Novembre 1996 - n°12
Laboratoire BOIRON - Un souci de qualité
La mission du laboratoire de contrôle qualité du laboratoire BOIRON, bien définie dans les Bonnes Pratiques de Fabrication, est identique à celle de tout laboratoire de contrôle de l'industrie Pharmaceutique. Cependant, du fait de la spécificité du médicament homéopathique, la dilution infinitésimale du principe actif, le contrôle des "souches" ou substances de base et la validation des procédés de fabrication occupent une place particulièrement importante dans l'assurance de qualité du produit élaboré. Ces contrôles font appel à toutes les techniques modernes d'analyse (chromatographie couche mince, chromatographie liquide haute performance, chromatographie en phase gazeuse, spectrophotomètrie d'absorption atomique, spectromètrie d'absorption infrarouge et ultra violet, densitométrie, électrophorèse...).
Contrôle des matières
premières
L'homéopathie puise ses matières premières dans les
trois règnes: végétal, animal et minéral. Ces matières
sont extrêmement nombreuses et varices; la nomenclature des différents
laboratoires homéopathiques comporte plus de 3 000 produits.
Contrôle des souches
d'origine végétale
Pour les matières premières d'origine végétale,
la "souche'' est généralement constituée par la teinture-mère
et par le macérat glycériné. L'homéopathie fait
largement appel au règne végétal (près de 1 500
espèces différentes), c'est pourquoi on entend souvent dire à
tort que c'est une " médecine par les plantes". La plupart
des plantes sont utilisées fraîches et sauvages, c'est- à-dire
récoltées dans leur habitat naturel. La récolte des plantes
se fait selon un cahier des charges précis dans le respect de l'environnement
et des réserves naturelles. La partie de la plante à mettre en
uvre est codifiée par les matières médicales. C'est
le plus souvent la plante entière, parfois une partie de celle-ci: fleurs,
feuilles, racines, écorces, bourgeons... Il peut y avoir des exceptions
à cette règle: ainsi le calendula officinal est cultivé
car il n'existe pas à l'état sauvage; de même, certaines
plantes exotiques sont utilisées sèches ou cultivées en
France.
Le laboratoire de botanique effectue les contrôles dès réception
des plantes fraîches. Une identification rigoureuse de l'espèce
végétale est faite à l'aide des descriptions des flores,
d'herbiers, identification complétée en cas de besoin par des
coupes histologiques, des essais chimiques et des dosages. Une vérification
de la qualité de l'ensemble du lot permet de s'assurer qu'il n'y a pas
d'altérations durant le transport, de plantes parasites, d'élèments
étrangers, de terre...
Des contrôles microbiologiques aléatoires, la recherche de pesticides
ou de radicactivité permettent de valider un fournisseur ou une provenance.
Les teintures-mères peuvent à la fois être
considérées comme des matières premières, points
de départ des dilutions et comme des produits finis puisqu'elles sont
parfois vendues en l'état. Les teintures-mères sont définies
par la Pharmacopée fran,caise comme "des préparations liquides
résultant de l'action dissolvante d'un véhicule alcoolique sur
des drogues d'origine végétale ou animale". Les contrôles
réalisés sur les teintures-mères comprennent des caractères
organoleptiques (premiers critères d'orientation: couleur, odeur, saveur,
caractéristiques seulement d'un petit nombre de teintures-mères),
des réactions d'identification (mise en évidence de composants
ou de groupes de composants principaux de la plante par des réactions
de fluorescence ou des réactions colorées), des essais (teneur
en éthanol, résidu sec, chromatographie), des dosages et des contrôles
microbiologiques ou de toxicité.
Les contrôles du macérat glycériné sont très
proches de ceux effectués sur les teintures- mères.
Contrôle des souches
d'origine animale
L'homéopathie fait également appel à des substances
d'origine animale ou substances biologiques. Conformément aux matières
médicales, la souche peut-être une teinture-mère, la substance
elle-même (sécrétions, poudres, extraits ou Iyophilisats
d'organes), des produits non chimiquement définis ou "souches pour
biothérapiques".
Les animaux ou parties d'animaux font essentiellement l'objet d'une diagnose
à réception. Les teintures-mères, préparées
au 1/20par rapport au poids de l'animal, subissent des contrôles absolument
analogues à ceux décrit pour les teintures-mères d'origine
végétale. Les venins sont obtenus par l'intermédiaire d'organismes
spécialisés sous la forme de produits Iyophilisés et ont
une grande importance en homéopathie du fait de leur toxicité.
Les tests pratiqués autrefois (test d'hémolyse des globules rouges,
test d'intibition de la coagulation du jaune d'uf) sont remplacés
de nos jours par des tests réalisés par électrofocalisation,
qui permettent de séparer les protéines des venins, chacune se
déposant à son point isoélectrique. Les électrophorégrammes,
faits par comparaison à des témoins, permettent d'en déterminer
avec précision l'identité, de différencier les espèces
et de vérifier la reproductibilité de la souche dans le temps,
assurant ainsi au prescripteur une constance de la qualité du médicament.
