Février 2002 - n°65
AbTECH
La technologie des anticorps anti-idiotypiques pour de nouvelles thérapies
contre des pathologies majeures liées à l'angiogenèse
La start-up française AbTECH est spécialisée dans la synthèse d'anticorps anti-idiotypiques, des anticorps mimétiques de certaines propriétés bien définies d'une protéine. AbTECH met en œuvre cette stratégie pour développer des thérapies innovantes contre des pathologies liées à l'angiogenèse c'est-à-dire la formation de nouveaux vaisseaux sanguins. L'angiogenèse, quand elle s'emballe, est un processus impliqué dans diverses maladies graves comme les tumeurs cancéreuses solides, les inflammations chroniques ou les rétinopathies. A l'inverse, l'angiogenèse est souhaitable pour régénérer les vaisseaux sanguins dans les cas de maladies coronariennes ou d'ischémie cardiaque. AbTECH, avec sa stratégie d'anticorps anti-idiotypiques, met au point de nouvelles thérapies anti-angiogéniques et pro-angiogéniques, le domaine du cancer étant le plus avancé avec deux produits actuellement en phase d'essais précliniques. La société a été créée en 1997 par un spécialiste en management et financement international, Alain Guédon, et un chercheur de renommée internationale, Jean Plouët, dont les travaux sont directement à l'origine des avancées scientifiques et technologiques décisives d'AbTECH. Frédérique Collaro, Docteur en médecine, spécialiste des essais cliniques, a rejoint ensuite l'équipe dirigeante. Les bureaux de la société sont localisés à Paris tandis que les laboratoires sont situés dans la structure d'accueil dédiée aux start-ups de l'Institut de Pharmacologie et Biologie Structurale (IPBS) de Toulouse, une unité CNRS dans laquelle Jean Plouët, le directeur scientifique d'AbtechAbTECH, est le responsable d'une équipe de recherche.
AbTEC® (Antibodies Targeting Endothelial Cells ) : la technologie innovante d'AbTECH pour développer des thérapies anti ou pro-angiogéniques
Au cours de l'angiogenèse, les cellules endothéliales des vaisseaux sanguins passent d'un état quiescent à un état activé et sont alors capables de recevoir le signal de multiplication. Alors qu'il était chercheur à l'Université de San Francisco, Jean Plouët a fait une découverte importante dans le domaine de l'angiogenèse : il est le co-inventeur du VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor), le facteur de croissance majeur impliqué dans ce processus. Le VEGF vient se lier à des récepteurs membranaires (VEGF-R2) présents à la surface des cellules endothéliales angiogéniques afin d'être internalisé puis d’induire la multiplication cellulaire. Ces récepteurs VEGF-R2 sont des récepteurs ubiquitaires exclusifs des cellules angiogéniques, des caractéristiques qui en font des marqueurs spécifiques de ces cellules et des portes d'entrée potentielles pour des agents thérapeutiques. AbTECH a synthétisé des anticorps monoclonaux anti-idiotypiques agonistes du VEGF-R2 : injectés dans la circulation sanguine, ils sont reconnus par les récepteurs puis internalisés au même titre que le VEGF.
Les tumeurs cancéreuses : la cible prioritaire d'AbTEC®
Dans les cancers, le mécanisme de l'angiogenèse est activé
par la tumeur elle-même qui, pour s'alimenter, envoie des signaux aux
vaisseaux sanguins environnants. Dans le domaine du diagnostic et du traitement
des tumeurs cancéreuses, le principe est d'associer les anticorps mimétiques
du VEGF synthétisés par AbTECH avec un agent marqueur ou thérapeutique
afin de transporter ces principes actifs sur le lieu même de la tumeur
au sein des cellules. AbTECH utilise l'image du missile et de la bombe pour
illustrer le mécanisme d'action de sa technologie : tels des missiles,
les anticorps mimétiques du VEGF sont attirés et guidés
par les cellules endothéliales angiogéniques et internalisés
dans ces cellules par les récepteurs VEGF-R2, points d'entrée
spécifiques du développement tumoral. Si ces missiles sont liés
à une bombe (molécule cytotoxique, agent de chimiothérapie,
radio-isotope, gène…), ils délivrent ces bombes à
l'intérieur des cellules endothéliales. Celles-ci sont détruites
ainsi que les cellules tumorales aux alentours. Cette technologie apporte
de nombreuses avancées scientifiques dans la mise au point de thérapies
innovantes plus efficaces et moins toxiques contre le cancer. Les cellules
endothéliales ciblées présentent l'avantage d'être
facilement accessibles et de ne pas muter, contrairement aux cellules cancéreuses.
De plus, il y a un effet décuplé puisque la destruction d'une
cellule endothéliale entraîne environ la mort d'une douzaine
de cellules cancéreuses. Autant d'avantages décisifs pour la
technologie AbTEC® sur le marché mondial du traitement et du diagnostic
des cancers, un marché qui devrait atteindre 14 milliards de $ en 2005.
La société n'a aucun concurrent direct sur cette technologie
de pointe. De nombreuses firmes travaillent au développement d'anticorps
marqueurs des cellules cancéreuses avec les problèmes liés
à l'accessibilité, à la spécificité et
à la mutation des marqueurs, tandis que d'autres se focalisent sur
la mise au point d'agents anti-angiogéniques c'est-à-dire d'anticorps
bloquants anti-VEGF. Une technique qui bloque l'angiogenèse et le développement
des tumeurs, mais ne permet pas leur régression comme avec la technologie
AbTEC®. Deux produits associés à des agents de radiothérapie,
l'un à usage thérapeutique et le second à des fins diagnostiques,
vont entrer en phase d'essais cliniques I/II dans les prochains mois.
"Nous sommes confiants dans les résultats car nos anticorps
monoclonaux anti-idiotypiques du VEGF combinés à des agents
cytotoxiques ou diagnostiques ont montré une grande efficacité
et une absence de toxicité chez la souris et nous savons que le mécanisme
d'action VEGF - VEGF R2 est très conservé d'une espèce
à l'autre" explique Alain Guédon, Président
Directeur Général d'AbtechAbTECH.
Des premiers résultats prometteurs qui, s'ils sont confirmés
par les essais cliniques, permettront à AbTECH d'aborder l'étape
de cession de licences à des grands groupes pharmaceutiques dans les
meilleures conditions financières dès l'année 2003.
A partir de ces anticorps mimétiques du VEGF, d'autres développements
thérapeutiques sont envisagés pour lutter contre l'angiogenèse
impliquée dans des maladies comme la dégénérescence
maculaire liée à l'âge (DMLA), la rétinopathie
diabétique ou l'arthrite rhumatoïde. A l'inverse, la technologie
AbTEC® peut également être valorisée dans les pathologies
cardio-vasculaires, où il s'agit de relancer l'angiogenèse pour
revasculariser des tissus. Des applications potentielles multiples pour cette
technologie unique brevetée par le CNRS et pour laquelle AbTECH détient
une licence mondiale exclusive d'exploitation.
Un second tour de table de 5 millions d'euros
La stratégie anti-idiotypique d'AbTECH va au-delà des anticorps mimétiques du VEGF, le portefeuille de brevets et de licences de la société porte également aujourd'hui sur trois autres produits. Avec l'un de ces anticorps, AbTECH pourrait à plus long terme s'attaquer aux problèmes des rejets de greffes d'organes et de tissus. Dans l'immédiat, la société procède à son second tour de table auprès de sociétés internationales de capital-risque pour assurer les essais cliniques de ses deux premiers produits.
V. CROCHET
Contact :
Alain Guédon