Octobre 1996 - n°11
Le laboratoire de recherche des musées de France - Quand l'Art et la Chimie se rencontrent...
Le Laboratoire de Recherche des Musées de France
- le LRMF -, fondé en 1931, est l'un des plus anciens et des plus importants
laboratoires du monde des musées. Initialement consacré aux simples
examens optiques, le Laboratoire poursuit aujourd'hui des études
sur la naissance, la vie et le vieillissement d'uvres très diverses
- peintures de chevalet, mais aussi peintures préhistoriques, polychromie
des sculptures, objets archéologiques et objets d'art - au moyen des
méthodes scientffiques les plus sophistiquées.
Auteur et acteur privilégié du dialogue entre Arts et Sciences,
le LRMF nous a accueillis dans le cadre lumineux du Palais du Louvre...
Installé depuis février 1995 au pied du Pavillon de Flore,
le Laboratoire de Recherche des Musées de France dispose de vastes locaux
parfaitement adaptés au développement de ses activités;
Trois niveaux soutenains totalisant 5000 m2 de surlace et atteignant 12 mètres
de profondeur sont irrigués par l'éclairage naturel d'un grand
puits de lumière, percé au coeur méme des jardins du Carrousel.
Dans cet espace particulièrement novateur, plus de 70 personnes collaborent
en permanence; " la moitié est constituée de scientifiques,
ingénieurs et techniciens nommés par la mission Recherche du Ministère
de la Culture. Deux directeurs de recherche CNRS, un chargé de recherche
CNRS, un ingénieur CEA et près de 10 étudiants chercheurs
sont venus également renforcer le potentiel scientifique du Laboratoire.
Conservateurs, documentalistes, historiens et administratifs forment l'autre
moitié de l'équipe", précise Mr MOHEN, Directeur du
LRMF depuis février 1994. Possédant depuis mars 1996 le statut
" Unité Mixte de Recherche" UMR 171, le Laboratoire de Recherche
des Musées de France axe aujourd'hui ses activités sur:
- I'établissement de diagnostics, effectués à la
demande des conservateurs responsables des collections publiques nationales
et territoriales, sur l'état des objets avant leur acquisition ou en
vue de leur restauration et de leur conservation,
- la recherche ou l'adaptation de nouvelles méthodes d'analyse
permettant de délinir la nature des matériaux composant les objets
étudiés et les techniques de leur mise en uvre, tout en
considérant diverses contraintes propres aux pièces de musées:
interdichon ou minimisabon des prélèvements d'échantilons,
variété des matériaux constitutifs...
- des études thématiques qui présentent actuellement
deux priorités de réflexion:
Doté d'équipements ultra-modernes, le LRMF est
en mesure d'eHectuer une très large gamme d'analyses : examens photographiques
sous différents rayonnements (visible, lumière rasante, ultraviolet,
infrarouge), radiographie, émissiographie. Le LRMF utilise des appareils
aussi variés que: la loupe binoculaire, les microscopes - pétrographique,
métallographique -, le microscope électronique à balayage
(MEB), la fluorescence X, la diffraction X, ainsi que des systèmes d'analyses
par faisceaux d'ions basés sur un accélérateur de particules.
"AGLAE (Accélérateur Grand Louvre d'Analyse Elémentaire),
seul accélérateur en place dans un laboratoire de musée,
est ainsi exclusivement dévolu à l'analyse des objets d'art et
d'archéologie", commente Mme LEFEVRE, responsable communication
au LRMF
La chromatographie en phase gazeuse et la spectrométrie infrarouge sont
par ailleurs utilisées pour l'identification des produits organiques
tandis que la thermoluminescence (TL) permet d'évaluer la date de dernière
cuisson des céramiques.
" Nous collaborons très étroitement avec les conservateurs
et restaurateurs des musées, les historiens, les archéologues
ainsi que d'autres laboratoires francais et étrangers; des relations
privilégiées sont ainsi entretenues avec le Laboratoire de Recherche
des Monuments Historiques à Champ~sur-Marne et le Centre de Recherche
sur la Conservation des Documents Graphiques à Paris, avec des universités
comme Orsay Paris Vll, I'Ecole Normale et de grandes institutions étrangères:
la Fondation Getty de Los Angeles, I'ICC d'Ottawa, le Smithsonian Institute
de Washington...", nous confie Mr MOHEN. «Des contacts toujours plus
nombreux sont également établis avec l'lndustrie qui découvre
nos activités et s'intéresse de plus en plus à nos travaux".
Parmi ies autres objectifs du Laboratoire, notons également l'importance
de la formation et de la diffusion. Le LRMF mène en effet des actions
d'enseignement (écoles du Louvre, du Patrimoine, MST...) et supervise
l'encadrement de doctorants et de stagiaires scientifiques ou historiens.
Une politique de communication très active est parallèlement développee
par le Laboratoire:
Laboratoires, entreprises et musées du monde entier
entretiendront ainsi la richesse du dialogue de l'Art et de la Chimie pour une
compréhension et une connaissance toujours plus approhndies du patrimoine
muséologique.
Principales méthodes
expérimentales utlisées au LRMF
Méthodes d'examen:
lumière visible
Photographie: pratiquée sur tout type d'objet.
Microscopie optique: sert à examiner métaux, pierres, céramiques
et coupes de peinture.
Intrarouge: soit film soit caméra pour examiner les peintures
sur tout support. Met en évidence repentirs ou dessins sous- jacents.
Ultraviolet: provoque des phénomènes de fluorescence de
certains matériaux taisant apparaître des restaurations.
Radiographie: révèle les étapes de ia réalisation,
les modifications, les restaurations, fournit un état de conservation
de l'objet.
Microscopie électronique à balayage (MEB); grandissement
jusqu'à 300 000; permet l'observation de petits objets non plans.
Méthodes d'analyse:
Diffraction X: identitie la structure des objets cristallisés
(minéraux, corrosion).
Chromatographie en phase gazeuse: identitie des vernis ou des liants
organiques.
Spectrométrie intrarouge: identifie les molécules du composé
chimique par les bandes d'absorption.
Méthodes basées sur les rayons X:
Détection X couplée au MEB: analyse élémentaire
non destructive de l'échantillon par la détection des rayons X
émis en réponse au bombardement d'électrons.
Fluorescence X: analyse qualitative et quantitative élémentaire
de I'échantillon par l'étude des rayons X émis en réponse
à un bombardement X primaire.
Spectrométrie d'émission UV visible: analyse quantitative élémentaire
très précise de solutions liquides. Utilisée très
fréquemment pour l'étude des métaux mis en solution.
AGLAE (Accélérateur Grand Louvre d'Analyse Elémentaire):
un système d'analyse par bisceau d'ions basé sur un accélérateur
de particules,
PIXE (Particle Induced X Emission): fluorescence X induite par le faisceau de
protons.
NRA (réactions nucléaires): analyse élémentaire
ou isotopique des atomes de l'échantillon par la détection de
rayonnements gamma ou de particules chargées émis lors de la relaxation
du noyau excité par le faisceau de particules.
RBS (spectrométrie de rétrodiffusion Ruthedord): rebond élastique
des ions incidents sur les atomes plus lourds de la cible. Méthode bien
adaptée à la détection des atomes lourds sur une cible
légère.
Méthode de datation
Thermoluminescence (TL): fournit la date de la dernière cuisson
des céramiques.
S.DENIS