Juin 2002 - n°69
Un projet devient réalité :
La société TcLAND, auteur et propriétaire d’une méthode
novatrice pour l’analyse de la réponse immunitaire, voit officiellement
le jour…
Le projet TcLand a germé au sein du laboratoire ITERT/INSERM
U437 du Pr Jean-Paul SOULILLOU à Nantes. A l’origine de ce projet
: les premiers résultats très prometteurs d’une nouvelle
méthode d’analyse de la réponse immunitaire, mise au point
en interne : TcLandscape et toute l’énergie et le savoir-faire
de trois chercheurs : le Pr Jean-Paul SOULILLOU, directeur de l’unité
INSERM U437, Sophie BROUARD et Marina GUILLET, respectivement chargée
de recherches CNRS et doctorante en immunologie, au sein de cette même
unité.
“ Une 4ème personne - M. Bernard VANHOVE, chargé
de recherche CNRS - a par ailleurs rejoint notre équipe depuis peu
”, précise Marina GUILLET. “ De même, il est
important de souligner le soutien, dès les premières étapes
de notre projet, de l’incubateur nantais ATLANPOLE et notre collaboration
avec une société de conseil en stratégie et management.
”
Lauréate des Tremplins 2002 de la Fondation Aventis – Institut
de France (cf notre article paru en mars 2002), la société TcLand
sera officiellement créée à Nantes en Septembre 2002. Marina
GUILLET, porteur du projet TcLand devant le Jury des Tremplins, nous invite
à entrer dans les coulisses de cette jeune entreprise.
De l’intérêt de suivre la mobilisation des lymphocytes T
Pour s’armer contre l’intrusion de substances
ennemies, l’organisme dispose d’un arsenal perfectionné capable
d’organiser des parades très efficaces : le système immunitaire
et ses défenseurs, les lymphocytes T.
Armés de récepteurs chargés d’identifier les intrus
(antigènes), les lymphocytes T sont à l’origine du déploiement
de l’artillerie immunitaire qui aboutit à l’élimination
des corps étrangers ; leur mobilisation est donc le signe de la résistance
de l’organisme aux agressions.
Aujourd’hui, de nouvelles thérapies proposent d’exploiter
ces systèmes naturels de défense de l’organisme en stimulant
la réponse des lymphocytes contre les tumeurs ou, au contraire, en supprimant
la mobilisation des cellules responsables de réactions immunes non souhaitées,
ou encore en favorisant l’action de lymphocytes spécifiquement
entraînés à reconnaître tel ou tel intrus :
“ les perspectives des immunothérapies sont réellement
séduisantes ”, explique Marina GUILLET. “ mais le
système immunitaire peut échapper au traitement ou y répondre
de manière erronée ; il est donc fondamental de suivre la réponse
des cellules T tout au long du traitement. Cette analyse permettra une meilleure
compréhension de l’évolution des maladies et pourra influencer
la décision d’un traitement ”.
C’est dans cette optique que l’équipe du Professeur
SOULILLOU a développé et breveté une nouvelle méthode
d’analyse de la réponse immunitaire, TcLandscape, dont le principe
consiste justement à suivre la mobilisation des lymphocytes T.
“ Mais constater que l’organisme recrute les lymphocytes ne
suffit pas : reste à savoir quel type de cellule est mobilisé,
pour savoir quel problème se cache derrière la réponse
immunitaire. Il ne s’agit pas de confondre une réaction due à
un simple rhume et à celle provoquée par un début de rejet
de greffe ”, insiste Marina GUILLET.
“ Connaître le récepteur du lymphocyte, c’est connaître spécifiquement l’agresseur ”
L’équipeTcLand s’est donc particulièrement
intéressée aux récepteurs des lymphocytes (TCR –
T Cell Receptor), dédiés à la reconnaissance des antigènes.
En fait, lorsque ces derniers entrent dans l’organisme, ils sont capturés
et fragmentés par des “ patrouilleurs ”, les cellules présentatrices
professionnelles, puis associés à une molécule particulière,
celle du Complexe Majeur d’Histocompatibilité (CMH), avant d’être
présentés aux lymphocytes. Une fois que les récepteurs
de la cellule T ont reconnu la molécule de CMH, ils examinent le fragment
intrus et apprennent à le reconnaître, engageant alors les forces
du système immunitaire précisément contre ce mal.
“ Connaître le récepteur du lymphocyte, c’est connaître
spécifiquement l’agresseur ” et c’est précisément
ce principe que permet d’exploiter la nouvelle méthode mise au
point par TcLand.
“ Notre méthode TcLandscape permet d’appréhender
les cohortes de cellules T impliquées dans la lutte et d’apprécier
l’importance de chaque bataillon ”, souligne Marina GUILLET.
Pour simplifier la lecture des résultats, l’équipe du Professeur
SOULILLOU a développé un logiciel visualisant à la fois
la taille de chaque population cellulaire et les anomalies éventuelles
des récepteurs. Il s’agira alors d’associer une pathologie
à un profil donné.
la méthode TcLAND a déjà fait ses preuves…
TcLand a en effet déjà permis de suivre l’effet
d’une vaccination sur des patients atteints de mélanome et celui
d’une thérapie sur des personnes infectées par le SIDA.
“ Notre projet a très tôt intéressé le
National Institute of Health (NIH) américain qui prévoit maintenant
l’ouverture potentielle d’un “ core laboratory ” dédié,
entre autres, à l’étude des patients souffrant de maladies
auto-immunes ”, se félicite Marina GUILLET.
Soulignons que plusieurs autres collaborations de recherche se poursuivent,
déjà initiées avant la création officielle de la
société avec l’équipe INSERM du Pr SOULILLOU. En
parallèle des contrats de recherche qu’elle propose aujourd’hui
aux industriels de la pharmaceutique et des biotechnologies, TcLand entend bien
approfondir et étendre ses activités de recherche.
TcLand devrait recruter trois ingénieurs et autant de techniciens au
cours des trois prochaines années.
Pour en savoir plus :
Contact :
Marina GUILLET