Mars-2001- n°56
ApoH-technologies
une jeune société innovante sur le marché de la détection des micro-organismes en santé humaine et animale, environnement et agro-alimentaire
La protéine plasmatique humaine ApoH est capable de se lier avec de nombreux micro-organismes pathogènes (bactéries, virus et parasites). La société ApoH-technologies s'appuie sur les propriétés étonnantes de cette protéine pour s'attaquer au marché des tests de diagnostic biologique et plus particulièrement dans un premier temps au secteur de l'analyse médicale.
L'ApoH a été découverte il y a quelques années au sein du service de fractionnement du Centre de Transfusion Sanguine de Montpellier "nous travaillions sur un problème de purification d'albumine et nous avons isolé cette protéine, trois brevets avaient alors étaient déposés suite à ces travaux" explique Ilias Stefas, Docteur en Biochimie, ancien responsable du fractionnement et aujourd'hui à la tête d'ApoH-technologies. Lors du remaniement des Centres de Transfusion Sanguine, le service de fractionnement ferme ses portes et l'IRD, intéressé par le potentiel de cette protéine, acquiert la licence exclusive des trois brevets et propose à Ilias Stefas de continuer ses recherches. C'est ainsi que, vacataire IRD sur une aide de l'ANVAR, le chercheur a poursuivi ses investigations concernant l'ApoH. Des travaux qui ont donné lieu à trois dépôts de brevets supplémentaires et à la création d'ApoH-technologies en mars 2000. Accompagnée par l'IRD qui joue le rôle d'incubateur, la société démarre alors avec pour principaux actionnaires les inventeurs des six brevets sur lesquels elle appuie son activité. En décembre dernier, ApoH-technologies a franchi une étape dans son développement en absorbant la société parisienne HELIX Biotechnologie, fournisseur de réactifs pour l'analyse médicale. "Cette fusion nous permet de bénéficier de leur expérience dans le domaine du diagnostic médical et de l'appliquer au développement de notre technologie innovante" se félicite Ilias Stefas, "la recherche finalisée avant l'étape d'industrialisation a notamment lieu sur Paris".
Le formidable potentiel de l'ApoH appliqué au diagnostic médical
ApoH-technologies vise en premier lieu le marché national et international des laboratoires d'analyses médicales publics et privés avec plusieurs mises sur le marché de kits diagnostic ces prochaines années. "En 2002, nous comptons sur l'obtention des AMM pour les kits Chlamydiae et hépatite B, en 2003 pour l'hépatite C et en 2004 pour les mycoplasmes" précise Ilias Stefas.
Si la faculté d'interaction de l'ApoH avec de multiples micro-organismes est déjà intéressante, la protéine présente une caractéristique qui la rend encore plus précieuse dans le domaine du diagnostic médical : elle reconnaît seulement les pathogènes à l'état infectieux, c'est-à-dire en cours de multiplication.
Ainsi, par exemple, le suivi du traitement des infections à Chlamydiae se fait actuellement par PCR, méthode qui présente l'inconvénient de rester positive pendant plusieurs semaines après le traitement car elle détecte encore des acides nucléiques circulant dans l'organisme alors qu'il n'y a plus de bactéries infectieuses. A l'opposé, la technologie ApoH ne détectera que les bactéries vivantes en cours de multiplication et donnera rapidement l'information sur l'efficacité du traitement. De la même façon, des études menées avec le CHU de Grenoble ont montré que par la liaison ApoH - virus de l'hépatite B on peut suivre précisément l'efficacité du traitement des malades atteints par cette infection virale. Par ailleurs, la sensibilité de la technique est bien meilleure que celle de l'hybridation largement utilisée actuellement et, autre avantage, l'apoH reconnaît les virus de l'hépatite B qui ont muté alors que l'hybridation ne le permet pas. Pour l'hépatite C, la mise sur le marché de cette nouvelle technique permettra de répondre à une forte demande du corps médical qui ne dispose actuellement que de tests sérologiques basés sur la détection des anticorps et non pas de la particule virale elle-même. On le voit, l'utilisation de l'apoH dans le diagnostic médical présente plusieurs avantages et notamment celui de proposer, à travers un seul kit, la détection de multiples pathogènes puisque tout dépendra de la révélation. "Nous commercialiserons des plaques sur lesquelles l'ApoH sera fixée, le sérum du patient sera ajouté et la révélation se fera à l'aide d'anticorps monoclonaux spécifiques aux pathogènes recherchés. La méthode sera facilement automatisable et polyvalente" confirme Ilias Stefas.
Des kits prometteurs qui devraient permettre à la jeune entreprise montpelliéraine d'atteindre un chiffre d'affaires de 30 MF d'ici fin 2005. Et si l'utilisation de l'ApoH en santé humaine est le secteur d'activité le plus avancé d'ApoH-technologies, la société travaille sur d'autres domaines d'applications car les possibilités d'utilisation de l'ApoH semblent très étendues et pourraient rapidement intéresser l'agro-alimentaire, l'environnement et la santé animale. L'ApoH est à la base d'une technologie émergente qui est loin d'avoir révélé tout son potentiel.
V. CROCHET
Contact :
Ilias Stefas