Septembre 2004 - n°91

Gros plan sur le Département Caractérisation de la Société Française de Céramique

Après une présentation globale de la Société Française de Céramique (SFC), en novembre dernier, nous vous proposons aujourd’hui de découvrir plus amplement son Département Caractérisation : Analyses Chimiques, microstructurales et physiques.

Six personnes collaborent aujourd’hui dans le cadre de ces trois unités, au service des équipes de recherche de la SFC ainsi que des fabricants et utilisateurs de céramique. Rappelons que la SFC développe ses activités sur trois champs d’investigation : la représentation technique des industries céramiques, la recherche technologique et les essais et caractérisations.
Points communs à tous ces travaux ? La céramique, au sens large du terme : céramiques techniques (électronique, automobile, aéronautique, aérospatial, biomédical, environnement, cosmétique, pharmacie, chimie…), réfractaires façonnés ou non façonnés, mais aussi appareils sanitaires et articles de table, jusqu’aux matières premières, pâtes et émaux…

Les Analyses Chimiques

En matière de caractérisation chimique et physico-chimique, la Société Française de Céramique dispose des compétences et deséquipements lui permettant de proposer des analyses de grande qualité, depuis la simple détermination des constituants majeurs, au dosage d’éléments en traces, que ce soit sur des matériaux solides ou des solutions.
“ Pour chaque cas, le choix des techniques utilisées répond aux besoins spécifiques du demandeur : précision, coût, délais ”, précise M. Eric POULAIN, Directeur de la SFC. “ Le marché des Matériaux et celui de l’Environnement sont les deux principaux domaines d’application de nos prestations… ”

l’Environnement :

La SFC a développé un pôle de compétences dans la caractérisation de déchets destinés à être entreposés dans des centres d’enfouissement technique : de par les techniques mises au point (percolation ascendante en colonne, percolation soxhlet, lixiviation par centrifugation), elle oriente et renseigne les industriels sur le caractère d’inertie de leurs déchets solides. En outre la SFC est régulièrement amenée à contrôler les eaux usées et de station d’épuration des usines (dosage des cations, du fluor, du chlore, des nitrates… dans les eaux usées, les eaux industrielles, les lixiviats…).

les Matériaux :

Les analyses de matériaux concernent tant les matières premières que les produits finis, les minéraux, les résidus, les dépôts… Les services proposés par la Société Française de Céramique vont alors de la préparation des échantillons solides (broyage < 100 µm, mise en solution, extraction solide-liquide), à l’analyse des éléments présents à plus de 0,1 % (y compris les éléments volatiles tels que Cl, S, Hg, As), jusqu’au dosage deséléments en traces, de 10 à 1000 ppm (cations, Al, Ti, Si, Fe, Ca, Mg, Na, K…).

Parmi les principales techniques utilisées par la Société Française de Céramique, figure la spectrométrie de fluorescence X, sur perles et sur poudre :
sur perles, pour une analyse quantitative.
“ Dans ce cas, l’échantillon, associé à un fondant – du tétraborate de lithium et lanthane - , subit une cuisson thermique à 1100°C pour obtenir un verre de surface plane et homogène”, nous explique Mme LELLOUCHE.
sur poudre pour une analyse qualitative et semi-quantitative.
Les pastilles de poudre compactée sont constituées du produit à analyser mélangé à un enrobant ”, souligne Mme Olivia
LELLOUCHE. L’enrobant généralement employé est l’acide borique. Il a l’avantage de couler très facilement sur la spatule, mais ses grains, relativement gros, empêchent parfois une analyse parfaite de l’échantillon.“ C’est pourquoi, depuis quelques mois, nous développons et testons un nouvel enrobage constitué de cire ”, poursuit Mme LELLOUCHE. “ La poudre, beaucoup plus fine, élimine tout problème de granulométrie trop élevée et permet de doser le bore… ”

