Février 2009 - n°140
COVALMAR
Recherche et innovation en biotechnologies marines
La société COVALMAR a initié son activité
de recherche et développement il y tout juste un an. Cette jeune entreprise
innovante, dont une partie des laboratoires est hébergée au
sein du Muséum National d'Histoire Naturelle, s'est spécialisée
dans les biotechnologies marines. Sa vocation ? Découvrir et valoriser
sur le plan industriel des molécules d'origine aquatique à activités
biologiques, notamment antioxydantes et antimicrobiennes. Gros plan !
A l'origine : un brevet déposé
par le Muséum, l'Université Paris VI et le CNRS
COVALMAR a vu le jour en juin 2007, sous l'impulsion de M. Alfred CHEMOUNI,
chimiste de formation, et déjà à la tête d'un groupe
d'entreprises réunissant CHEOPS CONSEIL, conseil en formulation cosmétique,
et SECOS, spécialisée dans la formulation, la fabrication et
le conditionnement à façon de produits cosmétiques. C'est
donc au sein même de ce Groupe qu'a été fondée
la société COVALMAR, dédiée à la R&D
en biotechnologies marines.
Sa création a été motivée par l'idée de
valoriser les résultats de recherche de travaux menés au Muséum
National d'Histoire Naturelle (MNHN) sur l'identification d'antioxydants et
d'antimicrobiens d'origine marine par Isabelle DOMART-COULON (Maître
de conférence MNHN, UMR 5178), Marie-Lise BOURGUET-KONDRACKI (Chargée
de Recherche CNRS, UMR 5154) et Elodie QUEVRAIN (doctorante de l'Université
Pierre et Marie Curie, UPMC). Isabelle DOMART COULON venait d’intégrer
l’équipe « Evolution des biominéralisations »
dirigée par Christian MILET qui met alors en relation Alfred CHEMOUNI
avec les chercheurs pour constituer un partenariat.
Sur les conseils de M. CHEMOUNI, les unités de recherche déposent
un brevet et lui en cèdent la licence d'exploitation exclusive. Simultanément,
la société COVALMAR est créée par M. CHEMOUNI
pour réaliser la faisabilité industrielle de la production d'un
extrait d'origine marine antioxydant ayant des propriétés antimicrobiennes.
Denis DUPLAT, qui réalisait alors sa thèse au sein de cette
équipe du MNHN sur les actifs issus de la nacre de l'huître perlière
des mers chaudes, croise la route de M. CHEMOUNI. En octobre 2007, il intègre
COVALMAR au poste de responsable R&D, et lance l'activité de recherche.
Le brevet déposé conjointement par le Muséum, le CNRS
et l'UPMC en avril 2007 est officiellement publié en octobre 2008.
Outre la négociation du contrat de licence exclusive, un partenariat
est par ailleurs signé entre le MNHN et COVALMAR, notifiant l'hébergement
d'une partie du laboratoire de recherche COVALMAR au sein du Muséum,
opération menée conjointement avec la délégation
à la valorisation du MNHN.
Une équipe hautement qualifiée,
soutenue par la Cosmetic Valley
De fait, l'équipe COVALMAR bénéficie de remarquables
installations, au coeur de Paris et dans un environnement scientifique idéal,
pour mener à bien les premières phases de ses travaux de R&D.
Elle dispose également d'un laboratoire de recherche appliquée
à Nogent-le-Rotrou dans l'Eure-et-Loir (28), là même où
est implantée l'usine de fabrication à façon de produits
cosmétiques SECOS. COVALMAR peut ainsi tout à la fois profiter
d'un accès privilégié aux technologies analytiques du
Muséum (HPLC, GC, spectrométrie de masse, RMN...), et constituer
son propre parc instrumental qui intègre entre autres aujourd'hui des
fermenteurs (2 litres), des incubateurs, un spectrofluorimètre et des
évaporateurs rotatifs.
Quant à ses effectifs, ils se sont enrichis il y a quelques mois de
trois nouveaux collaborateurs.Delphine PICHON, docteur en microbiologie marine,
a été recrutée en mars dernier ; et Cosima DUFOUR-SCHROIF,
docteur en chimie des substances naturelles, est entrée chez COVALMAR
en mai 2008. Récemment en décembre 2008, une ingénieure
de recherche en formulation cosmétique et analyses physicochimique
et bactériologique Perrine BEQUIGNON est venue renforcer l'équipe
de chercheurs COVALMAR à Nogent le Rotrou.
