EN143 : 2000, filtres à particules.
Applicable à tous les filtres – mécaniques ou électrostatiques
-, cet amendement propose que la classe de protection P1, 2 ou 3 soit déterminée
après un essai d’exposition à 120 mg d’aérosol,
la valeur retenue étant la plus mauvaise performance rencontrée
au cours de l’essai. Les appareils revendiqués pour être
réutilisables doivent être vérifiés après
un stockage de 24 heures suivant l’essai d’exposition. Si les
performances sont inchangées, l’appareil sera réutilisable.
Dans le cas contraire, l’utilisation sera limitée à un
poste de travail de huit heures de port continu ou non.
Un nouveau marquage sera mis en place sur l’appareil lui-même
et dans la notice d’information. Il comprend le numéro et l’année
de la norme, le numéro et l’année de l’amendement,
le marquage « NR » pour les appareils à usage unique et
le marquage « R » pour les appareils réutilisables.
Toutes les normes « produits » concernant les appareils filtrants
contre les particules – six au total – seront amendées
dans un futur proche en tenant compte de la finalité des équipements,
tout en conservant le principe d’un essai d’exposition et d’un
essai après exposition et stockage pour les appareils réutilisables.