Mars 2005 - n°97
OPi développe des médicaments pour les maladies rares et graves
Laboratoire biopharmaceutique, la société OPi a pour
mission de développer puis de commercialiser des médicaments
pour les maladies rares et graves pour lesquelles il n'y a pas de traitement,
soit parce que la maladie est ignorée, soit parce que le traitement
approprié est difficile à développer. Ses filiales françaises
et européennes travaillent activement afin de redonner espoir à
des malades souvent oubliés.
Plus de 4 millions de personnes en France, 20 millions de personnes en Europe
sont concernées par l'une des 5 000 maladies rares. Un règlement
européen a été adopté en décembre 1999
accordant notamment une exclusivité commerciale de 10 ans aux laboratoires
pour la mise sur le marché de médicaments concernant une maladie
rare. Depuis, une vingtaine de médicaments ont été agréés
et plus d'une centaine de demandes sont en attente…
La naissance d'OPi, c'est d'abord l'implication d'un homme, Gilles Alberici.
Pharmacien et ancien interne des Hôpitaux, il s'intéresse rapidement
aux besoins hospitaliers et notamment aux médicaments des maladies
sévères et rares dites "maladies orphelines". Il se
lance dans l'onco-hématologie et travaille sur ce qui va être
son cœur de métier : les maladies malignes rares (tumeurs solides,
leucémies, greffes de la moelle, myélomes…).
Gilles Alberici crée en septembre 1999 la société OPi
qui fonctionne dès avril 2000. Après 5 années d'existence,
elle se positionne déjà fortement sur la R&D et l'exploitation
de ses médicaments.
Une banque de 600 anticorps
Depuis sa création, OPi a acquis une expertise complète dans
le développement et la distribution de produits hospitaliers rares.
Les domaines thérapeutiques concernés sont les cancers rares,
les maladies métaboliques, la neurologie et la toxicologie clinique.
La société développe et produit des anticorps monoclonaux
homogènes, secrétés par une seule cellule et dirigés
contre un antigène. Actuellement, OPi possède une banque de
600 anticorps grâce en partie à l'acquisition de la société
Diaclone en 2003. Deux sont en développement clinique :
- L'un en fin de phase 2 s'appelle Leukolac® et concerne la maladie du
greffon contre l’hôte (complication de la greffe de la moelle
où le greffon rejette le receveur). Il s'agit de faire en sorte que
ce rejet ne soit pas mortel. La commercialisation est prévue aux environs
de 2008.
- L'autre en phase 1 et 2 concerne les complications survenant dans certains
lymphomes B et dans certains myélomes. Il s'agit de guérir des
patients ayant reçu une greffe de la moelle et qui sont victimes de
proliférations cellulaires amenant une cancérisation. La commercialisation
du traitement est prévue vers 2009.
Par ailleurs, deux produits sont actuellement commercialisés. Il s'agit
de :
- Kidrolase® L-asparaginase (acquis auprès d'Aventis Pharma) qui
est une enzyme utilisée pour la leucémie aiguë lymphoblastique
chez les enfants et certains adultes,
- Fomépizole OPi, dans le domaine de la toxicologie, qui concerne l'intoxication
aiguë pa réthylène-glycol et le méthanol. Intoxication
rare pouvant être grave et mortelle, elle concerne 1 500 cas environ
par an en Europe. Enregistré dans 11 pays européens depuis 2002,
Fomépizole est un médicament essentiel pour les équipes
de réanimation médicale.
Par ailleurs, l'entreprise a également une activité de services
avec la distribution de produits sous statut d'exception et une activité
R&D pharmaceutique et de fabrication à façon de produits
de biotechnologie.
Un pôle français important
Deux filiales européennes se sont créées : une en Allemagne
en 2002 et l'autre ouverte depuis septembre 2004 au Canada (Montréal).
Mais le Pôle de développement se situe en France : Besançon
où sont concentrés les laboratoires, Lyon pour le développement
clinique et réglementaire.
