Mai 2005 - n°99
ARPIDA se consacre aux antibiotiques de demain ! (Suisse)
Cette société biopharmaceutique basée en Suisse
près de Bâle, se focalise sur la découverte et le développement
de nouveaux antibiotiques visant à lutter contre le problème
croissant de la résistance bactérienne.
Ces derniers temps, les bactéries sont devenues de plus en plus résistantes
à la plupart des antibiotiques existants. Cette résistance est
devenue une cause majeure de morbidité et de mortalité notamment
en milieu hospitalier, mais aussi de plus en plus en milieu extrahospitalier,
impliquant l’augmentation des coûts de santé. Il a été
montré par exemple, que 70 % des patients infectés en milieu
hospitalier aux Etats-Unis souffrent d'une infection résistant à
au moins un antibiotique.
Cette inquiétante observation amène les chercheurs à
se concentrer sur le marché des antibactériens, estimé
à 26 milliards de dollars US (les infections nosocomiales représentant
environ 30 % de ce chiffre).
L’historique d’Arpida
La société Arpida a été fondée en juillet
1997 par quatre fondateurs avec pour objectif commun de développer
des molécules afin de créer de nouveaux antibiotiques :
- Dr. Ivan Kompis, ancien chef du département des anti-infectieux de
F. Hoffmann-La Roche (de 1985 à 1995).
- Dr. André Lamotte, président du Conseil d'Administration d'Arpida,
ancien membre du comité de direction de New Medical Technologies (NMT,
aujourd’hui HBM BioVentures) disposant d’une grande expérience
dans le domaine de la création de sociétés biotechnologiques
et pharmaceutiques.
- Prof. Bernhard Erni, biochimiste de l'université de Berne.
- Dr. Dieter Gillessen, COO actuel , ancien directeur d'une unité de
recherche sur les peptides, protéines et nucléotides chez F.
Hoffmann-La Roche, 28 ans d'expérience dans l'industrie.
Dès 1998, ils font une première levée de fonds de 15.3
millions de francs suisses provenant de capital-risque afin de démarrer
l'entreprise et le travail en laboratoire sur une molécule licenciée
de Roche en 1997, appelée aujourd’hui iclaprim.
En 2000, l'entreprise effectue une seconde levée de 40 millions de
francs suisses. Enfin, en 2004, deux levées de fonds de 51.3 et 34.4
millions de francs suisses ainsi que l’acquisition d’une compagnie
dânoise, Combio (aujourd’hui Arpida A/S), viennent renforcer les
effectifs en recherche de l'entreprise.
Les investisseurs proviennent de toute l'Europe (dont plusieurs français)
ainsi que des Etats-Unis, du Canada et de l'Asie
La mission d’Arpida : trouver de nouveaux
antibiotiques
La mission d'Arpida est de développer des antibiotiques afin de donner
aux médecins de nouvelles possibilités de traitement pour combattre
les infections graves causées par des bactéries de plus en plus
résistantes. Contrairement aux Etats-Unis, les pays européens
commencent seulement à prendre conscience des problèmes engendrés
par ces bactéries résistantes. Il devient donc urgent de trouver
de nouveaux antibiotiques plus efficaces.
La société a pour cela plusieurs programmesà son actif
:
- Iclaprim injectable, la molécule phare d'Arpida,
qui a été considérablement développée au
sein de l'entreprise depuis sa licence de Roche en 1997. D'ailleurs, Arpida
vient de recevoir l’aval de la FDA (Food & Drug Administration)
pour démarrer les essais cliniques de Phase III d’iclaprim injectable
à l’échelle mondiale en mars 2005.
Il s'agit d'un antibiotique injectable (administration par voie intraveineuse)
à large spectre d'activité qui vise à traiter les infections
nosocomiales graves. Iclaprim est une nouvelle diaminopyrimidine qui a montré
une haute efficacité contre un large spectre de bactéries pathogènes
incluant le staphylocoque doré qui cause beaucoup de mortalité
en milieu hospitalier. Iclaprim est rapidement bactéricide et pénètre
bien dans les tissus. Il est en développement chez Arpida pour le traitement
des infections nosocomiales graves associées à des brûlures,
des ulcères ainsi qu'à des plaies opératoires. Ces infections
de plus en plus difficiles à traiter sont souvent dues à des
bactéries multirésistantes aux antibiotiques.