Contrôle des souches
d'origine chimique, minérale ou organique
La souche est constituée par la substance elle- même qui servira
de point de départ aux dilutions. Ces substances ne posent pas de problème
particulier par rapport à celles utilisées classiquement en allopathie,
si ce n'est leur extrême diversité. Les contrôles effectués
par le laboratoire de chimie visent 2 objectifs: I'identification du produit
et la vérification de la pureté, critère primordial en
homéopathie (dosage, éléments étrangers). Les souches
d'origine minérale ou organique sont des substances chimiques que l'on
peut classer en plusieurs catogories:
Ies corps simples purs (Sulfur, Phosphorus...),
Ies sels chimiques purs (Argentum nitricum, Kalium phosphoricum...),
Ies complexes chimiques d'origine naturelle. En effet, dans certains
cas, I'usage homéopathique veut que l'on s'adresse au produit naturel
plutôt qu'au produit chimique pur (Natrum muriaticum = sel marin. Calcarea
carbonica = carbonate de calcium extrait de la couche moyenne de la coquille
d'huitre),
Ies produits ou mélanges définis par leur mode de préparation
(Hepar sullur, Causticum...).
Excipients et matériel
Véhicules, excipients, supports médicamenteux neutres, matériels
ou articles de conditionnement doivent être aussi rigoureusement contrôlés
que les matières premières ou souches homéopathiques afin
de garantir la qualité du médicament.
Le contrôle des véhicules ou excipients
Ce sont l'alcool, la glycérine, le saccharose, le lactose, la vaseline,
les glycérides hémisynthétiques, les granules inertes,
les globules inertes, les comprimés inertes... Ces substances ont des
monographies à la Phamacopée française, ce qui représente
le minimum de contrôle à effectuer. Elles peuvent être complétées
par des normes internes (par exemple microbiennes)
Le contrôle du matériel et des
articles de conditionnement
La nécessité s'impose de contrôler la qualité
du matériau de conditionnement afin d'assurer une conservation efficace
du médicament homéopathique. Des tests de compatibilité
contenu- contenant ont permis d'élaborer des cabiers des charges précis
et détaillés auprès des différents fournisseurs
afin de définir la qualité des matériaux.
Validation des techniques
de fabrication dilution - imprégnation
Le contrôle des dilutions
et la validation du procédé de déconcentrations hahneman-
niennes des souches
La démonstration que la déconcentration s'effectuait réqulièrement
d'une dilution à l'autre a été l'un des premiers soucis
des homéopathes. Dès 1961, Jean BOIRON créait la triple
imprégnation dont il montrait la supériorité sur la simple
imprégnation par des travaux scientifiques réalisés en
collaboration avec le Professeur CIER au moyen de produits radioactifs et mesurait
la réqularité de la déconcentration d'une dilution à
l'autre jusqu'à la 9 CH (BOIRON J. -1961).
Le contrôle de l'imprégnation
et la validation du procédé d'imprégnation des granules
et globules
L'imprégnation des granules et des globules dépend de deux
facteurs: la nature du support et la technique utilisée pour imprégner.
C'est également à Jean BOIRON, en 1961, que l'on doit d'avoir
pu montrer, toujours à l'aide de produits marqués, que le degré
d'imprégnation des granules dépendait en grande partie de la technique
utilisse pour les imprégner. Par la suite, les laboratoires pharmaceutiques
BOIRON ont mis au point une méthode simple de vérification de
l'imprégnation à l'acide picrique, méthode qui a été
adoptée par l'ensemble des laboratoires et admise à la Pharmacopée
française comme méthode officielle. De plus, une solution de chlorure
de magnésium peut également être utilisée, le dosage
s'effectuant par spectrophotométrie d'absorption atomique.
Ces techniques de validation sont appliquées sur les lots de granules
et de globules neutres, I'imprégnation test étant réalisée
dans les mêmes conditions que l'imprégnation médicamenteuse.
Ce contrôle permet:
- de vérifier la qualité des granules et des globules, par un
pourcentage de rétention supérieur à 90% (norme Pharmacopée)
- de valider le procédé de triple imprégnation en garantissant
une bonne répartition de la dilution sur le support (coefficients de
variation inférieurs à 2%).
Le contrôle rigoureux des substances de base, le respect
des Bonnes Pratiques de Fabrication, la validation des procédés
de fabrication garantissent la qualité et assurent la fiabilité
du médicament. Le laboratoire homéopathique BOIRON emploie aujourd'hui
2100 personnes dans le monde et axe sa stratogie de développement sur
deux points:
Ia poursuite du développement international
I'élargissement de la démarche homéopathique à
d'autres produits de santé (Nutrithérapie, oligo-éléments...)
B.BOUILLARD