Octobre 2007 - n°125
Respect des critères de la prochaine version
révisée de la monographie <467> de l’USP : solvants
résiduels
Sky Countryman
Chef de produit, Produits de chromatographie en phase gazeuse
Phenomenex Inc., Torrance (Californie)
Introduction
En 1988, la Pharmacopée des États-Unis (USP) a fourni des limites
de contrôle et des critères pour le test de sept impuretés
organiques volatiles (IOV) dans la monographie officielle <467>. Les
composés ont été sélectionnés en fonction
de leur toxicité relative et appliqués uniquement aux substances
pharmaceutiques et à quelques excipients.(1) Désireuse d’harmoniser
le processus avec la Conférence internationale sur l’harmonisation
(CIH), l’USP a proposé l’adoption d’une version légèrement
modifiée de la méthodologie pour la norme de Qualité
3C (Q3C), dont la mise en application est prévue pour le 1er juillet
2008.
La méthodologie Q3C de la CIH prévoit une approche axée
sur l’analyse des risques face aux solvants résiduels qui prend
en compte l’exposition du patient à un résidu de solvant
dans le produit pharmaceutique.(2) Les solvants ont été classifiés
en trois catégories principales en fonction de leur éventuelle
nocivité :
• Catégorie 1 : les solvants ne doivent pas être utilisés
en raison de toxicités inacceptables ou d’effets nocifs sur l’environnement
;
• Catégorie 2 : l’emploi des solvants doit être limité
en raison de toxicités inhérentes ;
• Catégorie 3 : les solvants peuvent être considérés
comme moins toxiques et présentant un risque moins élevé
pour la santé humaine.
Seuls les solvants utilisés dans le processus de fabrication ou de
purification de substances, d’excipients ou de produits pharmaceutiques
seront soumis à des tests. Cela permet à chaque société
de déterminer les solvants utilisés en production et de mettre
au point des procédures d’essai qui répondent à
ses besoins particuliers.
Il incombe au fabricant de produits pharmaceutiques de qualifier la pureté
de tous les composants utilisés lors de la fabrication du produit.
Cette condition concerne des éléments tels que les excipients,
dont certains contiennent des niveaux résiduels de solvants de catégorie
1, en raison du processus de fabrication et/ou de la nature des produits de
départ (par ex., l’éthylcellulose).3 Dans ce document,
nous allons traiter des principaux avantages et inconvénients présentés
par la technique de l’espace de tête comparée à
celle de l’injection directe de liquide pour satisfaire aux directives
<467>.Une approche stratégique de contrôle des solvants
résiduels qui satisfait aux directives <467>
Bien que le nombre total des solvants devant être désormais testés
ait augmenté, chaque société est seulement tenue de tester
les solvants susceptibles d’être présents dans la formulation
du médicament. Comme les solvants utilisés dans le développement
des procédés diffèrent probablement d’une société
à l’autre, chaque entreprise doit envisager de développer
un système d’analyse par chromatographie qui répondra
à ses besoins particuliers.
Globalement, la stratégie consiste à développer une méthode
générale d’essai des solvants résiduels, qui :
• Identifie tous les solvants présentant un intérêt
et susceptibles d’être présents dans leurs substances,
excipients et/ou produits pharmaceutiques
• Réduit la durée d’analyse pour un débit
maximum d’échantillons
• Permet d’obtenir un degré élevé d'exactitude
et de précision indépendant de la matrice ;
• Détecte les composés au niveau ou en deçà
de leurs limites de contrôle ;
• Fournit des données qualitatives et quantitatives qui sont
cohérentes avec les impératifs des d’essais de l’USP/PhEur.
Afin de déterminer les solvants utiles à votre société,
vous devrez consulter vos chercheurs impliqués dans le développement
des procédés ainsi que les fournisseurs des excipients et/ou
des substances pharmaceutiques inclus dans votre formulation. Dès que
cette liste a été établie, comparez-la à la liste
USP des solvants <467> afin de déterminer la présence
éventuelle des solvants des catégories 1, 2 et 3. En vous fondant
sur la liste des solvants de votre société, vous pourrez concevoir
la stratégie nécessaire qui déterminera avec précision
le niveau de solvants résiduels de cette formulation pharmaceutique.
Techniques d’injection – espace
de tête ou injection directe d’un liquide
Le principal avantage de l’injection d’espace de tête concerne
seulement la partie volatile de l’échantillon qui est introduit
dans la colonne. Les produits pharmaceutiques contiennent souvent des composants
non volatils qui peuvent endommager la colonne CPG et provoquer des problèmes
d’analyse. Il existe cependant certains solvants de catégorie
2 qui ne sont pas détectés par injection de l’espace de
tête.4 C'est en fonction des solvants utilisés par une société
pour la fabrication d’une formulation pharmaceutique que des injections
de liquide peuvent s’avérer nécessaires.