Iclaprim est également disponible par voie orale pour lequel des essais
cliniques de phase I sont en cours. L’administration d’iclaprim
par voie orale pourrait permettre au patient de quitter plus vite l'hôpital
ce qui réduirait non seulement les coûts hôspitaliers,
mais aussi le risque de réinfection.
- A côté d'iclaprim, l'antibiotique candidat le plus avancé
d'Arpida est le AR-709. Il est actuellement en fin de développement
préclinique pour le traitement des infections respiratoires (pneumonies)
et des infections du système auditif (otites). Il est important de
noter que dans le cas des otites, certains antibiotiques actuellement sur
le marché ne peuvent être prescrits chez l’enfant.
- En plus Arpida a lancé 12 programmes de recherche
ayant pour but de découvrir de nouvelles molécules actives contre
les bactéries résistantes. Plusieurs molécules nouvelles
ont déjà été identifiées en utilisant la
plate-forme technologique de la société, et plusieurs d’entre-elles
sont déjà à un stade avancé de la recherche.
Deux sites complémentaires
Arpida est présidée par le Dr Khalid Islam, biochimiste et biophysicien
de formation, diplômé de l'université de Londres. Il a
acquisi plus de 10 ans d'expérience en recherche académique
et des années d'expérience en recherche appliquée (Marion
Merrell-Dow, Hoechst Marion Roussel(Aventis) avant d’accepter le poste
de dirigeant en juillet 1999 chez Arpida.
Depuis, il a développé la compagnie qui compte actuellement
72 personnes (dont 60 chercheurs partagés équitablement entre
la biologie et la chimie) réparties sur deux sites: Bâle et Copenhague.
Le Site de Bâle, qui regroupe 52 personnes sur une
surface de 6 200 m2, se concentre sur la génomique (choix
de cibles et clônage de protéines), la microbiologie (HTS, criblage
automatique sur une grande variété de souches bactériennes)
et la biologie cellulaire (test de toxicité). Un des points forts du
site en Suisse dans le domaine de la chimie est la chimie médicinale
: les propriétés physiques des molécules organiques sont
modifiées afin qu'elles agissent sur les cibles choisies.
Sur le site de Copenhague, une majorité du personnel
est spécialisé dans le domaine de la chimie combinatoire. Environ
20 personnes sur une surface de 1 200 m2 travaillent en utilisant
des équipements sophistiqués. Avec le cycle d’optimisation
de molécules par exemple, Arpida vise à réduire l’étape
d’optimisation des molécules d’une moyenne industrielle
de 32 mois à seulement 12 mois. En plus de la réduction de temps,
cette technique donne la possibilité de sélectionner directement
des candidats disposant de propriétés biopharmaceutiques améliorées
(par exemple : bio-disponibilité, temps de demi-vie, toxicologie, etc.)
Côté recherche, la société collabore avec plusieurs
entreprises (dont la société suisse Polyphor dans le domaine
de la génération de nouvelles molécules organiques) et
des universités dans le monde entier.
Les points forts d'Arpida
En fait, les grands points forts d'Arpida sont :
- de se focaliser sur un domaine précis, notamment les antibiotiques,
et de développer ainsi une grande expertise dans ce
domaine
- de s'entourer de scientifiques reconnus au niveau international (entre autres
de plusieurs professeurs européens (Suisse, Allemagne) et américains
de Princeton, Havard, Boston etc.
- d’avoir établi de fortes capacités aussi bien en recherche
qu’en développement clinique, ceci n’étant pas toujours
à la portée des petites entreprises
- d'avoir un management avec au total plus de 150 ans d'expérience
en industrie pharmaceutique et provenant de différentes compagnies
pharmaceutiques
La société Arpida souhaite dans l'avenir compléter les
essais cliniques avec ses molécules les plus avancées (iclaprim
injectable et oral), trouver des partenaires pour le développement
de AR-709 et établir éventuellement une équipe de vente.
Elle a l'ambition de devenir une entreprise importante et reconnue, voire
un leader mondial dans le domaine des anti-infectieux.
M. HASLÉ