Juin 2008 - n°133

THERAPTOSIS étudie le mécanisme de l'apoptose
Bientôt une molécule en phase clinique dans le domaine de la neuroprotection

Nous avions consacré un premier article à la société THERAPTOSIS il y a quatre ans. A l'interface entre drug discovery et drug development, l'entreprise centre ses recherches sur le mécanisme de l'apoptose. Au cœur de ses objectifs : concevoir et développer de nouvelles molécules, capables de déclencher ou de bloquer le programme de mort cellulaire, afin de combattre des maladies associées à une dérégulation de ce mécanisme. Après une seconde levée de fonds, un déménagement dans des locaux entièrement rénovés sur le campus Biocitech et, bientôt, l'entrée d'une première molécule en phase clinique, il était temps de consacrer un nouveau reportage à THERAPTOSIS !

Un savoir-faire centré sur l'étude du mécanisme de l'apoptose

Rappelons que la société THERAPTOSIS est née en mars 2001 sous l'impulsion d'Etienne JACOTOT, alors post-doctorant, et de Léna EDELMAN, directrice du laboratoire de Technologie cellulaire anti-tumorale de l'Institut Pasteur. A l'origine de cette création d'entreprise : des recherches menées sur l'apoptose de cellules infectées par le VIH, qui ont donné lieu au dépôt de deux brevets CNRS / Institut Pasteur.

Détentrice de la licence de ces deux brevets en exclusivité mondiale, la société THERAPTOSIS est initialement implantée au sein du Pasteur Biotop où elle débute ses travaux avec deux objectifs thérapeutiques : inhiber la mort cellulaire, afin de contrer les phénomènes de dégénérescence ou de nécrose cérébrale, ou au contraire, l'activer pour détruire des cellules cancéreuses.
L'entreprise étudie ainsi tout particulièrement deux types d'effecteurs essentiels au programme de mort cellulaire : la mitochondrie, qui s'ouvre en libérant des facteurs de destruction dans toute la cellule, et les caspases, famille d'enzymes intervenant en tant qu'exécuteurs de l'apoptose. Les maladies neurodégénératives, mais aussi les cancers ainsi que certaines pathologies auto-immunes et cardiovasculaires sont directement visés par ses travaux. Fin 2004, toutefois, THERAPTOSIS décide, compte-tenu des moyens financiers disponibles, de concentrer pour un temps ses recherches sur le domaine de la neuroprotection…

Une première molécule bientôt en phase I...

A peine plus de sept ans après ses premières découvertes, l'équipe THERAPTOSIS annonce l'entrée imminente d'une première molécule de son portefeuille en essai clinique de phase I. Ce produit est un inhibiteur d'apoptose des neurones, le TRP601.

Développée en collaboration avec le laboratoire "Neurobiologie des processus adaptatifs" (UMR 7102 CNRS / Université Paris 6, dirigé par le Pr Jean MARIANI), cette molécule vise à traiter les lésions cérébrales néonatales qui peuvent survenir en cas d'accouchement difficile ou prématuré, et qui sont à l'origine de handicaps moteurs parfois sévères. Des essais pré-cliniques ont déjà été réalisés sur des rongeurs nouveaux-nés, avec des résultats convaincants.

L'équipe THERAPTOSIS se positionne donc en pionnier sur ce marché "de niche", tout en poursuivant le développement de nouvelles molécules pour le domaine de la neuroprotection, comme pour d’autres indications. "Notre cœur de métier est en effet centré sur un mécanisme biologique, l'apoptose, et non sur une thérapeutique cible", remarque M. JACOTOT. "Nous étudions par exemple aussi bien des applications potentielles en neuroprotection qu'en cancérologie…"

THERAPTOSIS compte aujourd'hui à son portefeuille 16 familles de brevets, soit une soixantaine de brevets au total. Parmi les molécules les plus prometteuses, deux visent la neuroprotection : la TRP601, mise au point en interne, et une autre disponible pour un développement en collaboration avec un partenaire extérieur. Le Laboratoire poursuit par ailleurs un projet en oncologie, avec une petite molécule actuellement en cours d'optimisation sur le plan de la chimie médicinale.

… et une technologie remarquable : le MitoTrust

Précisons que l'équipe THERAPTOSIS a isolé ce composé anti-cancer à partir de sa technologie MitoTrust, un test de criblage qu'elle a mis au point en interne pour purifier les mitochondries et évaluer à partir de ces entités fonctionnelles l'activité de molécules pro et anti-apoptiques.