Solvants de catégorie 2 non détectés par l'injection
de l’espace de tête
Formamide
2-éthoxyéthanol
2-méthoxyéthanol
Éthylèneglycol
N-méthylpyrrolidone
SulfolaneInjection de l’espace de tête
Pour être compatible avec la méthodologie <467>, l’injection
de l’espace de tête doit être utilisée autant que
faire se peut. Avertissement : une préparation d’échantillons
incorrecte et des conditions de fonctionnement inadéquates constituent
la source d’erreur la plus courante relative à la directive <467>.
Les échantillons doivent être préparés soit dans
une solution aqueuse soit dans une solution organique. Comme la plupart des
solvants et des composants des produits pharmaceutiques réglementés
sont plus solubles dans un solvant organique, un solvant de dilution organique
est habituellement recommandé pour la méthode générale.
La sensibilité de la méthode est fortement affectée par
la concentration de l’analyte en phase gazeuse. Pour atteindre les limites
de détection imposées par la directive <467>, il est important
de chasser autant d’analyte que possible hors de la solution dans l’espace
de tête. Il existe plusieurs stratégies couramment employées
pour y parvenir :
1. augmentation de la température du flacon ;
2. augmentation de la durée d’équilibration ; et/ou
3. ajout de modificateurs de la matrice (sels) pour augmenter la force ionique
du solvant.
Lorsque la technique d’injection de l’espace de tête est
employée, la matrice d’échantillon peut sensiblement affecter
les performances quantitatives de la méthode CPG. Dans une matrice
donnée, chaque analyte détiendra un coefficient unique de partage
(K), qui est une distribution à l’équilibre de l’analyte
entre la phase liquide et la phase gazeuse. Pour éliminer cet effet
de matrice, de nombreuses sociétés ont exploré l'utilisation
de méthodes d’ajout d'étalons. Ces méthodes offrent
également une certaine souplesse en cas de changement de dernière
minute de solvant pendant les formulations.
Optimisation de la méthode CPG
Selon les conditions spécifiées dans la monographie, la durée
d’analyse totale pour les trois échantillons serait > 3 heures.
La plupart des sociétés ne peuvent pas se permettre de consacrer
3 heures par échantillon pour établir l’identification
et la quantification de tous les analytes cibles. Dans un service de contrôle
de la qualité, le débit des échantillons et la stabilité
des instruments constituent les principales préoccupations, c’est
pourquoi la plupart des laboratoires ont validé leurs propres méthodes
d’essai fondées sur les impératifs de la directive <467>.
Lorsqu’il s’agit de choisir les dimensions de colonne appropriée
pour une série spécifique d’analytes cibles, quatre variables
principales doivent être prises en considération : 1) la longueur
(L), 2) le diamètre interne (DI), 3) l’épaisseur du film
(ép) et 4) la composition de la phase stationnaire. Parmi ces quatre
variables, c’est la phase stationnaire qui aura le plus grand impact
sur la sélectivité de la colonne. Pour rester cohérent
avec la monographie <467>, un laboratoire doit essayer de travailler
avec les phases répertoriées dans la section <621> des
directives de l’USP. Les phases G43 et G16 conviennent bien à
l’analyse des solvants et en choisissant des dimensions de colonne plus
efficaces, un laboratoire doit pouvoir résoudre tous les analytes cibles
en moins de 20 minutes.
La Figure 2 présente la séparation de 18 solvants des catégories
1, 2 et 3 à l’aide d’une phase équivalente à
G16 (Zebron ZB-WAXPLUS). La longueur et le diamètre interne de la colonne
ont été choisis afin d’obtenir un pouvoir de résolution
maximum pour une durée minimum d’analyse. En sélectionnant
ces conditions, il a été possible de compléter la méthode
en moins de 8 minutes avec une durée de cycle totale inférieure
à 10 minutes.
Si cette méthode est utilisée, les résultats devront
être confirmés à l’aide d’une phase G43, puis
quantifiés. Bien que la durée d’analyse totale soit inférieure
avec cette méthode, elle nécessite encore trois tests séparés
pour confirmer et quantifier tous les composés. Cette approche à
trois tests sera toujours nécessaire si l’on utilise le détecteur
par ionisation de flamme (FID) spécifié dans la méthode,
car elle ne donne aucune information sur l’identité des pics.
