Mai 2007 - n°121
L’oxycombustion induite par micro-ondes (MOC)
Par Anton Paar France S.A.S
La combustion de matériaux organiques sous oxygène constitue
une méthode très répandue pour préparer des échantillons
en vue de l’analyse de traces. Or, le développement de systèmes
de combustion à usage commercial ne s’est pas déroulé
au même rythme que l’évolution spectaculaire des méthodes
de mesure analytiques. La société Anton Paar est parvenue néanmoins
à transposer la méthode traditionnelle d’oxycombustion
sur le système de réaction assisté par micro-ondes Multiwave
3000®. Les atouts des deux procédés sont ainsi réunis
sur un système de préparation d’échantillons novateur
et très performant.
Introduction
De nombreuses méthodes sont actuellement disponibles pour minéraliser
des échantillons qui présentent une teneur élevée
en matrice organique risquant de perturber sensiblement la détermination
consécutive des éléments. Parallèlement à
la minéralisation sur des plaques chauffantes, la minéralisation
sous pression induite par des micro-ondes s’est de plus en plus imposée
au cours des dernières années comme un moyen efficace de préparer
des échantillons. Dans les deux cas, les constituants matriciels sont
décomposés par un mélange à base d’acides
minéraux concentrés. Ce mode d’action se traduit par des
blancs (valeurs manquantes) élevés d’une part, par la
nécessité de diluer les solutions obtenues pour parvenir à
la compatibilité appropriée avec les appareils d’analyse
d’autre part. Ces deux contraintes ne vont pas non plus sans augmenter
les seuils de détection.
La combustion d’échantillons organiques sous oxygène présente
une alternative performante à la minéralisation par voie chimique
humide. Cette méthode se prête très bien à la détermination
consécutive des matériaux non métalliques (notamment
les halogènes, le soufre et le phosphore), mais aussi à l’analyse
de métaux. Pour inspecter des matières solides et des liquides
combustibles suite à l’oxycombustion préalable, il existe
d’innombrables méthodes normalisées (EPA, ASTM, DIN).
Des systèmes de combustion d’échantillons classiques sont
déjà commercialisés depuis des années, au nombre
desquels il convient de citer les bombes de combustion en acier, la fiole
de Schöniger ou le brûleur de Wickboldà fonctionnement continu.
Ces systèmes souffrent, hélas, de quelques inconvénients,
tels que le risque de contamination accru par des surfaces métalliques,
un débit d’échantillon moindre (vitesse de passage plus
lente) ou une manipulation quelque peu compliquée.
Pour allier les avantages de la minéralisation sous pression à
l’aide de micro-ondes par voie chimique humide à ceux de l’oxycombustion,
la société Anton Paar a mis au point une technologie de combustion
totalement novatrice qui permet d’accroître énormément
les prouesses du célèbre système de préparation
d’échantillons par micro-ondes Multiwave 3000® : l’oxycombustion
induite par micro-ondes.
Principe de fonctionnement de l’oxycombustion
induite par microondes
Les échantillons solides à examiner sont d’abord comprimés
sous forme de pastilles et ainsi placés sur un filtre en papier spécialement
imprégné qui se trouve dans des supports d’échantillon
spéciaux en quartz. Les supports d’échantillon sont insérés
au moyen d’un crochet également en quartz dans les récipients
à réaction qui sont remplis de la solution absorbante appropriée.
Résistants à la pression, ces récipients à réaction
aussi employés pour réaliser la minéralisation sous pression
par voie chimique humide sont composés de quartz et fermés par
un joint d’étanchéité à lèvres élaboré
à base de PTFE-TFM (polytétrafluoroéthylènetétrafluorométhoxylate)
très pur.
Ces deux matériaux garantissent la pureté et l’inertie
chimique qui sont absolument requises par l’analyse de traces minutieuse.
Après que les récipients ont été fermés
et placés dans le rotor, ce dernier est également fermé.
