Novembre 2002 - n°72
GENESCORE Start-up de biotechnologie spécialisée
dans la conception et la fabrication de puces oligonucléotides
Les puces à ADN ont fait une entrée remarquée dans la boîte
à outils de la biologie moléculaire. Leurs premiers développements
laissent en effet percevoir un énorme potentiel applicatif, mais beaucoup
d’améliorations restent encore à apporter, notamment en
termes de fiabilité.
C’est donc dans l’optique de mettre sur le marché du diagnostic
et de la recherche académique des puces à ADN plus performantes
que la société GENESCORE a été fondée il
y a quelques mois.
GENESCORE : l’histoire d’une collaboration
exemplaire entre équipes de recherche multidisciplinaires
Lauréate des Tremplins de la Fondation Aventis – Institut de France
2002, la société GENESCORE est l’aboutissement d’un
projet initié en juin 2001. A l’origine du projet : Luc TALINI,
Marie-Claude POTIER, J. ROSSIER, Patrick CHARNAY, Piotr TOPILKO, Pierre NASSOY
et Fabrice RICHARD, sept chercheurs de l’ESPCI (Ecole Supérieure
de Physique et Chimie Industrielles de Paris), de l’ENS (Ecole Nationale
Supérieure) et de l’Institut Curie. Sept chercheurs qui ont choisi
de valoriser la multidisciplinarité de leurs compétences au profit
d’une cause commune : la conception et la production de puces oligonucléotides.
« Dans le cadre d’une activité de R&D développée
à façon pour les PME et, plus précisément, pour
répondre à une demande spécifique sur les biomatériaux,
j’ai été amené, il y a quelques années, à
contacter l’équipe de M. ROSSIER», nous explique Luc TALINI,
docteur en physique, maître de conférence au laboratoire de neurobiologie
de l’ESPCI. «Nos collaborations se sont intensifiées
par la suite, quand a été formulée l’idée
de créer une entreprise pour valoriser la technologie de puces à
ADN…»
Un projet basé sur les avancées technologiques majeures enregistrées
en biotechnologie et qui s’inscrit parfaitement dans les nouvelles orientations
de recherche de l’ESPCI. “Depuis octobre 2000, de nouveaux axes
de recherche relatifs à la technologie des puces oligonucléotides
ont en effet été définis au sein de notre laboratoire ”,
précise Luc TALINI. “ face aux difficultés d’approvisionnement
auxquelles nous nous heurtions, nous avons dû très rapidement réfléchir
aux solutions qui nous permettraient de nous affranchir de ces contraintes.
Nous avons donc contacté différents partenaires, dont les spécialistes
de l’Institut Curie, afin d’envisager le développement de
nos propres puces à ADN… L’ENS s’est associée
à notre projet quelques mois plus tard, quand nos premiers supports ADN
ont été conçus et que l’étude de marché
a été lancée… ”
L’ESPCI, l’Institut Curie et l’ENS contribuent toujours au
développement des activités de GENESCORE, chacun des trois organismes
mettant à profit les savoir-faire et spécificités techniques
de ses équipes.
Des petits bijoux de technologie qu’il convient
d’optimiser…
Nouvelles venues sur le marché de la biologie moléculaire, les
puces à ADN sont appelées à devenir des auxiliaires de
choix pour les professionnels de la santé. “Elles pourront permettre
dès demain de déceler en un temps record la prédisposition
d’un patient au développement d’une maladie génétique,
de prévoir l’évolution de ses “ tendances ”
héréditaires (obésité, calvitie…) ou encore
de repérer la présence de micro-organismes dans l’eau, l’air
ou les aliments», nous explique M. Luc TALINI.
S’il existe aujourd’hui de nombreux types de puces, tous exploitent
le même procédé. Sur un support de quelques millimètres
carrés de côté sont fixés par réaction chimique
des hameçons ou “ sondes ” : de courts brins d’ADN
dont la séquence, c’est-à-dire l’agencement particulier
des quatre bases A-T, C-G, est parfaitement connu. La puce est placée
en présence de l’échantillon à analyser, préalablement
marqué par fluorescence : les “ hameçons ” d’ADN
greffés à la surface de la puce “ pêchent ”
les séquences complémentaires présentes dans l’échantillon
(hybridation). Après avoir été rincée, la puce est
éclairée par le laser d’un scanner qui active les marqueurs
fluorescents : on obtient ainsi l’image des séquences pour lesquelles
la complémentarité a fonctionné.
