Janvier 2000 - n°44
Remise du Prix biomérieux 1999 - "Marqueurs de résistance aux antibiotiques, marqueurs de viabilité" en partenariat avec la Société Française de Biologie Clinique
Le prix biomérieux/SFBC 1999 a été remis le 25 novembre 1999 à Lille, dans le cadre des joumées scientifiques SFBC/INSERM, par le Docteur Sergyl LAFONT (Direction des Affaires Médicales - bioMérieux), à Madame le Docteur Marie-Cécile PLOY, Docteur en Pharmacie, Maître de Conférences des Universités-Praticien Hospitalier au Laboratoire de BactériologieVirologie-Hygiène, CHU Dupuytren à Limoges.
Ce prix récompense ses travaux de recherche sur la détection des marqueurs de résistance aux antibiotiques pour lutter contre les infections nosocomiales dans lesquelles les bactéries multirésistantes sont particulièrement impliquées. Afin de limiter ces infections, différentes stratégies doivent être conjointement mises en oeuvre : isolement des patients, prescription plus adéquate des antibiotiques, meilleure détection des mécanismes de résistance des bactéries aux antibiotiques. L'étude du mécanisme moléculaire des résistances et de leur support génétique permet de définir des outils épidémiologiques en vue de détecter et de prévenir la dissémination des gènes impliqués.
Une première partie des travaux récompensés a consisté en l'étude du support génétique de la résistance aux aminosides chez des bactéries responsables d'infections nosocomiales. Ceci a permis de mettre au point une technique d'amplification génique pour la détection des gènes de résistance aux aminosides par 6'-N-acétylation et d'appliquer cette technique à l'étude de la prévalence de ces gènes chez Acinetobacter, bactérie fréquemment impliquée dans les infections nosocomiales chez des patients en soins intensifs. Cette bactérie, de faible pouvoir pathogène, pose de réels problèmes thérapeutiques de par sa multirésistance aux antibiotiques.
D'autre part, l'étude de la résistance aux aminosides chez les autres bactéries à Gram négatif a permis de mettre en évidence un gène aac(6')-lb' chez une souche de Pseudomonas fluorescens, pathogène opportuniste affectant préférentiellement les sujets hospitalisés immunodéficients ou affaiblis. Cependant cette souche exprimait un phénotype ARC(6')-II. Il a été montré dans le cadre de cette recherche que ce changement de phénotype était dû à une mutation conduisant à une substitution d'acide aminé. Ce phénomène avait déjà été obtenu in vitro par des expériences de mutagenèse dirigée mais n'avait jamais été mis en évidence in vivo. Enfin, ces études sur la résistance aux aminosides ont permis la caractérisation d'un gène chromosomique codant pour une ARC(6')-I (enzyme d'inactivation des aminosides) chez Stenotrophomonas maltophilia, autre bactérie opportuniste fréquemment impliquée dans les infections nosocomiales.
Le Dr Marie-Cécile PLOY a ensuite caractérisé chez Enterobacter aerogenes un nouvel intégron (In40) contenant quatre gènes de résistance dont un gène de résistance au chloramphénicol et un gène de résistance aux antiseptiques non encore décrits. Les intégrons sont des éléments génétiques dont la caractéristique est de permettre une grande mobilité des gènes, ce qui explique la facilité de dissémination de la résistance aux antibiotiques.
Une deuxième partie de ces travaux sur les marqueurs de résistance a porté sur la résistance à la vancomycine des bactéries à Gram positif. En effet, la vancomycine est parfois la seule possibilité thérapeutique dans des infections dues à des Staphylococcus aureus, résistants à la méticilline, très fréquents dans la majorité des pays, ou à des entérocoques progressivement résistants à cet antibiotique et constituant un réel problème épidémiologique aux Etats-Unis.
Cette étude a conduit à l'isolement de la première souche européenne de Staphylococcus aureus résistante à la vancomycine et elle a confirmé que le mécanisme de résistance identifié est différent de celui des résistances des entérocoques à cet antibiotique.
L'ensemble de ces travaux permettra de définir des outils de détection et de surveillance des résistances bactériennes pour des traitements antibiotiques plus adaptés et assurer une meilleure prévention des infections nosocomiales.
Rappelons que le Prix biomérieux/SFBC, d'une valeur de 40 000 Francs est décerné tous les deux ans. Cette année, pour la première fois, il est destiné à récompenser des travaux de recherche sur les marqueurs de résistance aux antibiotiques ou sur les marqueurs de viabilité. Cette nouvelle thématique est d'un intérêt majeur pour bioMérieux qui vise à renforcer ses programmes de recherche et développement dans le domaine du diagnostic des maladies infectieuses et du diagnostic moléculaire.
Le jury du Prix biomérieux/SFBC composé de 5 personnes, comprenait des membres de la Société Française de Biologie Clinique, dont son Président, des représentants de sociétés savantes, et un représentant scientifique du Directeur Général de biomérieux.