Le MitoTrust s'impose aujourd’hui comme une alternative au protocole de criblage classique, toujours limité par des problèmes de reproductibilité. Depuis notre précédent reportage, THERAPTOSIS a réalisé un important travail de standardisation sur cette technologie MitoTrust, avec notamment l'allongement de la durée de vie des mitochrondries, l'opportunité d'effectuer des criblages secondaires et d'isoler des mitochondries de tissus différents (cœur, foie, cerveau, ou encore, tissus de cellules tumorales).

THERAPTOSIS répond ainsi au concept de criblage différentiel, permettant de sélectionner une molécule en fonction de son activité sur les mitochondries d'un tissu pathologique donné. Un service qui intéresse tout particulièrement l’industrie pharmaceutique, pour des composés qui ont déjà démontré leur intérêt, mais qu'il s’agit d’optimiser sur un groupe bien spécifique de tissus…

De nouveaux locaux dans un environnement propice au développement pharmaceutique…

Autre événement récent et de première importance pour la société THERAPTOSIS : son emménagement en février 2007 sur le site Biocitech à Romainville (93). Elle y bénéficie de 600 m2 de laboratoires, totalement rénovés, auxquels s'ajoutent environ 150 m2 d'animalerie ultra-moderne, gérée par la société Charles River.

Les installations de THERAPTOSIS s'organisent plus précisément autour de trois laboratoires individualisés : deux unités de biologie (oncologie clinique et neuroprotection), et un groupe chimie créé de toutes pièces à l'occasion de ce déménagement. "Jusque là, notre activité Chimie était en effet détachée sur Strasbourg dans le cadre de collaborations académiques", précise M. JACOTOT.

A Biocitech, THERAPTOSIS profite donc de locaux industriels qui lui permettent de travailler dans des conditions semblables à celles des Bonnes Pratiques de Laboratoire. Son équipe y dispose notamment d’un laboratoire P1 et d’un P2 –dédié à la culture cellulaire en masse - ainsi que d’équipements tels que : un synthétiseur automatique de peptides, des chaînes HPLC, un microscope à fluorescence, un cytomètre en flux et un robot pour le traitement de multiples microplaques des mitochondries isolées…

Une équipe renforcée et un second tour de table finalisé

THERAPTOSIS s’appuie aujourd'hui sur une équipe de 18 personnes. Une quinzaine d'ingénieurs, techniciens et docteurs en sciences y collaborent, sous l'égide d'une structure de management sensiblement renforcée.
Société Anonyme à Directoire et Conseil de Surveillance, THERAPTOSIS a notamment accueilli M. Bernard MAJOIE début 2005 au sein de son Conseil de surveillance, M. Jean-François BOUSSARD, aux fonctions de directeur financier et s'est lancée dans la préparation de sa seconde levée de fonds pour la finaliser en 2006 à hauteur de 8,4 M€. Six investisseurs ont soutenu ce deuxième tour de table : les trois actionnaires historiques de l'Entreprise - Edmond de Rothschild Investment Partners (EdRIP), Seventure (Natexis Private Equity) et CDC entreprise (FCJE) - auxquels se sont joints Auriga Partners, Blue Medical et 123Venture.
Fin 2006, toujours, THERAPTOSIS a intégré le réseau européen Neobrain (Neonatal Estimation of Brain Damage Risk and Identification of Neuroprotectants) aux côtés de douze autres équipes, spécialistes en néonatologie. Au cœur de leurs recherches : la protection du cerveau des nouveau-nés.

Depuis Septembre 2007, un nouvel entrant est venu rejoindre l'Entreprise, M. Olivier CHESNOY, au fonctions de Directeur du Business Developpement. La société compte beaucoup sur son expérience antérieure au sien du Groupe Fournier pour développer des partenariats avec l’industrie pharmaceutique, ce qui explique sa nomination à la présidence du Directoire de Theraptosis.

Précisons enfin que l’entreprise poursuit une collaboration active avec le laboratoire du Pr Jean MARIANI (Université Paris 6 - CNRS), celui du Dr Pierre GRESSENS (Inserm U676 - Hôpital Robert Debré), et avec l’équipe du Dr Catherine Brenner (CNRS - Université de Versailles StQuentin). Elle travaille également en partenariat avec des sociétés de recherche clinique (CRO) et, sur le site même de Biocitech, avec plusieurs prestataires de services technologiques, notamment dans le domaine de la chimie, et en particulier de l'analyse RMN…

Dotée d’un actionnariat élargi et de projets murs, les prochains objectifs de THERAPTOSIS sont de poursuivre le développement de ses molécules au stade clinique et, dans cette optique, étoffer son pôle de direction médicale…

S. DENIS

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