Février 1998 - n°25
L'Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (APHM) regroupe actuellement environ 3800lits répartis en quatre sites: le site nord avec l'hôpital nord et l'hôpital Félix Houphouet-Boigny, le site de la Conception, le site de la Timone (adulte, enfant et psychiatrie) et le site sud avec les hôpitaux Sainte Marguerite et Salvator. Pour l'ensemble du CHU, il existe 3laboratoires de bactériologie (un pour le site nord, un pour le secteur conception-Timone et un à Salvator) et un laboratoire de virologie installé à la Timone. Les laboratoires de bactériologie fonctionnent en réseau, c'est-à-dire qu'en plus des analyses de routine propres à chaque site hospitalier, chaque laboratoire effectue des activités spécifiques pour l'ensemble du CHU et pour l'extérieur.
Le laboratoire de bactériologie de l'hôpital Salvator a pour mission les analyses de routine pour les hôpitaux Sainte Marguerite et Salvator et trois activités spécialisées:
- les mycobactéries (agents de la tuberculose et mycobactéries atypiques), secteur innovant et en pointe grâce aux investissements réalisés sur l'automatisation (unique en France) et sur l'identification des souches (utilisation de la chromatographie et de la biologie moléculaire). Ces études sont menées en collaboration avec le plateau technique de la Timone,
- l'hygiène hospitalière dont le sujet le plus performant est l'isolement et l'identification des micro-organismes dans l'eau du milieu hospitalier. Ce travail est également effectué en collaboration avec le plateau technique de la Timone,
- le dosage antibiotique par chromatographie, effectué en partenariat avec la fédération de pharmacologie implantée à la Timone. Environ chaque semestre, un nouveau dosage ou une nouvelle molécule antibiotique est créé.
La source de financement est purement issue de l'APHM. Le laboratoire de bactériologie de Salvator peut cependant dans un cadre contractuel effectuer des expertises pour un organisme privé. Le service est formé de 32personnes dont le chef de service: DrMichel Drancourt "souhaite de faire en sorte que ce laboratoire soit toujours au top niveau technologique, créatif et inventif".
Outre son activité hospitalière, Michel Drancourt effectue sa recherche sous la direction du PrRaoult à l'unité des Rickettsies (UPRES A60-20) qui fait partie de l'université de la Méditerranée. Elle est située à la faculté de médecine de la Timone. Cette unité de recherche se consacre à l'étude des micro-organismes intracellulaires (épidémiologie des micro-organismes intracellulaires, physiopathologie des maladies intracellulaires, diagnostics et thérapeutiques).
M. Drancourt s'intéresse aux diagnostics et plus particulièrement à:
- la mise au point d'outils de détection et d'identification de micro-organismes pathogènes. Dans ce domaine, la contribution de l'équipe à été forte avec l'élaboration d'outils et de techniques pour l'isolement des micro-organismes à croissance intracellulaire. Une dizaine de nouvelles maladies émergentes a pu ainsi être décrite depuis dix ans dont:
- les nouvelles fièvres boutonneuses, bactéries intracellulaires transmises par les tiques à l'homme,
- les nouvelles formes cliniques d'infection à Coxiella (endocardite à Coxiella, anévrisme, infections chez les femmes enceintes),
- les infections à Bartonella, bactérie intracellulaire responsable d'endocardite.
- l'étude de microsproridiques, hybrides entre parasites et bactéries, qui ne peuvent se développer et se multiplier qu'en parasitant une cellule et qui sont responsables d'infections émergentes. Environ 1000espèces sont à ce jour reconnues dont les maladies suivantes sont issues et observées au cours du SIDA: entérite, encéphalite, pneumonie et néphrite. Mais ces micro-organismes peuvent sans doute donner des infections en dehors des sidéens notamment chez l'homme traité par immunodépresseurs ou en dehors même de cette catégorie de patient.
Les recherches se font à partir de cultures cellulaires en utilisant les techniques de la biologie moléculaire (amplification et sèquençage) ainsi que les autres techniques usuelles. La mise au point de nouveaux concepts tels que l'identification des micro-organismes par une technique d'immunocapture est le fruit de la recherche de cette équipe. "L'unité des Rickettsies a créé des concepts, des nouveaux outils d'identification de maladies émergentes et une méthode de traitement adaptée particulièrement dans le cas de la Coxiella" confirme M.Drancourt. Cette équipe tente de répondre à la question: "Comment un micro-organisme peut-il vivre et se multiplier à l'intérieur d'une cellule parasitée qui peut parfois le tuer?".
Les études effectuées au laboratoire de bactériologie de Salvator, la recherche de l'Unité des Rickettsies permettent ainsi d'améliorer les diagnostics et les traitements des maladies d'origine bactériologique. En effet, "l'expertise que l'on acquiert dans la recherche peut profiter dans l'activité hospitalière. Un des deux objectifs de la recherche étant d'être au service du patient" déclare M.Drancourt.
J. SILVY