Juin 1998 - n°29
Les laboratoires de l'entreprise Tezier
Tezier, entreprise semencière fondée en 1785, a été rachetée par le groupe Limagrain en 1979. Tezier est une société qui crée, produit et commercialise des semences potagères et florales destinées à des professionnels. Ce groupe doit sa réussite en partie à son centre de recherche, dans lequel l'entreprise investit chaque année près de 10% de son chiffre d'affaires soit environ quinze millions de francs. Deux principaux centres de production sont présents dans le monde : un en France et l'autre au Chili.
Cette société qui emploie 215 personnes est composée de six services : production, usine, commercialisation, administration, recherche et développement. Ce dernier a un rôle primordial pour promouvoir les nouvelles variétés (publicité) ainsi que pour prévoir l'évolution du marché.
Tezier est doté de différents centres de recherche en Europe (Espagne, Italie, France), dont le plus important est à Valence. Celui-ci couvre une surface totale de cinquante hectares dont deux hectares de serres et quarante trois hectares cultivés. Soixante personnes travaillent à temps plein sur le terrain et dans les trois laboratoires du site (cf tableau).
Le centre de Valence partage ces activités dans trois laboratoires complémentaires entre eux selon le domaine d'application.
Le laboratoire de pathologie
La création de nouvelles variétés chez Tézier s'organise autour de trois axes principaux : l'obtention de meilleurs rendements, l'amélioration de la qualité des fruits et légumes et la résistance aux parasites.
Pour satisfaire à cette activité de recherche diversifiée, le laboratoire de pathologie de Valence intervient à trois niveaux pour aider le sélectionneur dans son travail :
- un suivi épidémiologique des maladies afin de déterminer l'importance des parasites dans les diverses zones de cultures et déterminer ainsi les axes de recherche de résistance génétiques.
- la recherche de plantes résistantes "naturellement" aux parasites par le biais de croisements entre variétés sauvages et cultivées et l'utilisation de tests d'inoculation artificiel des pathogènes.
- la transformation génétique, c'est à dire l'introduction de gènes "non naturels", selon la technique du ribozyme brevetée par le groupe Limagrain. Une des réalisation les plus marquante de ce secteur est sans doute l'introduction d'un gène de résistance au virus CMV chez le melon. Après neuf ans d'effort, Tezier a obtenu l'autorisation de commercialisation au niveau national. Cependant, les instances européennes n'ayant toujours pas donné leur accord, le développement de ce produit sur le marché européen reste difficile. Victime d'une mauvaise image aux yeux du grand public, les produits transgéniques ont du mal à percer en Europe. Ceci est regrettable lorsque l'on sait que l'atout principal de ce type de cultures est d'éviter les traitements chimiques abusifs sur les plantes.
Le laboratoire de culture in vitro
L'avantage de la culture in vitro est de fixer du matériel génétique en utilisant les techniques de l'haplodiploïdisation. Le laboratoire travaille sur la mise au point et la réalisation de la transformation génétique.
Le laboratoire de contrôle Qualité
Voici détaillées les différentes techniques utilisées par le laboratoire de contrôle-qualité.
* Le laboratoire phytosanitaire étudie la transmission des maladies sur la graine (notamment grâce à la technique Elisa), et vérifie la qualité sanitaire des lots de semences. Il contribue d'autre part à la mise au point de traitements physiques (température...) et chimiques (produit fongique, désinfection...) nécessaires au bon état sanitaire de la graine.
A l'heure actuelle, Tezier applique une politique de vigilance afin de garantir un état sanitaire optimum de ses graines bien qu'aucune réglementation précise n'existe dans ce domaine.
* Le contrôle génétique consiste en deux vérifications : la pureté génétique et l'identité de la variété. La pureté génétique des hybrides est contrôlée par :
- des tests de pathologie, dont l'intérêt principal est la simplicité de réalisation ;
- la comparaison des zymogrammes électrophorètiques des différentes protéines des plantes parentales et de l'hybride ;
- le marquage moléculaire : techniques PCR, RAPD.
L'identité variétale est quant à elle déterminée grâce à :
- des tests de pathologie (dans le cas de résistance génétique originale) ;
- des tests en laboratoire, comme le marquage moléculaire permettant de mettre en évidence la présence d'une séquence précise recherchée ;
- des tests en plein champs (en France et au Chili).
Ces précautions sont nécessaires car Tézier se doit de respecter à la lettre sa charte qualité stipulant que l'agréage d'un lot n'a lieu que si l'hybride est suffisamment pur pour être ensuite commercialisé.
* Le dernier aspect de contrôle qualité concerne la germination. Le laboratoire dénombre actuellement 70 000 analyses par an, ce qui représente sept millions de graines testées. Dix personnes pratiquent ces tests nécessaires à l'agréage des lots de semences. Les différentes opérations effectuées en usine, tel que le nettoyage ou le calibrage, peuvent modifier la physiologie de la graine, ainsi des contrôles sont réalisés après chacun de ces traitements physiques. Certains de ces tests sont fait en laboratoire, selon les méthodes officielles des règles ISTA. Toutefois, les techniques d'élevage en serre sont de plus en plus utilisées, reflétant davantage la réalité de la qualité d'un lot de semence du fait des conditions non optimales de germination.
Les laboratoires de contrôle qualité de Tezier ont toujours eu pour objectif d'apporter des résultats fiables aux essais réalisés. Pour prouver, de plus leur bon fonctionnement, l'objectif est d'obtenir la reconnaissance de l'exactitude du travail effectué. L'accréditation par le COFRAC (Comité Français d'Accréditation) en sera la preuve. Le projet d'application de la norme NF 45001, par le programme technique n°142 concernant la germination, doit aboutir à cette accréditation en 1998.
Si le souci d'apporter des résultats fiables a toujours été omniprésent, le souhait d'en apporter les moyens nécessaires pour instaurer la confiance est désormais l'objectif numéro un.
Géraldine Augiseau
Stéphane Guibert
Thierry Landais