Petits bijoux de technologie combinant le savoir-faire de la biochimie, de l’électronique
et de l’informatique, les puces à ADN actuelles ne sont pourtant
pas parfaites. Leur principal défaut : le manque de fiabilité.
Le rendement de l’hybridation restant faible, les chercheurs sont en effet
contraints d’utiliser beaucoup de matériel génétique
pour obtenir des mesures valides.
“ Le problème provient notamment du support utilisé
pour le greffage des oligonucléotides ”, explique Luc TALINI.
“ Il faut en effet que le matériau utilisé accroche
bien ces brins d’ADN tout en leur laissant une mobilité suffisante
pour qu’ils restent accessibles pour l’hybridation. Il doit, en
outre, être le moins réactif possible aux matériaux en solution,
afin de ne pas brouiller les analyses. ”
Délicate équation que GENESCORE se propose de résoudre
grâce à la mise au point d’un procédé permettant
de préparer la surface de lames de verre destinées au greffage
d’oligonucléotides. La recette de fabrication du matériau
support, validée et testée avec succès sur plusieurs gènes
d’intérêt biologique, a fait l’objet d’un dépôt
de brevet en février 2002.
Meilleure sensibilité, reproductibilité
parfaite… : des atouts incontestables et un avenir prometteur pour GENESCORE
Le procédé GENESCORE fait appel à la chimie de surface
et aux possibilités de greffage de molécules qui y sont associées
; un domaine dans lequel l’Institut Curie possède d’excellents
spécialistes ! Ce sont eux qui ont su formuler une molécule capable
d’écarter l’oligonucléotide de la surface de la puce
tout en assurant une liaison covalente.
Ainsi la technologie GENESCORE apporte de nombreux progrès par rapport
aux techniques classiques. Elle offre en particulier l’avantage d’une
plus grande sensibilité ; «même les gènes faiblement
exprimés peuvent être étudiés», commente
M. TALINI. "Elle est en outre parfaitement reproductible, facile à
mettre en œuvre et les lames de verre préparées peuvent être
conservées plusieurs semaines… ”
Autant de caractéristiques intéressantes qui offrent à
GENESCORE des perspectives de développement très prometteuses.
Deux champs d’investigation structurent le déploiement de ses activités
: d’une part, la production de puces de quelques centaines de gènes,
dédiées à l’étude des mécanismes spécifiques,
tels que ceux régissant la neurotransmission ou les facteurs de transcription
; d’autre part, la conception et la réalisation de puces à
façon, à partir des gènes ciblés par une clientèle
constituée de laboratoires publics et privés.
«Notre métier est de produire et de commercialiser des puces à
ADN, qu’elles soient “ classiques ” et référencées
dans un catalogue, ou, développées à façon»,
confirme Luc TALINI. A cette mission première s’ajoute une autre
activité tout aussi importante : la R&D. «Notre objectif
étant en effet d’optimiser nos procédés afin de permettre
de diminuer la quantité de produits nécessaires à l’hybridation
et d’obtenir un meilleur marquage…»
L’équipe GENESCORE, aujourd’hui composée de 7 scientifiques,
devrait voir son effectif doubler dès la deuxième année
de fonctionnement. Parmi les profils recherchés : des technico-commerciaux,
biologistes, informaticiens, techniciens chimistes et physico-chimistes expérimentés
en chimie de surface.
"Il est important de mentionner l’aide financière et les
prestations de conseil dont nous avons pu bénéficier via l’incubateur
parisien AGORANOV et la Fondation Aventis ", insiste Luc TALINI. «Nos
objectifs ? : concrétiser les premiers contrats d’ores et déjà
en cours de négociation et étendre rapidement notre activité
à l’échelle internationale…»
Gageons que l’équipe GENESCORE saura mener à bien ses plans
de développement en valorisant au mieux ses atouts : une technologie
innovante et performante, un réseau de savoir-faire complémentaires,
un excellent support scientifique et… une motivation à toute épreuve
!
Contact :
GENESCORE
10, rue Vauquelin
75231 Paris Cedex 05
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