Mai 2001 - n°58

FLUO et TxCell : 2 entreprises nouvelles sur le marché de la recherche appliquée.

Parmi les lauréats de la promotion 2001 des Tremplins de la Fondation Aventis - Institut de France, figurent trois types d'entreprises : les sociétés prestataires de services, celles dédiées à la recherche appliquée et celles spécialisées en bioinformatique. C'est aux 2 entreprises créées sur le marché de la recherche appliquée que nous nous intéresserons tout particulièrement aujourd'hui.

La première, FLUO, est basée à Strasbourg et s'illustre dans le domaine de la pharmacologie.

La seconde, implantée à Nice au sein de l'Hôpital de l'Archet, porte le nom de TxCell ; elle s'est spécialisée sur le secteur de la thérapie cellulaire.

FLUO pour la recherche et la valorisation de ligands des récepteurs orphelins

L'équipe :

Ils sont 7 - âgés de 24 à 50 ans - à avoir uni leur expérience et leur savoir-faire pour mettre en place, à Strasbourg, le projet de création d'entreprise FLUO :

- Dr Christelle FRANCHET,

- Dr Fabrice GUILLIER, tous deux ingénieurs de recherche à la valorisation

- Arnaud COCHIN, ingénieur Ecole Centrale de Paris

- Dr Jean-Luc GALZI, chargé de recherche CNRS, UPR 9050

- Pr Marcel HIBERT, Professeur à la Faculté de Pharmacie de Strasbourg, Directeur du Laboratoire de Pharmacochimie de la Communication Cellulaire, UMR CNRS 7081

- Dr Franc PATTUS, Directeur de Recherche CNRS, Directeur du Département des Récepteurs et Protéines Membranaires, UPR CNRS 9050

- Dr Jérôme Gabard, consultant BioClavis-Conseil

Le contexte scientifique et technologique :

"Le lundi 26 juin 2000 est un jour que les scientifiques du monde entier ont marqué d'une "pierre blanche" : près d'un millier d'entre eux se sont rassemblés pour dévoiler la quasi-totalité de la carte génétique de l'Homme. Cinq ans plus tôt que prévu", expose M. PATTUS.

La publication du "grand livre de la vie" a ouvert de fabuleuses perspectives médicales, mais il ne s'agit là que d'une étape vers une meilleure connaissance de l'Homme et vers la découverte de nouveaux traitements. Cette carte du génome humain permet simplement aux généticiens du monde entier de s'atteler désormais à la lourde tâche d'identifier tous nos gènes, un par un.

"Le décodage de cette carte génétique doit aboutir, selon les estimations actuelles, à l'identification de centaines de récepteurs cellulaires, véritables portes d'entrée pour agir sur l'organisme", indique Christelle FRANCHET, porteur du projet "FLUO". Chacun de ces récepteurs constitue en effet une cible potentielle pour de nouveaux médicaments. Mais, la fonction de ces sites est aujourd'hui inconnue : c'est la raison pour laquelle les scientifiques les qualifient "d'orphelins".

Un savoir-faire spécifique et une technologie brevetée :

L'équipe strasbourgeoise se propose précisément de rechercher quelles molécules (ou "ligands") se fixent sur ces récepteurs orphelins et de découvrir l'implication de ces récepteurs dans les fonctions normales et pathologiques de l'organisme.

Pour ce faire, une technologie originale, brevetée, est utilisée. Cette méthode permet d'observer directement, par spectroscopie de fluorescence, la liaison de la molécule testée avec son récepteur.

L'objectif de "FLUO" est d'identifier des ligands pour des récepteurs orphelins et de les amener aussi loin que possible dans la filière du médicament. Axe thérapeutique privilégié : le système nerveux central.

Soulignons qu'à l'heure actuelle, seuls 500 récepteurs membranaires sont connus et qu’environ une centaine est exploitée à des fins thérapeutiques.