Dès sa création, et étant donné sa double implantation
géographique sur Paris et en Eure-et-Loir, COVALMAR a présenté
son projet auprès de la Cosmetic Valley. La jeune société
a ainsi obtenu la reconnaissance et le soutien de cette dernière, tout
comme ceux des collectivités territoriales, du Conseil général
d'Eure-et-Loir et de l'Oséo.
De la sélection de molécules naturelles
bioactives d'origine marine...
Forte de ce soutien et de son expertise à la pointe de la recherche
mondiale, la société COVALMAR entend valoriser le brevet MNHN/CNRS/UPMC
dont elle détient la licence d'exploitation exclusive pour la production
de molécules antimicrobiennes d'origine marine.
« De nombreuses molécules naturelles marines, et souvent
biologiquement actives, proviennent de bactéries associées aux
éponges », nous explique Denis DUPLAT. « Ces bactéries
produiraient des antimicrobiens pour se défendre des autres microorganismes
présents dans l'organisme hôte (éponge) et dans le milieu
marin. Elles généreraient par ailleurs des antioxydants pour
se protéger de la digestion de l'éponge elle-même... »
Le caractère innovant du projet COVALMAR repose donc sur l'utilisation
de ce modèle original « bactéries associées aux
éponges marines » comme source de nouveaux microorganismes. La
société souhaite produire industriellement ces nouvelles molécules
bioactives par biotechnologie, en cultivant en fermenteur des souches bactériennes
marines, dans le respect du principe de gestion durable des ressources aquatiques.
... à la validation de la faisabilité
industrielle et jusqu'à la transposition d'échelle
Dans le cadre des recherches menées au sein du Muséum les bactéries
cultivables associées à l'éponge ont été
isolées, et des tests antioxydants (ORAC) et antimicrobiens ont été
réalisés sur ces bactéries en présence de souches
de Staphylococcus aureus et des souches ont été sélectionnées
pour constituer une banque de bactéries marines.
Le projet conduit par COVALMAR consiste désormais à valider
la faisabilité industrielle de ce brevet. Début 2008, l'Entreprise
a donc lancé sa propre activité de R&D et travaille notamment
à la mise au point d'un milieu de culture optimisé qui permette
aux bactéries de produire l'extrait actif antioxydant et avec des propriétés
antimicrobiennes à un rendement élevé.
M. DUPLAT dirige ces recherches en interne et les coordonne avec celles du
Muséum, tout en étudiant leur faisabilité technique et
leur transfert, du laboratoire à l'échelle d'une production
semi-industrielle, puis industrielle. Ainsi, après l'erlen et le fermenteur
de 2 litres qu'elle utilise aujourd'hui, l'équipe COVALMAR s'appliquera
à réaliser un scale-up, de 2 à 30 litres. « Dans
cette optique, nous avons négocié un contrat de collaboration
avec une entreprise de production, capable de transposer nos procédés
jusqu'à 4000 litres... », souligne Denis DUPLAT.
« Notre objectif, dans un premier temps, est d'obtenir un extrait
brut bactérien antioxydant aux propriétés antimicrobiennes,
afin de débuter très prochainement les tests de toxicité
», poursuit-il. « Une vingtaine d'actifs a pu être identifiée
sur les extraits bactériens. Nous cherchons donc maintenant à
mettre en oeuvre des méthodes naturelles pour extraire ces actifs ;
l'objectif étant de produire la biomasse suffisante à la réalisation
des tests, directement à partir de bactéries évitant
ainsi de nuire à la survie des espèces d'éponges en préservant
les écosystèmes marins.,... De plus, nous évitons ainsi
d'avoir à éliminer les intermédiaires de synthèse
inévitables dans le cas de synthèses industrielles.»
Et pour 2009?
COVALMAR entend produire un extrait brut de certaines bactéries isolées
à partir de l'éponge et constituer une banque de souches qui
permettrait de valoriser au mieux chaque actif. Le but de son équipe
est de poursuivre l'identification et la sélection de molécules
naturelles actives – antimicrobiens, antioxydants, pigments, molécules
actives sur la biominéralisation...- selon des critères d'intérêt
pour la pharmaceutique, la parapharmaceutique (dont la cosmétique et
la diététique) et l'agroalimentaire.