Février 2007 - n°118
VITAMFERO et ses vaccins
« Je porte la vie », l’appellation latine de cette
société basée à Tours illustre bien son engagement
pour la protection de la vie prénatale face à la toxoplasmose.
Pour ce faire, VitamFero met au point des vaccins qui se fondent sur des modèles
recombinants. La jeune société se concentre dans un premier
temps sur le secteur vétérinaire, mais avec le projet d’aborder
dès que possible le secteur de la santé humaine.
L’un des associés fondateurs à l’origine de VitamFero,
Pascal Breton, a occupé pendant plusieurs années des fonctions
de direction dans une petite société « spin-off »
des Laboratoires UPSA. Originaire et habitant de la Région Centre,
il remarque que l’innovation et le transfert industrielle en Sciences
de la Vie y est quasi-inexistant. En 2002, il entreprend de mieux comprendre
cette situation et prend contact avec l’incubateur de la Région
Centre récemment créé. L’idée de lancer
une société dans le secteur des vaccins anti-parasitaires fait
son chemin, en collaboration avec Daniel Bout, Professeur à l’Université
François Rabelais de Tours, qui a longuement travaillé sur la
toxoplasmose, en relation avec l’INRA et le CNRS.
Au début de 2003, Pascal Breton intégrant la société
parisienne Immuno-Designed Molecules (IDM) en tant que Directeur Business
Development, notre entrepreneur recherche d’autres partenaires au projet.
Il convainc d’abord un jeune Docteur de l’Université d’Orléans,
Edouard Sèche. La recherche de fonds à la création s’intensifie
alors : concours national d’aide à la création d’entreprise
et apports des collectivités locales amènent près de
600.000 euros de subventions. Se joint à eux Alain de La Bigne, qui
a eu un parcours de directeur financier en grande entreprise et qui les aide
à créer VitamFero S.A.S en novembre 2005. Dans cette société
se retrouve l’ensemble des porteurs du projet dont des membres de l’équipe
scientifique ayant participé aux travaux pilotés par Daniel
Bout. Employant deux salariés (Edouard Sèche, en charge de la
R&D et, une étudiante dont le sujet de thèse recoupe les
travaux de recherche de la société), la start-up est aujourd’hui
dirigée par Pascal Breton et présidée par Alain de La
Bigne.
Recherches vétérinaires et humaines
VitamFero se destine à la recherche et la valorisation de vaccins.
Dans un premier temps elle vise l’agent de la toxoplasmose (i.e. Toxoplasma
gondii), une pathologie pouvant toucher les animaux comme les humains. Pour
ce faire, la société tourangelle s’appuie sur la souche
vaccinale mise au point par Daniel Bout et ses collaborateurs et brevetée
dès 2004. Cette souche est un parasite muté (i.e. Toxo KO) obtenu
par manipulation d’une souche sauvage et virulente de Toxoplama gondii
(famille des Apicomplexes). Pour obtenir la souche Toxo KO, deux gènes
bien particuliers ont été substitués par des gènes
de sélection, ce qui a eu pour effet de neutraliser la virulence du
parasite tout en préservant sa très forte immunogénicité.
Fortement mobilisé, le système immunitaire des animaux ayant
reçu le Toxo KO est capable de prévenir les effets délétères
d’une infection par une souche virulente de Toxoplasma gondii. L’efficacité
originale du modèle a pu être clairement validée sur des
souris et des brebis.
En perspective de premières applications, il y a la vaccination des
ovins et des félins contre la toxoplasmose. Il s’agit de marchés
de niche où la concurrence est extrêmement réduite, voire
nulle. Dans une étape ultérieure, VitamFero compte bien s’attaquer
à la toxoplasmose humaine, coupable, de par le monde, de nombreuses
malformations néo-natales ou même d’avortements.
Entre temps, il y aura des étapes intermédiaires, toutes accomplies
dans le domaine vétérinaire. VitamFero compte en effet mettre
à profit son expertise pour s’attaquer à d’autres
parasites à Apicomplexes telles que Neospora caninum, à l’origine
de la néosporose bovine et, aux conséquences similaires à
la toxoplasmose. D’autres maladies virales pourraient également
être la cible de nouveaux vaccins développés sur la base
de cette plate-forme technologique que constitue la souche « Toxo KO
».
En quête de locaux et d’investisseurs
Pour poursuivre son envol et son programme, riche en développements
et en potentiels, VitamFero est à la recherche de locaux et d’investisseurs.
Les activités de recherche de la société sont pour l’heure
menées au sein de l’UMR 483 (Université – INRA)
de Daniel Bout où les deux salariés de la société
sont actuellement basés. Des discussions sont en cours avec l’Université
François Rabelais de Tours et l’INRA pour que VitamFero puisse
disposer de ses propres locaux, à compter du début de 2007.
Sur le plan financier des contacts ont été établis avec
des capitaux-risqueurs et des fonds d’investissement. Du premier tour
de table qu’elle réussira à boucler dans les prochains
mois (entre 1 et 4 millions d’euros) dépendra le rythme d’avancement
de ses programmes de recherche et de recrutement. Un partenariat industriel
pourrait également renforcer prochainement les positions de VitamFero.
Une fois atteint le seuil de financement nécessaire, VitamFero sera
amenée à disposer de ses propres moyens de fonctionnement et
de recherche. Son modèle d’affaires lui fait miser sur un avenir
associant les secteurs de la médecine vétérinaire et
humaine. VitamFero, née au XXIème siècle, se veut enfant
de son siècle et, si possible, souhaite se développer pour le
meilleur de la Région Centre, mais aussi pour le bien de la postérité,
celles des animaux que nous élevons ou côtoyons mais aussi, à
terme, celle des personnes.
MH