Septembre 1996 - n°10
LE " SETACIUM " : La réussite d'une collaboration Université- lndustrie valorisée par la Direction des Relations Industrielles pour lutter contre la pollution par l'amiante
Personne n'ignore aujourd'hui les dangers que représente la dégradation de l'amiante, générée entre autre par les indispensables travaux d'entretien obligeant à intervenir dans les parois ou gaines techniques amiantées d'usines, d'immeubles, de commerces, de bureaux, ou d'ateliers, sans pouvoir en éloigner les occupants ni pendant ni après les opérations.
Madame Marie-Madelaine JEANROY, ingénieur Hygiène
et Sécurité, a été confrontée à ce
problème des sa nomination à l'Université Pierre et Marie
Curie sur le campus de Jussieu. Très vite elle entame des recherches
en collaboration avec Monsieur Guy JEAN, du secteur privé, pour tenter
de répondre sans risque de pollution, aux besoins de maintenance interne.
Il fallait en effet, au-delà de la conception théorique et des
calcuis, non seulement résoudre les problèmes de matières
à utiliser: robustesse, étanchéité, faible poids,
inertie aux agressions chimiques, résistance à la chaleur... mais
aussi trouver des appareils et mécanismes capables d'assurer durablement
le bon fonctionnement de l'original système de dépression et de
filtration qui, à l'intérieur de la cabine, permet la récupération
des fibres en suspension, le tout dans le respect des normes européennes.
A mesure que progressaient les mises au point, il s'est avéré
que cet appareillage répondait à un besoin chaque jour plus pressant
des professionnels du bâtiment, lors de leurs travaux quotidiens de réparation,
entretien, rénovation en présence d'amiante.
Une fabrication en série pouvait donc être envisagée et
la version définitive fit l'objet d'une longue séquence de tests
subis finalement avec succès: les résultats des essais et mesures
réalisés par l'lnstitut National de Recherche et de Sécurité
(INRS) confirmèrent l'efficacité de ce dispositif unique en son
genre.
Le <<SETACIUM>> est donc composé de deux zones:
Cette cabine-sas est exclusivement conçue pour des
travaux de maintenance. D'un montage très facile et d'un transport aisé,
elle assure la sécurité des opérateurs et garantit la sécurité
absolue du public dans l'environnement extérieur; pendant et après
son utilisation, ainsi que l'ont établi les tests passés en temps
et situations réels, la présence de fibres minérales cancérigènes
dans l'environnement est voisine de zéro.
D'ores et déjà commercialisable, le "SETACIUM" est l'exemple
concret d'une collaboration Université / Industrie et d'une valorisation
réussies ; sa licence exclusive de commercialisation a été
confiée à la Société Costanzo Protection, entreprise
spécialisée dans les matériels et équipements de
sécurité et de protection des personnels d'usines et de chantiers,
établie à La-Varenne-Saint-Hilaire (Val de Marne).
LES FERROFLUIDES, Des collaborations exemplaires pour la mise au point de nombreuses applications et une recherche active de partenariats
Les ferrofluides, ou fluides magnétiques, ont fait
leur apparition aux Etats-Unis vers 1966 et ne cessent, depuis, d'activer l'intérêt
des chercheurs.
Ces solutions colloïdales de grains magnétiques nanométriques,
en suspension dans un liquide porteur, sont en effet dotées de propriétés
très intéressantes évoluant selon la nature des particules
magnétiques (Fe2CoO4, Fe2NiO4, Fe2CuO4, Fe203...) et du solvant (H20,
MeOH, hydrocarbures aliphatiques, huiles de silicone...) mis en jeu.
Découvrant dès le début des années 80 une méthode originale pour l'élaboration de ces ferrofluides, Mr René MASSART décide de spécialiser ses recherches dans ce domaine bien spécifique, au sein d'une Unité de Recherche Associée au CNRS. Son laboratoire (Physicochimie Inorganique) développe très rapidement une collaboration exemplaire avec une équipe du laboratoire d'Acoustique et d'Optique de la Matière Condensée (AOMC), dirigée par Mr Jean-Claude BACRI. Par la complémentarité de leurs compétences, chimistes et physiciens ont ainsi pu parfaire leurs connaissances des liquides magnétiques, puis envisager de nombreuses possibilités d'applications.
"l'élaboration d'un fluide magnétique, ou
du moins d'un ferrofluide de base, comprend nécessairement deux étapes:
la première consiste à élaborer la particule magnétique
elle-même, tandis que la seconde doit permettre la réalisation
d'interfaces solide-liquide compatibles. A ce jour, nous sommes en mesure de
fabriquer un fluide magnétique dans n'importe quel solvant: ceci grâce
à un parfait contrôle de la réactivité superficielle
" nous confie Mr MASSART.
Efficacement valorisée par la Direction des Relations Industrielles,
une telle maîtrise des suspensions colloïdales a permis le développement
d'importants partenariats dans des domaines très variés:
-- en collaboration avec l'unité INSERM U313 du CHU Pitié Salpétrière, plusieurs applications biomédicales ont ainsi été mises au point:
-- la recherche de nouveaux capteurs (accéléromètres,
inclinomètres, capteurs de pression), utilisant les liquides magnétiques,
a été également couronnée de succès et a
donné lieu à plusieurs dépôts de brevets:
" l'un des premiers prototypes d'accéléromètre, élaboré
avec l'aide de l'lnstitut de Physique du Globe et d'une PME spécialisée
dans la sismologie, se destinait à la prévention des tremblements
de terre. D'une grande sensibilité (50.10-6 g, g étant l'accélération
due à la pesanteur), ce système a été testé
en 1991 parmi beaucoup d'autres, et reconnu comme très pefformant à
faible coût...", précise Mr BACRI.
A l'origine de ces quelques innovations et de nombreuses autres, les laboratoires de Mr MASSART et Mr BACRI possèdent aujourd'hui une sérieuse expérience des ferrofluides et de leurs applications; ouverts à toute collaboration scientifique, ils souhaitent participer activement au transfert de technologie et développer des solutions adaptéss aux problèmes posés par les industriels...
S.DENIS