Juillet 2006 - n°112
Innate Pharma SA : l’immunothérapie dans la lutte contre le cancer
Leader mondial de la manipulation pharmacologique du système
immunitaire inné, Innate Pharma SA est une société biopharmaceutique
privée qui développe une nouvelle classe de médicaments
immunomodulateurs, ciblant prioritairement les cancers. Une nouvelle piste
à suivre dans l’avenir…
Il faut savoir que les cellules de l’immunité innée, premier
système de défense apparu au cours de l’évolution,
sont connues pour leurs propriétés singulières et leurs
exceptionnelles capacités à tuer les cellules cancéreuses
ou infectées. Pourtant, comment utiliser et contrôler le potentiel
de ces cellules sans connaître leurs mécanismes d’action
? Un obstacle majeur pour leur usage en immunothérapie qui vient d’être
levé grâce au travail des scientifiques fondateurs et des équipes
d’Innate Pharma. Ceux-ci ont en effet identifié les récepteurs
et les mécanismes contrôlant l’activité de ces cellules,
ont manipulé pharmacologiquement ces récepteurs avec l’aide
de petites molécules synthétiques et d’anticorps, et ont
transformé ces nouveaux composés immuno-modulateurs en candidats
médicaments.
De nouvelles perspectives pour le traitement de nombreux cancers et des maladies
infectieuses et auto-immunes s’ouvrent alors…
Une équipe fondatrice chevronnée
Innate Pharma a été fondée en 1999 par un groupe associant
quatre scientifiques européens, pionniers dans le domaine de l’immunité
innée et deux managers de l’industrie des biotechnologies.
Les fondateurs scientifiques :
- Alessandro Moretta, lauréat du prix européen Yvette Mayent
pour ses contributions scientifiques à l’immunologie du cancer
en 2001, Professeur de Médecine Expérimentale à l’université
de Gênes (Italie),
- Marc Bonneville, Directeur de recherche au CNRS et Directeur de l’Institut
d’Immunologie Inserm 463 de Nantes,
- Jean-Jacques Fournié, Directeur de recherche au CNRS et Directeur
du groupe de recherche « Antigènes non conventionnels »
à l’Inserm 395 de Toulouse,
- Eric Vivier, Professeur à l’université de Marseille
et membre de l’institut universitaire de France, en charge du groupe
de recherche « NK » au Centre d’Immunologie de Marseille
Luminy – CIML.
Les managers :
- Hervé Brailly, Docteur et Président du Directoire d’Innate
Pharma
- François Romagné, Docteur et Directeur Scientifique d’Innate
Pharma.
Les fondateurs scientifiques sont toujours très impliqués dans
la société à travers le comité scientifique qui
soutient le directeur scientifique dans le programme de découverte
de nouvelles molécules. Par ailleurs, un comité exécutif
et directoire, ainsi qu’un conseil de surveillance viennent renforcer
l’organisation de la société.
Malgré les progrès accomplis dans la connaissance des mécanismes
de la maladie, les besoins en cancérologie sont encore largement non
satisfaits. Désormais intégrée au coeur du nouvel arsenal
thérapeutique, l’immunothérapie intervient à deux
niveaux :
- dans le traitement de consolidation, visant au contrôle de la maladie
résiduelle,
- dans le traitement de seconde ou de troisième ligne, quand le canceréchappe
aux thérapies de première intention.
Longtemps focalisée sur la mobilisation de l’immunité
dite « adaptative », l’immunothérapie devrait pouvoir
s’appuyer demain sur de nouvelles
classes de médicaments immunomodulateurs qui potentialisent l’activité
anticancéreuse de l’immunité «innée»,
un compartiment encore largement inexploité du système immunitaire.
Les recherches d’Innate Pharma
Dans les 10 prochaines années, le marché de l’oncologie
va donc connaître un développement important en termes de taille
et de contenu. Les classes de traitement traditionnelles – agents cytotoxiques,
hormones et adjuvants – continueront d’enregistrer des ventes
importantes à court terme, mais ils seront complétés
par une nouvelle génération de « médicaments intelligents
» comme les traitements d’immunothérapie, à même
de garantir l’élimination ciblée des cellules tumorales
et d’épargner les cellules saines. Une approche multi-thérapeutique
du traitement de la maladie est nécessaire. Après 2010, l’introduction
des thérapies innovantes de prochaine génération devrait
permettre une amélioration significative des taux de survie et de la
qualité de vie, faisant passer le cancer du statut de maladie mortelle
à celui de pathologie chronique bien gérée.