A noter également, entre autres équipements du service Analyses Chimiques :
- un spectromètre d’émission en plasma d’argon (ICP) pour l’analyse de traces,
- un ionomètre équipé d’électrodes spécifiques pour le dosage de fluor et du chlore,
- un extracteur par percolation à chaud (Soxhlet) ou lixiviation, pour simuler le comportement d’un déchet en décharge par lessivage puis analyse sur les lixiviats des composés réglementés au plan environnemental,
- un spectrophotomètre pour le dosage des anions, sulfates, nitrates…

il faut souligner par ailleurs que la Société Française de Céramique occupe une position de premier plan pour la réalisation des tests d’alimentarité sur les articles de table : des tests réalisés ayant objectif de contrôler le relargage des éléments Pb et Cd par les articles de table en contact avec des aliments. Le Laboratoire est d’ailleurs accrédité par le COFRAC (Comité Français d’Accréditation) pour ces mesures. En moins de 6 mois, cette année, il a réalisé plus de 300 analyses d’échantillons, soit 4 à 5 fois plus qu’en 2002 !

Le service Analyses Chimiques de la SFC a par ailleurs fait l’acquisition en mai dernier d’un nouveau spectromètre d’absorption atomique dans la flamme et l’a équipé d’un four graphite, en vue de nouveaux développements analytiques. Ainsi, toujours utilisée pour les tests d’alimentarité, marché où la SFC occupe véritablement une position de leader national, la spectrométrie d’absorption atomique pourrait également s’ouvrir à d’autres types de prestations liées au dosage d’ultra-traces. L’industrie des céramiques techniques et le secteur des eaux résiduaires (pour la mise en décharge) sont particulièrement concernés…

Les Essais Physiques

Les prestations proposées par le pôle “ Essais Physiques ” du service Caractérisations de la SFC comprennent la caractérisation des poudres, des textures et des surfaces ainsi que l’analyse thermique et la rhéologie à chaud.

La caractérisation de poudres telles qu’argiles, sables, alumines et céramiques techniques, fait appel à l’analyse granulométrique,à la détermination de la surface spécifique et à la mesure de la masse volumique absolue. Cette dernière est d’ailleurs réalisée par pycnométrie au xylène, sous accréditation COFRAC.

L’analyse des textures concerne tous produits et matériaux poreux. Elle se base sur la détermination de la taille et de la répartition des pores, obtenue par porosimétrie à mercure (entre 300 µm et 60 Å).

Quant aux surfaces, elles sont caractérisées par la mesure de la rugosité et de la micro-dureté de Vickers…

Les analyses thermiques sont réalisées sur poudres, matières premières et compositions, jusqu’à 1400°C avec possibilité d’être en atmosphère contrôlée (azote, air ou argon).

L’analyse thermogravimétrique (ATG) détecte la variation de masse d’un échantillon au cours de sa cuisson. L’analyse thermique différentielle (ATD) enregistre les phénomènes exo- ou endothermiques (enthalpie) d’un échantillon en fonction de la température afin de déterminer les réactions occasionnées. “ En général, les deux se font simultanément ”, remarque Mme Maryline PILASTRE, technicienne au sein du Département
Caractérisation de la SFC. “ Les échantillons réduits en poudre sont placés dans des creusets en alumine ou en platine, puis mis au four. Le four monte en température, tandis qu’une balance relieé à l’ordinateur détermine le gain ou la perte de masse. La comparaison de cette variation avec celle enregistrée dans un creuset témoin permet de caractériser l’existence de pics endo ou exothermiques. ”

Notez qu’avec ce même appareil, le laboratoire d’Essais Physiques de la SFC réalise également, sur des échantillons amorphes (déjà cuits), des mesures de chaleur spécifique et de conductivité thermique par comparaison des flux thermiques transmis par la référence et l’échantillon, des mesures de température de fusion…

Les analyses microstructurales

Les prestations proposées par le pôle Microstructure du service Caractérisations de la SFC peut aller de la simple analyse de phases minéralogiques ou observations d’échantillons à la recherche approfondie d’origine de défauts dans des pièces ou descriptions de microstructures en collaboration avec les autres équipes de la SFC. Le délai d’intervention peut être très rapide, sous 24 h, par exemple, dans le cas d’un défaut de fabrication !

