Février 2008 - n°129

Sur son campus parisien et dans le reste du monde, l’Institut Pasteur se dote de nouveaux moyens pour lutter contre les maladies émergentes

A l’aube de ses 120 ans, l’Institut Pasteur a décidé de renforcer ses compétences pour faire face à l’émergence de nouvelles maladies et aux problèmes de santé publique majeurs que représentent le sida, le paludisme, ou encore les maladies liées au vieillissement de la population.

120 ans de recherche au service de la Science et de la Santé

Créé après le succès du vaccin contre la rage, grâce à une souscription internationale lancée par l’Académie des sciences, l’Institut Pasteur a été inauguré le 14 novembre 1888 par le Président de la République, Sadi CARNOT. L’aventure est lancée…

Les chercheurs de l’Institut Pasteur n’ont dès lors cessé de contribuer à lutter contre les grands fléaux et à sauver des millions de vies : BCG, vaccin contre la fièvre jaune, contre la polio, découverte du bacille de la peste, de l’agent du paludisme, traitement de la diphtérie par la sérothérapie, découverte des sulfamides… Plusieurs disciplines, essentielles à l’évolution de la biologie, ont également vu le jour au sein de l’Institut : de la microbiologie à l’immunologie, jusqu’à la biologie moléculaire.

Aujourd’hui, les chercheurs de l’Institut Pasteur doivent prendre en compte de nouvelles menaces et, notamment, des maladies émergentes telles que la grippe aviaire et le chikungunya, ou encore, le sida (dont les virus ont été découverts à l’Institut Pasteur en 1983 et en 1985), le paludisme et les cancers d’origine infectieuse…

Le 21ème siècle est par ailleurs confronté à l’accroissement des maladies liées au vieillissement des populations (Alzheimer, Parkinson, surdités…). Grâce aux travaux développés depuis plusieurs années par ses équipes, l’Institut Pasteur peut aujourd’hui mettre en œuvre l’expertise acquise pour la compréhension de ces pathologies et explorer des approches thérapeutiques.

A Paris, un nouveau centre de recherche en construction dès septembre 2008…

Pour répondre à ces défis, l’Institut Pasteur a décidé de créer sur son campus parisien un nouveau centre de recherche sur les maladies émergentes, qu’elles soient d’origine virale, bactérienne ou parasitaire. L’un des objectifs majeurs de ce projet vise à décrypter la complexité des interactions entre les agents pathogènes, leurs vecteurs et l’Homme. Cette approche apparaît aujourd’hui de plus en plus accessible, grâce au développement de nouvelles technologies telles que l’imagerie cellulaire et moléculaire, la biologie structurale et la biophysique, ou encore, la génomique et la protéomique intégratives.

« C’est pourquoi nous avons décidé d’investir fortement dans les équipements de pointe et de créer des équipes pluridisciplinaires de spécialistes en biologie cellulaire, moléculaire et structurale », déclare Alice DAUTRY, directrice générale de l’Institut Pasteur. « C’est en effet seulement grâce à l’intégration des approches expérimentales et in silico que pourront être analysées les quantités considérables de données produites ».
Ce nouveau centre de recherche sur le campus de l’Institut Pasteur sera donc composé d’équipes pluridisciplinaires associant science expérimentale et modélisation, bio-informatique et calcul scientifique. Il dotera ces unités des moyens les plus modernes, en particulier d’un plateau technique de laboratoires spécialisés pour étudier et observer les interactions entre les agents pathogènes et leurs hôtes. Il comptera également des plates-formes technologiques de soutien, en interface avec les équipes, notamment en imagerie statique et dynamique, en biologie structurale et biophysique.
Le nouveau bâtiment, d’une surface de 16 000 m2, pourra accueillir environ 400 scientifiques, ingénieurs et techniciens. Il a été conçu pour favoriser l’interdisciplinarité et les découvertes à la frontière des différentes thématiques. La construction de ces installations débutera en septembre 2008 pour une mise en service en 2011.
L’investissement pour le bâtiment et ses équipements technologiques s’élève à 60 M€ HT. L’Etat, la Région Ile-de-France et la Ville de Paris ont décidé d’y apporter leur concours à hauteur de 23 millions d’euros. L’Institut Pasteur y contribue sur ses fonds propres à hauteur du tiers, soit 20 millions d’euros. Les 17 millions d’euros restant sont recherchés auprès de mécènes privés, particuliers, fondations ou entreprises, motivés à soutenir un tel projet.

Et dans le monde…

Parallèlement, le Réseau International des Instituts Pasteur (RIIP) verra en 2008 la création d’un nouvel Institut au Laos, suite à l’accord de coopération signé en novembre 2006 par le ministre de la Santé du Laos et l’Institut Pasteur. En mai 2007, la première pierre du nouvel Institut était posée à Vientiane.
L’Institut Pasteur du Laos se concentrera sur la lutte contre les virus émergents et les maladies vectorielles. Institut national à but non lucratif, il reçoit un soutien important de la communauté internationale au Laos, ainsi que de la France, notamment via l’Agence française de développement (AFD).
Autre inauguration prévue dans le cadre du RIIP, en 2008 : celle d’un laboratoire P3 au Cambodge, dont la construction a été subventionnée par le ministère français de la Santé et l’AFD. Grâce à ces nouvelles installations, l’Institut Pasteur du Cambodge pourra apporter son savoir-faire dans d’importants projets régionaux en cours, pour la surveillance des maladies émergentes, au Cambodge, au Laos, au Vietman, et en Chine. Ces programmes concernent notamment l’étude des pathogènes respiratoires et la surveillance des situations endémiques en Asie du Sud-Est…
Rappelons que le Réseau International des Instituts Pasteurs est constitué de 30 instituts répartis sur les cinq continents. Structure originale, unique au monde, le RIIP est un des rares exemples de réseau qui fonctionne dans les pays en développement. Son objectif est de mener à bien les trois missions pasteuriennes : recherche, santé publique et enseignement, au service des pays et des régions dans lesquels ils sont implantés.

Concluons en précisant que l’Institut Pasteur vous convie en 2008 à plusieurs rendez-vous majeurs pour célébrer ses 120 ans. Nous retiendrons pour commencer :

=> du 28 au 30 avril : le colloque « L’héritage de Metchnikoff en 2008 », qui rassemblera les plus grands spécialistes actuels de l’immunologie ;
=> du 19 au 21 mai : le colloque « 25 ans de VIH », dont l’objectif est de faire le point sur les connaissances actuelles du virus et sur les dernières avancées en matière d’essais cliniques…

S. DENIS

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