Ils sont alors remplis d’oxygène à une pression de 20
bars à l’aide du système de remplissage usuel des récipients
à réaction. Cette opération s’effectue au moyen
d’un propre poste de remplissage qui peut être raccordé
simplement à des bouteilles de gaz ou à la conduite d’alimentation
en oxygène aménagée dans le laboratoire.
Contrairement à l’oxycombustion traditionnelle, l’inflammation
est déclenchée par l’émission de microondes. Le
filtre en papier disposé à l’intérieur du tube
à réaction s’enflamme, ce qui provoque la combustion de
l’échantillon sous atmosphère d’oxygène à
haute pression.
Durant la combustion, la matrice organique est détruite et les substances
à analyser (analytes) sont dégagées dans la phase gazeuse,
avant d’être recueillis dans la substance absorbante. Les anions,
tels que les halogènes ou les sulfates, se mélangent normalement
au même éluant qui est aussi utilisé en vue de l’analyse
consécutive par chromatographie ionique, tandis que les métaux
sont absorbés de préférence dans des acides dilués.
Selon la matrice de l’échantillon en présence, une brève
minéralisation supplémentaire peut être nécessaire
pour assurer une récupération aussi complète que possible.
Dans le cas d’échantillons contenant des silicates, le processus
peut éventuellement aboutir à des taux de récupération
moindres, étant donné que le recours à des acides dilués
ne permet pas de minéraliser intégralement les particules silicatées
et que les substances à analyser (analytes) incorporées ne peuvent
être détectées de ce fait.
Les solutions peuvent être employées en général
directement dans l’analyse sans phase de dilution additionnelle. La
combinaison de la réduction drastique des blancs (valeurs manquantes)
due à un ajout minimal de réactifs avec la pureté élevée
de l’oxygène utilisé se traduit par un seuil de détection
nettement plus bas au regard des méthodes de minéralisation
classiques.
Applications
En principe, l’oxycombustion induite par micro-ondes s‘avère
idéale pour préparer des échantillons constitués
de matières solides, combustibles. L’analyse consécutive
d’halogènes, de soufre et de phosphore par chromatographie ionique
représente l’une des principales applications, mais cette méthode
convient aussi très bienà la détermination des métaux.
Si l’oxycombustion induite par microondes offre une alternative intéressante
pour les échantillons qui ne peuvent être que difficilement décomposés
par le procédé de minéralisation sous pression, elle
fait encore l’objet d’études approfondies, non achevées.
Il existe de multiples matières et matériaux d’échantillon
appropriés : du charbon et du coke jusqu’aux résidus solides
en passant par le papier et le bois, des denrées alimentaires et des
fourrages jusqu’aux composés organiques et aux matières
plastiques en passant par les échantillons biologiques. Il s’est
avéré avantageux de comprimer les échantillons sous forme
de pastilles. Les échantillons dispersés en vrac brûlent
souvent intensément et d’une manière inégale, ce
qui peut entraîner une combustion incomplète. Les prises d’essai
en vue de l’oxycombustion induite par micro-ondes varient entre 100
et 500 mg selon le type d’échantillon et le volume d’oxygène
impliqué.
Il n’est pas recommandé d’appliquer cette méthode
aux échantillons qui peuvent réagir spontanémentà
l’oxygène, donc également sans inflammation.
Avantages
Comparée aux autres systèmes d’oxycombustion disponibles
dans le commerce, l’oxycombustion induite par micro-ondes exploitée
sur l’appareil Multiwave 3000® offre d’énormes avantages.
Garantie par l’emploi de quartz et de PTFE-TFM, la résistance
aux agents chimiques des récipients à réaction permet
la combustion même de matériaux très corrosifs, tels que
des échantillons chlorés sans devoir recourir à des éléments
d’insertion auxiliaires ni à des matériaux spéciaux.
Vu qu’aucune pièce métallique ne se trouve à l’intérieur
des récipients à réaction, le risque de contamination
est fortement réduit.
