Novembre 2007 - n°126
Zoom sur NOVOCIB
Cette jeune société a adopté une approche originale
de l'analyse des modes d’action des médicaments afin d’identifier
de nouvelles cibles dans des domaines de thérapie majeurs. Elle s’est
axée sur l’étude des nucléosides et des nucléotides
dans le domaine de l’Hépatite C et propose également des
prestations…
Pour la petite histoire…
D’origine russe et spécialisée en biochimie et virologie,
le Docteur Larissa Balakireva est arrivée en France après avoir
fait sa thèse en Allemagne. Ses travaux à l’université
de pharmacie de Grenoble se sont centrés sur le virus de l’hépatite
C. Très vite, elle décide de créer en 2002 sa propre
structure, axée sur une approche thérapeutique originale de
l’hépatite C. La société Novocib voit le jour en
2005 à Grenoble après que le projet ait été successivement
lauréat du Concours national Oseo Anvar dans la catégorie Emergence
(2003) et lauréat du Concours Tremplin des entreprises du Sénat
(2004).
Par ailleurs, la société nouvellement créée a
également été lauréate du Concours Oseo Anvar
dans la catégorie Développement (2005).
La société Novocib dont le nom signifie « nouvelle cible
» est également un diminutif de la ville d’origine de Mme
Balakireva : Novossibirsk (Russie- Sibérie). Elle s’est implantée
à Lyon en mai 2006, sur le site industriel de Merck-Lipha, devenu une
pépinière d’entreprises. Elle dispose de locaux de 80
m2, de qualité industrielle de classe 2. Les locaux regroupent 4 salles
de laboratoire dont 3 avec des sas de décompression : un laboratoire
de biochimie et d’analyses biochimiques, un laboratoire de culture cellulaire,
un laboratoire de biologie moléculaire, un laboratoire de production
(enzymes, microbiologie) et une laverie.
L’Hépatite C et le mode d’action
de la Ribavirine
La spécialité de Novocib est le métabolisme des nucléotides
et des nucléosides. Les nucléotides sont les éléments
constitutifs des séquences qui forment l’ADN et l’ARN.
Ils sont aussi impliqués dans d'autres fonctions métaboliques.
Le blocage de la synthèse de nucléotides cellulaires entraîne
l'arrêt de la multiplication des virus et de la prolifération
de cellules, notamment cancéreuses.
L’hépatite C est une maladie virale dont le seul traitement jusqu’à
présent est la bithérapie de l’Interferon-a avec la Ribavirine.
Cette "fausse" molécule nucléosidique (un analogue)
ressemble à la molécule naturelle et bloque le processus naturel
de développement de l’Hépatite C.
La Ribavirine, analogue nucléosidique et antiviral de l’Hépatite
C, a déjà plus de 20 ans d’existence et l’on cherche
toujours à comprendre son fonctionnement. Cette méconnaissance
du mode d'action de la Ribavirine freine le développement de nouvelles
molécules plus actives. Or, le traitement actuel n’est efficace
que dans seulement 50 % des cas d’Hépatite C, ce qui pose un
problème non seulement de coût (le traitement coûte environ
2 500 euros/mois *) mais aussi d’efficacité de lutte contre la
maladie.
La priorité actuelle est donc de trouver le mode d’action de
la Ribavirine, notamment d’où vient son action antivirale, et
de trouver ses autres cibles potentielles. Novocib l’étudie à
travers des cultures cellulaires et des analyses métaboliques des nucléotides
et nucléosides. Un autre étape consiste à étudier
la variabilité du métabolisme de la Ribavirine chez les patients,
et d'expliquer pourquoi certains ne répondent pas au traitement. Il
s’agit ensuite de trouver des analogues nucléosidiques plus efficaces,
comme ceux utilisés en oncologie pour bloquer la prolifération
des cellules cancéreuses.
Novocib agit en tant que prestataire de services pour étudier l’impact
des analogues nucléosidiques sur le métabolisme cellulaire.
Il s’agit de voir si le médicament évolue dans la cellule
(métabolisation) et s’il a un impact sur le métabolisme
naturel. Il va notamment toucher les enzymes dans la cellule et changer le
profil métabolique et permettre de découvrir la cible potentielle
(?) OU visée (?). Par exemple, ce concept peut être appliqué
sur des anticancéreux, des immunosuppresseurs (transplantation d’organes)
ou dans le cadre des maladies infectieuses (virologie).
Les prestations proposées par Novocib s’adressent à :
- des instituts publics à des fins académiques (composition
en nucléotides d'extraits biologiques) ou cliniques (dosage médicament,
métabolisme des analogues nucléosidiques chez les patients)
- des laboratoires publics pour le développement de molécules
(analyses nucléosidiques) pour fournir le profil métabolique
des molécules (mode d’action, toxicité éventuelle…)
- des laboratoires privés : immuno suppression, cancérologie
et virologie (VHC).
Organisation
La Plate-forme Precice® permet d’analyser tous les métabolites
nucléotidiques cellulaires. La culture des cellules permet de les traiter
avec des médicaments et d’effectuer des analyses poussées.
D’ailleurs, deux salles de laboratoire, équipées de systèmes
automatisés d'analyse et de préparation d'échantillons,
sont dédiées à la culture cellulaire et à la biochimie.
Il s’agit d’établir les profils métaboliques et
d’être précis sur les métabolismes des nucléosides
et nucléotides.
Au niveau Qualité, la société devrait obtenir d’ici
un an l’agrément Bonnes Pratiques de Laboratoire (BPL).
Outre Mme Balakireva, la fondatrice et responsable scientifique de la société,
deux autres personnes participent à l’aventure Novocib : Nicolas
Godard, associé et Directeur Général, spécialisé
en microbiologie et génétique, et Vanessa Crozet, technicienne
supérieure en chimie analytique. La société bénéficie
également du soutien de spécialistes scientifiques.
La société Novocib souhaite devenir la référence
en matière de métabolisme de nucléosides et nucléotides.
La R&D va s’attacher d’une part à trouver le moyen
de prédire la réponse ou la non réponse des patients
à la Ribavirine et d’autre part, d’en déduire les
cibles afin de trouver des substituts plus efficaces à ce médicament.
La société n’exclut pas de recruter 3 personnes en 2008
(ingénieurs, post doc, technicien). A suivre…
* Source = Managed Healthcare Executive., qui estimait en
février 2006 le coût du traitement à 30K€ / an
M. HASLÉ