Juillet 2007 - n°123
IRCAD/EITS : innover pour faire avancer la recherche
Conscient, en 1993, du passage inéluctable et rapide de la
médecine de l’ère industrielle à l’ère
de l’information, le professeur Jacques Maresceaux créait une
structure privée originale dédiée à la valorisation
de la recherche fondamentale et appliquée contre le cancer (IRCAD)
et au développement des nouvelles technologies informatiques dans le
monde médical (EITS).
IRCAD, Institut de Recherche contre les Cancers de l’Appareil Digestif,
est un centre de recherche médicale créé à Strasbourg
il y a 13 ans. La fondation de l'institut a résulté de la synergie
combinée de l'université de Louis Pasteur, d’entreprises
privées et des autorités locales.
L’idée était de développer un centre, où
chirurgiens, médecins, chercheurs, ingénieurs et informaticiens
pourraient conjuguer leur énergie sur un même site.
Depuis sa création, l’IRCAD a acquis une réputation d’excellence
dans la recherche fondamentale et appliquée, ainsi que dans l’enseignement
des nouvelles technologies chirurgicales, attestée par le nombre de
ses publications scientifiques : l’Institut est à l’origine
de près de 1950 publications et communications. De même, il a
été récompensé par de multiples prix internationaux
prestigieux, notamment : Computerworld Smithsonian Award en 1999, Computerworld
Honors Award en 2002, Excel Award et World Summit Award en 2003, Prix remis
à Osaka en avril 2004 pour les travaux réalisés en robotique
chirurgicale, Trophée santé du Monde informatique en 2006...
Les locaux
L'IRCAD (Institut de Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif)
a été fondé au sein des Hôpitaux Universitaires
de Strasbourg sur une superficie de 8.000 m2. Il réunit
des laboratoires de recherche fondamentale et appliquée contre le cancer,
un département Recherche et Développement en informatique et
robotique et un centre de formation à la chirurgie mini-invasive.
La recherche fondamentale constitue la pierre angulaire de l'IRCAD. Sous l'impulsion
du Professeur Jean-Marc Egly, Président du conseil scientifique, les
laboratoires de recherche ont connu un recentrage de leurs activités
en 2005, s'orientant plus spécifiquement vers le cancer du foie, réel
problème de santé publique.
Avancer en équipes…
Encadrées par Jean-Marc Egly, Président du Conseil Scientifique,
Directeur de recherche à l’IGBMC (Institut de Génétique
et de Biologie Moléculaire et Cellulaire), six équipes de recherche
fondamentale et appliquée conjuguent leurs efforts pour prévenir
le cancer, en améliorer le diagnostic précoce, et élaborer
de nouvelles stratégies thérapeutiques.
La recherche fondamentale : le progrès
pour la vie
> EQUIPE “BIOLOGIE DES TUMEURS ET
THERAPIE GENIQUE”
Son objectif est d’évaluer sur des modèles de
tumeurs digestives (cancer primitif du foie, du pancréas et métastases
hépatiques) la réponse à de nouveaux traitements par
chimiothérapie et thérapie génique, grâce à
un suivi spatial et temporel de l’évolution tumorale.
> UNITE “ALTERATIONS GENIQUES DES
CANCERS, CHIMIOPREVENTION ET REPONSE THERAPEUTIQUE”
• Laboratoire de cancérologie expérimentale et
de radiologie : les recherches de cette unité sont consacrées
à l’étude de l’impact des altérations géniques
des cancers sur la réponse thérapeutique. Elle cherche à
mieux comprendre les relations entre les modifications génétiques
qui surviennent dans les cellules tumorales et l’efficacité des
traitements anticancéreux tels que la chimiothérapie, la radiothérapie
ou l’hormonothérapie.
• Le laboratoire de prévention nutritionnelle du cancer poursuit
un triple objectif : identifier les constituants chimiques naturellement présents
dans les fruits et légumes et susceptibles d’inhiber l’apparition
et le développement du cancer du côlon, étudier et comprendre
leurs mécanismes d’action sur la cellule cancéreuse, valider
l’intérêt de ces constituants dans la prévention
et le traitement du cancer du côlon.
La recherche appliquée : une vision en
3 dimensions
A ces équipes de recherche fondamentale s’ajoute une équipe
de recherche et développement en informatique et robotique, qui travaille
sur l’analyse et le traitement des tumeurs pour en permettre la détection
précoce, ainsi que sur la réalisation d’outils permettant
d’opérer ces petites lésions. Pour y parvenir, ce département
de recherche oriente son action selon 3 dimensions :
• La Réalité Virtuelle : copie virtuelle du patient réel
et de son environnement médical (organes, pathologies et instruments
chirurgicaux),
• La Télé Robotique : système mécanique
semi automatisé et dirigé par l’homme.
