La société EUROBIO SA est spécialisée dans le traitement des pollutions par voie microbiologique. A l'origine de cette jeune entreprise créée l'été dernier sur le Techniparc du Millénaire à Montpellier, un scientifique et un commercial qui, après plusieurs années d'expérience dans le domaine des biotechnologies appliquées à l'environnement, ont décidé de monter leur propre structure.
Aider la nature
Les microorganismes, et en particulier les bactéries, interviennent en permanence pour dégrader déchets végétaux, cadavres animaux, hydrocarbures, graisses, etc ... Depuis des millénaires, la nature a ainsi développé des procédés naturels de transformation des résidus qui en petite quantité sont parfaitement biodégradés et entrent dans les grands cycles biogéochimiques (carbone, azote, oxygène, soufre...). Les phénomènes de concentrations urbaines et industrielles ont généré un déséquilibre entre les déchets produits et l'outil biologique disponible naturellement entraînant de nombreuses pollutions chroniques et/ou accidentelles : rejets urbains et industriels, terres polluées, lisiers animaliers... Pour faire face à ces pollutions, différentes solutions traditionnelles existent mais elles présentent toutes des inconvénients majeurs, l'incinération est coûteuse, la mise en décharge (quand elle est encore tolérée) et le traitement physico-chimique ne font que déplacer la pollution. La décontamination par voie microbiologique est une bonne alternative à ces procédés et permet pour un coût modique d'éliminer la pollution organique. "Fruit de la recherche en microbiologie et de l'expérience de terrain, EUROBIO a développé des bactéries spécialisées afin d'apporter sur le site pollué le bon outil biologique en grande quantité dans le but d'aider la nature à biodégrader cette pollution en un temps record" explique Thierry Marquis, directeur technique de la société, diplômé d'un troisième cycle en microbiologie appliquée. La maîtrise de cet apport massif d'outil biologique spécialisé est appelée bio-augmentation. Cette technologie se concentre sur la production de bactéries spécifiques intervenant dans deux cycles biochimiques principaux, le cycle du carbone (pour traiter les pollutions par les graisses, les hydrocarbures et dérivés) et celui de l'azote (dans le cas des pollutions sources d'ammoniac et de nitrates comme les lisiers). Les bactéries sont sélectionnées en raison de leurs "performances " métaboliques qui peuvent être des sécrétions enzymatiques particulières, des résistances aux agressions environnementales (pH, température, salinité...) ou encore un taux de croissance élevé. "Notre savoir-faire repose sur notre maîtrise à isoler, sélectionner, adapter, multiplier des bactéries et les appliquer sur le terrain dans les meilleures conditions" précise Thierry Marquis, "les bactéries que nous utilisons ne sont pas modifiées génétiquement et appartiennent à la classe I de la classification de l'European Federation of Biotechnology (EFB), c'est-à-dire qu'elles sont non pathogènes vis-à-vis de l'homme, la flore et la faune".
La culture sur site, la véritable bio-augmentation
L'efficacité d'un traitement par voie microbiologique est liée à l'implantation d'un grand nombre de bactéries spécialisées sur le site pollué. En effet, la colonisation d'un milieu à dépolluer ne peut se faire que si ces bactéries sont en nombre suffisant par rapport à la population bactérienne naturelle déjà présente. "Le but de ces produits biologiques spécifiques est de coloniser un milieu non stérile qui contient au moins environ 1.106 bactéries /ml d'effluent" ajoute Thierry Marquis. La force d'Eurobio est d'avoir développé, quelle que soit l'application, des procédés de culture sur site par bioréacteur afin d'ensemencer 100 à 1000 fois plus de bactéries que ce qui se pratiquait jusqu'à ce jour dans la discipline.
La maîtrise d'un producteur
C'est la connaissance parfaite de ses souches en tant que producteur qui permet à Eurobio de proposer les nutriments adaptés à la culture sur le terrain en vue d'un traitement biologique fiabilisé. Tous les produits Eurobio sont fabriqués sur le site de Montpellier où le schéma général de production est le suivant : les souches bactériennes -conservées lyophilisées et sur géloses- sont placées en pré-culture à l'étuve dans des fioles puis ensemencées dans un fermenteur de laboratoire de 20 litres avant de rejoindre l'un des deux fermenteurs de l'unité de production (800 et 5000 litres). Les produits sont présentés en liquides ou en poudres (les solutions bactériennes sont alors adsorbées sur des supports spécifiques). L'unité de fermentation de la société présente une capacité de production de 50 tonnes/an de concentrats liquides (1.109 bactéries/ml), 2 tonnes/an de concentrats en poudres (1.109 bactéries/g) et 20 tonnes de produits finis en poudres (1.107 bactéries/g). Chaque lot est soumis à différents contrôles qualité : observation microscopique, numération flore totale, identification des souches, confirmation de l'activité protéolytique, lipolytique (selon les cas)...
Les applications de la bio-augmentation
"Les bacs à graisses, les canalisations, les graisses de collecte, les stations d'épuration urbaines et industrielles, les lisiers, les compostages, les terres polluées sont nos principaux domaines d'intervention" explique Rodrigo Meier, PDG d'Eurobio.
Procédé de digestion biologique aérobie à forte charge des triacylglycérols
Le traitement biologique des graisses constitue un point fort d'Eurobio. "Si certaines pollutions sont largement médiatisées (marées noires, lisiers de porcs...) d'autres le sont moins et sont pourtant une charge importante pour les collectivités et les industriels. C'est le cas des graisses où le déversement des résidus graisseux issus des restaurants, collectivités, industries agro-alimentaires dans les réseaux d'égouts et stations d'épuration constitue un problème majeur de pollution organique" précise Thierry Marquis. La législation impose d'implanter un système de pré-traitement (pas toujours très efficace) qui a pour but de retenir les graisses qui sont ensuite pompées par des professionnels et détruites par incinération pour éviter les relargages dans les réseaux. Eurobio a développé des traitements biologiques in situ des graisses en provenance des industries agro-alimentaires, bacs à graisses, stations d'épuration, réseaux d'égout et fosses de relevage. Ces procédés de biodégradation des graisses associent les biosurfactants (produits par les bactéries sur le site même, ils facilitent le contact entre les bactéries et les graisses), les microorganismes (particulièrement adaptés à la dégradation des graisses agro-alimentaires ou triacylglycérols) et les nutriments (ils soutiennent et assurent un travail biologique complet). Cette synergie permet une biodégradation performante et donc un dimensionnement réduit en génie civil. "D'implantation simple, nos procédés assurent ainsi un coût de traitement des graisses inférieur à ceux des moyens traditionnels avec un indice gras dans l'effluent rejeté conforme à la réglementation" confirme Thierry Marquis.
"Après près d'un an d'activité, nous pouvons aujourd'hui envisager sereinement, à l'image de la croissance bactérienne, un développement exponentiel de notre société. La fiabilité de nos procédés nous a en effet permis de signer des contrats importants avec des entreprises de l'agro-alimentaire, de la pétrochimie, des sociétés prestataires de services 3 D (Désinfection, Dératisation, Désinsectisation), des entreprises de curage et des grands distributeurs auprès des industries" conclut Rodrigo Meier.
V. CROCHET
Contact :
Eurobio SA
Thierry Marquis