La filiale Opisodia de Besançon se trouve dans 2 500
m2 de locaux partagés avec une autre entreprise française
Génopoïétic . Les 2/3 de la surface comprennent des laboratoires
:
- classique (biologie et immunologie),
- sophistiqué (salle blanche de 300 m2 avec des zones classées).
Cela concerne la biologie cellulaire et l'immunochimie (hottes d'incubation,
HPLC, trieurs de cellules, fermenteurs, cytoculteurs…).
OPi et la société Génopoïétic unissent leurs
moyens afin qu'il y ait une quinzaine de personnes travaillant activement
sur la fabrication de lots cliniques et sur le développement. Les équipements
et les locaux sont adaptés à la production de petits et moyens
volumes de produits de biotechnologie utilisant la matière de cellules
de mammifères.
Côté Lyon, l'activité se situe après
les phases de recherche et de production. Il s'agit de développer des
données chez l'animal (préclinique) et chez l'homme (essais
cliniques). L'autre activité concerne l’organisation des données,
en accord avec la réglementation. OPi se charge alors de préparer
un dossier complet avec des données concernant les recherches, puis
de le soumettre aux autorités pour obtenir une Autorisation de Mise
sur le Marché.
En complément, la société OPi distribue certains médicaments
en France sous une procédure spécialisée nommée
"ATU nominative" (Autorisation Temporaire d'Utilisation), définie
par le Code de la Santé Publique depuis 1994. Il s'agit d'avoir la
possibilité de donner un traitement à un patient même
si le médicament n'est pas enregistré en France, et ce, sous
contrôle de l'hôpital. Le portefeuille de produits distribués
par OPi inclut actuellement plus de 30 médicaments distribués
quotidiennement à 900 hôpitaux français. Chaque année,
plus de 4000 patients souffrant de maladies graves reçoivent un médicament
sous cette procédure.
Un groupe bien orchestré
Dirigé par Gilles Alberici, le groupe OPi compte 46 salariés
répartis sur tous ses sites parmi lesquels environ 25 scientifiques
(pharmaciens, biologistes, médecins). La société travaille
en étroite collaboration avec des équipes de recherche académique
afin de développer des médicaments depuis le stade de recherche
jusqu'à leur mise sur le marché.
Elle s'est dotée d'un outil R&D et d'un outil de Commercialisation
qui couvre 50 pays. L'exploitation marketing touche maintenant l'Allemagne,
l'Europe du Nord, l'Europe Centrale, l’Espagne, la France, et le Canada.
Par ailleurs, OPi a passé un partenariat avec Vaccinex, une société
de biotechnologie dédiée à la R&D de nouveaux anticorps
thérapeutiques. Celle-ci utilise sa propre plate-forme technologique
pour créer de nouveaux anticorps 100 % humains qui auront la même
spécificité et la même fonction que les anticorps murins
du portefeuille d'OPi. D'autres partenariats ont été passés
avec l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris pour le Fomépizole‚
et avec Cambridge Laboratories (UK) pour un autre produit en cours d'AMM.
OPi recherche d'autres partenaires pour licencier ou co-développer
un certain nombre d'anticorps. La société participe à
de nombreux congrès internationaux dans le domaine de l'hématologie
et de la greffe de moelle (EBMT (République Tchèque) en mars,
EHA (Suède) en juin et ASH (USA) en décembre 2005).
Le groupe OPi a pris son essor et compte continuer son internationalisation
avec la création de nouvelles filiales. Avec la progression de ses
candidats produits, son prochain tour de financement et le renforcement de
son portefeuille de commercialisation par accords ou par acquisitions, l'ambitieuse
entreprise entend bien conforter son succès naissant. Elle recherche
d'ailleurs des scientifiques (développeurs -marketeurs) et des personnes
pour renforcer son pôle général et administratif. Tout
cela ne lui fera pas oublier sa mission essentielle : proposer de nouveaux
médicaments pour le traitement de maladies rares et graves…
MH