Innate Pharma a bien compris cette prochaine évolution et contribue
à développer de nouvelles cibles propriétaires. Pour
cela, l’entreprise dispose d’un savoir-faire unique au monde dans
la manipulation et l’analyse des récepteurs et des cellules de
l’immunité associant :
- une collection d’anticorps monoclonaux murins aux propriétés
pharmacologiques uniques,
- des méthodes analytiques propriétaires,
- des tests fonctionnels in vitro et in vivo
- des modèles animaux pour évaluer l’activité des
cellules NK et, et la
sensibilité tumorale à leur cytotoxicité.
Par ailleurs, Innate pharma a développé un important portefeuille
de brevets grâce à sa propre R&D, des collaborations universitaires
et des accords de licences. L’entreprise détient les droits industriels
de 54 familles de brevets (soit plus de 200 brevets potentiels).
Outre un premier candidat médicament en étude clinique de phase
2, la société développe un portefeuille riche et équilibré
autour de 3 classes de cibles propriétaires, qui sont autant de plateformes
de développement produits :
Le programme T
: au sein de ce programme, le produit le plus avancé, dénommé
IPH 1101 (ou Phosphostim™) est un agoniste synthétique du principal
sous-groupe de lymphocytes T.
Il est actuellement en étude clinique de phase 2 dans le carcinome
rénal métastatique, une indication pour laquelle Innate Pharma
a reçu la désignation de maladie orpheline en Europe. Un autre
test de phase 1, portant sur les cancers hématologiques, est en cours.
Le programme NK : cette deuxième plateforme de développement
rassemble des anticorps humains et humanisés qui agissent comme agonistes
des récepteurs NK activateurs ou co-activateurs de la cytotoxicité,
ou inversement qui agissent en tant qu’antagonistes des récepteurs
NK inhibiteurs pour lever le blocage de réactions de la cytotoxicité.
L’approche NK a déjà fait l’objet d’une première
validation indirecte en clinique à travers des greffes de moelle osseuse.
En décembre 2003, Innate Pharma a conclu un accord majeur de R&D
et de licence avec le groupe pharmaceutique danois novo Nordisk A/S, leader
mondial dans le traitement du diabète, qui a abouti à la sélection
d’un premier candidat médicament, développé dans
une série d’indications en oncohématologie. Fortes de
ce premier succès, les deux entreprises ont élargi leur accord
en avril 2006 sous la forme d’un contrat exclusif qui mutualise leur
R&D dans le domaine de la biologie des NK, couvrant l’ensemble des
applications ou indications futures. Au-delà de ce partenariat, Novo
Nordisk, déjà actionnaire minoritaire d’Innate pharma,
a investi 10 millions d’euros supplémentaires dans le capital
de la société.
Le programme Toll
En 2005, Innate pharma a élargi son portefeuille au-delà
des NCLs en initiant un nouveau programme consacré au développement
d’agonistes synthétiques des récepteurs Toll, avec pour
première cible TLR3, un des 10 membres de cette famille de récepteurs.
Innate Pharma développe aujourd’hui un agoniste TLR3 sous l’appellation
d’IPH 31XX. Ce prochain candidat médicament sera associé
avec un test diagnostic qui permettra de caractériser le statut TLR3
« positif » du patient. Ce programme, initié en 2005, est
actuellement en phase d’études précliniques.
Par ailleurs, la société développe une nouvelle génération
d’anticorps cytotoxiques, ciblant spécifiquement certains cancers,
dont les mécanismes sont pour partie liés à l’activité
des cellules NK.
En avril 2006, Innate Pharma comptait 54 employés dont 17 docteurs
en sciences, médecine ou pharma. Près de 85 % du personnel est
directement impliqué dans les activités de R&D des sites
de Marseille et de Lyon. Les activités de R&D sont d’ailleurs
certifiées ISO 9001:2000 dans le domaine de l’immunothérapie.
Forte de son équipe expérimentée en biotechnologies et
de ses partenariats industriels, la société Innate pharma souhaite
renforcer dans l’avenir son leadership sur le marché mondial
de l’immunothérapie des cancers. Etêtre parmi les premiers
« à ranger » le cancer dans la catégorie des pathologies
chroniques bien gérées !
MH