La télé robotique est un nouvel instrument chirurgical qui remplace
le bras du chirurgien par un bras articulé, mais qui reste contrôlé
et dirigé par le chirurgien,
• La Réalité Augmentée : superposition durant l’intervention
chirurgicale de l’image virtuelle en 3D sur l’organe qui est opéré.
L’enseignement pédagogique en matière de chirurgie
L’IRCAD a développé une unité d’enseignement
de nouvelles techniques chirurgicales, l’EITS (European Institute of
TeleSurgery), dont la renommée est aujourd’hui mondiale et fait
de l’IRCAD/EITS la première école de formation à
la chirurgie mini-invasive dans le monde.
3 000 chirurgiens provenant du monde entier sont formés chaque année
à Strasbourg. Depuis 1994, l’IRCAD/EITS s’est donné
comme mission première l’enseignement et la formation en chirurgie
mini-invasive.
Cet enseignement comprend trois phases :
- la première est une phase de pré-formation qui s’effectue
à travers le site Internet WeBSurg (http://www.websurg.com). Cette
Université Virtuelle spécialisée en chirurgie est accessible
partout dans le monde via Internet, et disponible en langue française,
anglaise, japonaise et bientôt chinoise. Les 50 000 connections mensuelles
de chirurgiens témoignent du succès de ce projet.
- la deuxième phase est une phase de formation propre dispensée
à l’IRCAD/EITS à Strasbourg associant présentations
théoriques, transmissions “live” des actes opératoires
et entraînement pratique sur tissus vivants (mini-porcs) en laboratoire
expérimental.
L’IRCAD/EITS propose un éventail complet de cours en chirurgie
mini-invasive. Les spécialités abordées sont les suivantes
: chirurgie générale, digestive, urologique, gynécologique,
cardiovasculaire, pédiatrique, endocrinienne, techniques d’endoscopie
interventionnelle digestive, chirurgie transluminale par les voies naturelles,
arthroscopie.
Les cours comprennent des exposés-conférences théoriques,
des transmissions « live » d’actes opératoires et
un enseignement pratique sur tissus vivants (mini-porcs) ainsi qu’une
présentation d’actes chirurgicaux “live.
- afin de conserver un lien privilégié avec les chirurgiens
ayant bénéficié des phases 1 et 2, l’IRCAD a mis
au point une phase de post-formation, associant la consultation du site WeBSurg.com,
les échanges par système de visioconférences et le développement
d’un télémentoring permettant au chirurgien de se faire
assister à distance et en temps réel par un confrère
plus expérimenté. De plus, la simulation chirurgicale et la
réalité virtuelle contribuent à la formation par l’entraînement
qu’elles permettent sur le clone virtuel du patient.
Les cours dispensés à l’IRCAD-EITS ont été
« labellisés » et accrédités par de prestigieuses
Institutions internationales :
- l’EAES : European Association of Endoscopic Surgery.
- La SAGES: Society of American Gastrointestinal Endoscopic Surgeons.
Mac Master University
AMA: American Medical Association
UEMS: European Union of Medical Specialists
ASGE: American Society of Gastrointestinal Endoscopy
ESGE: European Society of gastrointestinal Endoscopy
- l’IPEG (International Pediatric Endosurgery Group).
Un développement international
L'implantation en novembre 2005 des moyens d'enseignement de la chirurgie
mini-invasive à Hong Kong, dans le cadre d'un partenariat avec la Chinese
University de Hong Kong, n'a été qu'une première étape
pour l'IRCAD dans son implantation en Asie.
C'est en partenariat avec le Show Chwan Memorial Hospital de Taiwan que l'IRCAD
est à l'origine de la création de l'ASIA-IRCAD-AITS (Asia Institute
of Telesurgery), un nouveau centre de formation et de recherche qui sera basé
à Taiwan, conçu dans le même esprit que l'Institut strasbourgeois,
qui s'est vu attribuer la responsabilité totale du fonctionnement de
l'Institut taiwanais, les problèmes liés à la distance
entre les deux instituts étant résolus par les moyens modernes
de communication particulièrement développés à
l'IRCAD.
Par cette reconnaissance, l'IRCAD devient en Asie un Ambassadeur de l'excellence
française et européenne dans le domaine de la chirurgie mini-invasive
et de son enseignement.
Le succès de l'IRCAD s'est bâti grâce à l'aide et
aux efforts de nombreux partenaires scientifiques. Chaque jour et depuis des
années, ces partenaires collaborent avec les équipes afin de
leurs permettre des avancées scientifiques primordiales dans le secteur
de la recherche appliquée. N’oublions pas non plus le rôle
joué par les collectivités locales qui ont fait confiance à
l’ensemble de l’équipe de l’institut depuis le début,
aux industriels qui les ont soutenus fidèlement et à tous ceux
qui les ont aidés de près ou de loin depuis plus de 13 ans.
MZ