Premiers domaines d’investigation de l’équipe Microstructure ?

la caractérisation des matières premières et l’étude de leur transformation cristallographique en fonction de la température par analyse qualitative et/ou quantitative des divers constituants (argiles, feldspaths, sables, zircon, carbures…),

l’analyse de produits en cours de fabrication : description morphologique et analyse fine de produits élaborés, microstructure, analyse chimique ponctuelle, répartition élémentaire et minéralogie, taux de graphitisation des produits carbonés, examen des causes de piqûres et tous désordres de fabrication…

l’expertise et l’étude des problèmes rencontrés sur produits finis : étude des phénomènes de corrosion dans les produits réfractaires , examen post-mortem des désordres dans le domaine des matériaux.

Appareils de diffraction X, microsonde de Castaing, analyseur d’images, stéréomicroscope et microscope optique… : le parc instrumental du pôle Microstructure est sans doute l’un des seuls en France à être équipé de la sorte.

Notez que la microsonde de Castaing lui permet d’effectuer des analyses élémentaires d’un volume de matière de l’ordre du micron-cube ; “ ce qui donne de nombreuses possibilités de caractérisation : analyses d’inclusions et de défauts divers, analyses de cristaux et grains, analyses de phases inter-cristallines ou inter-granulaires, profils de concentrations à une interface, images de répartition des éléments… ”, nous précise Maryline PILASTRE.

Les analyses peuvent être qualitatives (obtenues par la réalisation de photos à images X à partir d’un faisceau d’électrons focalisé sur un point très précis) ou quantitatives (prenant en compte une moyenne de plusieurs points de mesure).
La diffraction RX, quant à elle, est réalisée sur deux postes : l’un est doté d’un passeur d’échantillons pour une caractérisation à température ambiante ; l’autre estéquipé d’un four 1500 °C en atmosphère contrôlée.
“ Les analyses sont effectuées à partir d’échantillons réduits en poudre, de façon aussi bien qualitative que quantitative : identification des phases minérales en présence et, si besoin est, estimation simultanée de leurs proportions ”, ajoute Olivia LELLOUCHE.

Le marché couvert par la SFC dans ce domaine est national, voire même européen. L’industrie de la céramique ainsi que celle des produits de métallurgie sont les plus demandeurs, mais d’autres secteurs tels que le biomédical sont eux-aussi clients de la SFC. “ Il nous a déjà été demandé, par exemple, d’étudier par diffraction X une prothèse de hanche explantée d’un patient ”, remarque Mme LELLOUCHE.
D’autres applications de l’analyse par diffraction des rayons X sont en développement, notamment dans le domaine de l’analyse et la quantification de phases minéralogiques dans les matrices de carbures de silicium.

" le pôle Microstructure est de plus en plus sollicité par les industriels de tous domaines : notre microsonde est sans conteste un outil de caractérisations puissant, permettant de remonter à l’origine de défauts de production ou d’expliquer la cause de corrosions. C’est pourquoi nous allons nous équiper d’une deuxième microsonde qui sera installée dans nos locaux fin août. Cette acquisition devrait nous permettre d’augmenter notre activité en expertise et de toucher d’autres secteurs que ceux liés à la céramique, secteurs pour lesquels nous sommes déjà sollicités (fonderie, bâtiment). Un laboratoire doté de 2 microsondes au service des industriels est une véritable première en France et va nous donner une force de frappe et une reconnaissance nationale et européenne. " souligne Sophie AUCLERC, responsable du service Caractérisations.

N’hésitez pas à contacter la Société Française de Céramique pour en savoir plus.
Ses spécialistes sont à votre écoute…

SD

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