La capacité exceptionnelle du système à brûler
simultanément jusqu’à huit échantillons permet
d’accroître considérablement le débit (la vitesse
de passage) des échantillons. Très puissant, le système
de refroidissement réduit considérablement le temps de
préparation.
Enfin, l’oxycombustion induite par micro-ondes sur l’appareil
Multiwave 3000® se caractérise par un maniement très convivial
et sûr. La manipulation des réacteurs est nettement plus rapide
et plus simple que l’emploi d’une bombe de combustion en acier.
Le raccordement fastidieux de connexions électriques et de câbles
d’allumage est totalement supprimé. Le système de préparation
d’échantillons Multiwave 3000® est le seul modèle
à disposer des deux sigles d’homologation ETL et GS, car la sécurité
de l’utilisateur figure au premier rang de nos priorités.
Résultats d’analyse
Pour éprouver toute les performances de l’oxycombustion induite
par micro-ondes, divers matériaux de référence certifiés
(plante aquatique (BCR 60, BCR 61), poudre de lait (BCR 63, BCR 151), feuilles
de pêcher (BCR 100) et rein de cochon (BCR 186) ont été
examinés par le centre commun de recherche de la Commission européenne
de l’Institut des matériaux et mesures de référence
(IRMM) en Belgique [1,2].
Pour analyser des métaux dans la poudre de lait, la combustion a été
associée à un programme de minéralisation bref (20 mn
à une puissance de 1400 W pour une durée de refroidissement
de 15 mn). Il a été fait usage d’une solution absorbante,
composée de
4 ml d’eau, de 1 ml de HNO3 et de 0,5 ml de HCl. Selon l’élément
considéré, la détermination s’est déroulée
en appliquant différentes techniques ICP-OES (spectrométrie
d’émission optique par plasma à couplage inductif), ICP-MS
(spectrométrie de masse avec ionisation par plasma à couplage
inductif) ou CVAAS (spectrométrie d’absorption atomique à
vapeur froide). Les concentrations d’éléments se sont
situées alors dans une plage comprise entre 0,1 et 50 ppm. Les taux
de récupération ont varié de 96 à 103 % avec une
dispersion de 0,6-11 % La détermination des matériaux non métalliques
(Cl et S) dans des matériaux de référence a été
réalisée à l’aide de la chromatographie ionique.
Une solution tampon au carbonate (9 mmol•L 1) a servi à l’absorption,
d’où l’économie d’un programme de minéralisation
supplémentaire. Suivant l’échantillon, les concentrations
sont de 1,5-10 g•kg 1 (Cl) ou 2-5 g•kg 1 (S),
moyennant quoi les taux de récupération tant du chlore (93-104
%, dispersion 5-13 %) que du soufre (91-101%, dispersion 4-13 %) ont attesté
à merveille de l’aptitude analytique de cette méthode.
Conclusion
En exploitant l’oxycombustion induite par micro-ondes sur son appareil
Multiwave 3000®, la société Anton Paar a réussi à
redéfinir une méthode classique pour l’appliquer à
la préparation d’échantillons organiques. Il en découle
ainsi un procédé de combustion très performant en vue
de l’analyse consécutive de métaux et de matériaux
non métalliques. L’utilisateur dispose aussi d’une véritable
solution de rechange à la minéralisation sous pression par voie
chimique humide, qui se distingue par d’innombrables atouts, tels que
des seuils de détection réduits ou un débit d’échantillon
supérieur.
Le rééquipement des configurations Multiwave 3000® existantes
est par ailleurs réalisable sans solliciter de grands moyens.
Références
[1] E.M.M. Flores, J.S. Barin, J.N.G. Paniz, J.A. Medeiros, G. Knapp:
Anal. Chem. 76 (2004), S. 3525-3529.
[2] E.M.M Flores, J.S. Barin, B. Maichin, M. Zischka, G. Knapp: Improvements
of a new microwave assisted combustion technique for trace element analysis,
in preparation.