Pour éliminer l’approche des trois tests, l’utilisation
des deux phases G43 et G16 en parallèle serait nécessaire ou
simplement l’emploi d’un spectromètre de masse (SM).
Analyse sur deux colonnes
L’analyse sur deux colonnes, où deux phases sont connectées
en parallèle à l’aide d’une colonne de garde de
5 à 10 mètres et un raccord en « Y », fait partie
des pratiques courantes pour tester les substances environnementales. En faisant
une injection et en divisant l’échantillon dans deux colonnes,
les deux procédures A et B peuvent être réalisées
simultanément. Si une courbe d’étalonnage est dressée
avant chaque lot d’échantillons et qu’un contrôle
approprié de l’étalonnage est effectué après
chaque lot d’échantillons afin de vérifier la stabilité
de l’étalonnage, alors la procédure C peut aussi être
menée en même temps. Le principal obstacle à l’emploi
de ce type de système est qu’il impose l'utilisation d'un programme
avec un four pour séparer les analytes cibles en phases sur deux colonnes.
Analyse CPG/SM
Alors que l’approche à double colonne est largement utilisée
et acceptée, le système CPG/SM pour laboratoire s’impose
comme une solution plus viable à long terme vu la baisse de ses coûts.
Le principal avantage de l’analyse CPG/SM reste la confirmation spectrale
qu’elle fournit pour chaque pic. Les données de détection
SM sont largement utilisées et acceptées dans le monde entier,
éliminant en effet toutes les possibilités d’erreurs d’identification.
L’avantage chromatographique du système CPG/SM concerne sa capacité
à distinguer les pics de coélution en se basant sur un modèle
de fragmentation de masse. Cette méthode permet de séparer un
plus grand nombre de composés sur une durée plus courte. En
choisissant la phase et les dimensions appropriées de la colonne, il
est possible de développer une méthode rapide, sensible, précise
et définitive de tests simultanés pour tous les solvants de
catégorie 1, 2 et 3 (Figure 3). Le Tableau 1 présente les composants
de coélution et leurs ions positifs. Seuls les pics 17 et 18 possèdent
la même masse, mais tous deux sont des solvants de catégorie
3 et ils ne doivent être confirmés que si leur niveau atteint
5 000 ppm.
Les nouvelles réglementations de l’USP visent à améliorer
la sécurité du patient et devront être mises en application
pour tous les produits, existants ou nouveaux. Même si l’USP a
fourni une méthode d’essai qui peut être utilisée
pour identifier et quantifier les solvants des catégories 1 et 2, cette
méthode peut être améliorée en fonction des besoins
de chaque société.
Seuls les solvants utilisés lors du processus de fabrication doivent
être contrôlés sous la forme du dernier dosage. Pour chaque
société, la meilleure solution consiste à envisager le
nombre d’échantillons, la durée d’analyse, la validation
de la méthode, l’exactitude, la précision et le coût
de l’équipement. Dès que les performances de la méthode
ont été obtenues, il est également important de déterminer
si cette méthode peut être transférée aux autres
unités de production. Ont-ils les connaissances et les instruments
nécessaires pour mettre en œuvre cette méthode ?
Les modifications apportées à la monographie <467> ne
seront officielles qu’en juillet, mais il est important de commencer
à formuler une stratégie dès maintenant pour s’y
conformer. Pour de plus amples informations à ce sujet ou pour connaître
d’autre méthodes de mise en conformité, contactez votre
représentant local Phenomenex ou visitez le site www.Phenomenex.com.
Références :
1. Cecil, T. Residual Solvents USP History. Présenté
lors de la conférence conjointe de l'USP/PDA en 2007 : Residual Solvents,
North Bethesda, Maryland, 2007.
2. Osterberg, R.E. Impurities: Residual Solvents ICH: Q3C. Présenté
lors de la conférence conjointe de l'USP/PDA en 2007 : Residual Solvents,
North Bethesda, Maryland, 2007.
3. Schoneker, D.R. Excipients Manufacturer Perspective. Présenté
lors de la conférence conjointe de l'USP/PDA en 2007 : Residual Solvents,
North Bethesda, Maryland, 2007.
4. <467> Organic Volatile Impurities. General Notices and Requirements:
Applying to Standards, Tests, Assays, and Other Specifications of the United
States Pharmacopeia. Documentation fournie lors de la conférence conjointe
de l’USP/PDA en 2007 : Residual Solvents, North Bethesda, Maryland,
2007.
5. Kazeminy, A.J. ICH Q3C Impurities: Residual Solvents: Contract Laboratories
Perspectives. Présenté lors de la conférence conjointe
de l'USP/PDA en 2007 : Residual Solvents, North Bethesda, Maryland, 2007.