Contact :

FLUO

Christelle FRANCHET

Jerôme GABARD

 

 

TxCell, pour le développement de la thérapie cellulaire dans le domaine des maladies auto-immunes et inflammatoires

L'équipe lauréate des Tremplins 2001 pour le projet TxCell est constituée de trois chercheurs : Hervé GROUX - 38 ans, docteur vétérinaire et docteur es Science de l’Université de Lille, chargé de recherche à l’INSERM U343 à Nice, Françoise COTTREZ - 42 ans, Ingénieur de Recherche à l’INSERM - U343 Nice, et Nathalie MAZURE - 34 ans, docteur es Science de l'Université de Compiègne, postdoctorat à l’Université de Stanford (CA-USA) et au CEREMOD à Meudon — CNRS UPR9078. Le site choisi pour le lancement des activités de leur entreprise est l’Unité U343 du Pr A. BERNARD à Nice.

Pour se protéger des infections, le corps humain possède un puissant dispositif de défense : le système immunitaire.

"Mais parfois, sans raison apparente, - nous explique F. COTTREZ-, celui-ci se retourne contre l'organisme qu'il est supposé protéger. Or, aujourd'hui, il n'existe pas de remède réellement efficace contre ce qu'on appelle "les maladies auto-immunes". Impossible, en effet, de se " vacciner contre soi-même".

La seule parade, face à ces affections, consiste à inhiber le système immunitaire. Mais, lorsqu'il est traité par des médicaments "immunosuppresseurs", le patient se retrouve sans défense contre les infections que le système immunitaire devait justement combattre. Il est donc essentiel de mettre au point un traitement moins radical, capable de neutraliser les cellules malades, tout en préservant l'essentiel des moyens de défense.

C'est à cet objectif que sont parvenus Hervé GROUX, Françoise COTTREZ et Nathalie MAZURE.

Ils savent en effet activer sélectivement le système immunitaire. Les premiers patients qu'ils espèrent guérir grâce à leur méthode souffrent de la maladie de Crohn, une grave affection digestive d'origine auto-immune : 60 000 malades en France actuellement. Ils traitent déjà sans problème des modèles de souris atteintes par la maladie.

La technologie innovante de TxCell est basée sur l’utilisation de cellules Ti dirigées spécifiquement vers les sites d’inflammation où elles vont délivrer leurs composés immunosuppresseurs et anti-inflammatoires. Le principe est très simple : le sang est prélevé sur le malade et les lymphocytes T sont séparés, certaines cellules du système immunitaire, les lymphocytes Ti (inhibiteurs de la réaction inflammatoire) sont ensuite stimulées spécifiquement en fonction de la pathologie ciblée. Les cellules Ti sélectionnées sont ensuite cultivées, puis réinjectées au même patient.

"Reste à laisser faire Dame Nature…", commente alors M. GROUX. "Les lymphocytes Ti se dirigent spontanément vers l'organe malade (le tube digestif, dans le cas de la maladie de Crohn). Il suffit alors de nourrir le patient avec la protéine adéquate pour stimuler précisément les cellules immunitaires préparées par l'équipe TxCell. Les lymphocytes Ti reconnaissent l’antigène, se "réveillent" et luttent contre le mal, en fabricant des substances aux propriétés immunosuppressives (des cytokines)."

"Nous espérons ainsi traiter d'ici 2005 des personnes atteintes de la maladie de Crohn …", pronostique Nathalie MAZURE."… puis, des patients atteints d'autres affections auto-immunes, comme la sclérose en plaques, le psoriasis, l'asthme et la polyarthrite rhumatoïde".

Rapidement, les trois chercheurs entendent se consacrer à la robotisation de leurs cultures de lymphocytes T régulateurs, la vocation de la société TxCell visant en effet à développer industriellement la thérapie cellulaire, du laboratoire jusqu'au malade.

Contact :

TxCell

Nathalie MAZURE

 

 

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