Octobre 1995 - n°1
Le laboratoire du centre d'hémodialyse de l'hôpital Sainte Marguerite de l'Assistance Publique de Marseille a ouvert ses portes en 1977, en même temps que le service de dialyse. L'originalité de ce laboratoire réside dans sa localisation et sa vocation : situé dans le même bâtiment que les circuits et postes de dialyse il a été créé dans le but de contrôler la qualité des concentrés et eaux de dialyse.
Ce contrôle est primordial pour le malade insuffisant rénal chronique, dialysé 3 fois par semaine à raison d'environ 5 heures par séance. A chaque dialyse, ce sont 150 litres de soluté (mélange de concentré et d'eau) qui sont en contact indirect avec le sang. En effet, l'épuration s'effectue majoritairement par diffusion des déchets du sang vers le liquide de dialyse à travers une membrane de quelques microns d'épaisseur. Cette diffusion se produit également en sens inverse et fait courir au malade un risque toxique et/ou infectieux aigu ou chronique. La qualité chimique et bactériologique de l'eau et des concentrés est donc sous haute surveillance.
«L'eau pour dilution des solutions concentrées pour hémodialyse» fait l'objet d'un texte à la Pharmacopée Française (Xème éd. janvier 1993). Le laboratoire du Pr REYNIER/Dr RAGON effectue toutes les analyses recommandées par la pharmacopée et quelques contrôles supplémentaires (cf. Tableau).
La pharmacopée ne donne pas d'indication sur la périodicité des analyses. C'est à chacun de mettre en place un système d'Assurance Qualité afin d'obtenir toute confiance dans la qualité de l'eau distribuée.
En ce qui concerne les concentrés, l'hôpital Sainte Marguerite se fournit auprès de sociétés spécialisées selon un cahier des charges précis.
La composition chimique exacte de ces produits est néanmoins vérifiée pour chaque lot d'arrivage. De plus un dernier contrôle chimique est effectué directement sur le soluté au début de chaque séance pour chaque malade.
Pour réaliser ces analyses, quatre techniciens travaillent dans ce laboratoire équipé de matériels spécifiques :
- spectrophotomètre d'émission de flamme pour le sodium et le potassium
- spectrophotomètre d'absorption atomique pour les métaux (exceptés l'Aluminium, le Plomb, et l'Etain dosés à l'hôpital de la Timone - Assistance Publique - Marseille)
- électrodes spécifiques (ammonium, fluorures)
- automate de détection des endotoxines bactériennes
(la bactériologie est réalisée au laboratoire d'hygiène de l'Assistance Publique - Marseille)
L'expérience et le sérieux du laboratoire font que beaucoup d'hôpitaux, cliniques et associations de dialyse à domicile lui demandent de contrôler leurs circuits d'eau.
Le laboratoire effectue de nombreuses analyses pour les centres non équipés notamment dans le domaine des endotoxines bactériennes. Selon les résultats de ces dosages, le Dr RAGON peut conseiller ses confrères pour aider à une amélioration de la qualité de leurs installations.
Le développement de cette activité de conseil pour les centres en dehors de l'Assistance Publique, l'augmentation régulière du nombre de dialysés (+ 7% par an) entraînent des analyses de plus en plus nombreuses. Actuellement le laboratoire effectue 9.000 contrôles physico-chimiques/mois et 130 déterminations d'endotoxines bactériennes/mois.
Au delà du contrôle de l'eau et des concentrés, le laboratoire réalise certains dosages pour des études spécifiques, toujours dans le domaine de la néphrologie (dosage du fluor, du cuivre, du zinc dans le sang et l'urine par exemple). Prochainement, dans le cadre d'une étude sur la lithiase urinaire (formation de calculs), le laboratoire va s'équiper d'un appareil spécialisé dans le dosage du calcium ionisé dans le sang. Cette détermination est essentielle pour le diagnostic et le suivi thérapeutique des altérations du métabolisme calcique (à la base de cette pathologie).
Contrôle des circuits de dialyse, participation à des études cliniques, de différentes façons, le laboratoire d'hémodialyse de Sainte Marguerite travaille à l'amélioration de la qualité de vie des malades souffrant de pathologie rénale.
Valérie Crochet.