Février 1998 - n°25

"Approches Génétique et Immunologique dans la lutte contre les virus"
Simon WAIN-HOBSON, Professeur à l'Institut Pasteur: lauréat du Prix André LWOFF 1997

Le Prix André LWOFF créé à l'initiative du Conseil Pasteur-Weizmann et des laboratoires pharmaceutiques...

En 1992, à l'occasion du 90è anniversaire du Professeur André LWOFF -Prix Nobel de Médecine-, est créé un prix qui porte son nom et qui met en lumière l'importance de sa contribution dans le domaine de la virologie fondamentale et appliquée.

A l'initiative de ce projet, le Conseil Pasteur-Weizmann est activement soutenu par les laboratoires pharmaceutiques: bioMérieux, Glaxo Wellcome, Hoechst Marion Roussel, Pasteur Mérieux Connaught, Roche, Novartis Pharma, Sanofi Diagnostics Pasteur, Smithkline Beecham.

Le Prix André LWOFF fait dorénavant partie des Grands Prix de l'Académie.

D'un montant de 120000 francs, il est décerné tous les deux ans à un chercheur ou à une équipe de chercheurs français ou israéliens, par un jury international. Il récompense une œuvre de recherche dans le domaine de la virologie fondamentale et appliquée.

Centré sur le thème "Approches génétique et immunologique dans la lutte contre les virus", le Prix André LWOFF1997 vient d'être décerné par le Conseil Scientifique et le Comité de Sélection de l'Académie des Sciences à Monsieur Simon WAIN-HOBSON, Professeur à l'Institut Pasteur.

Le 3 décembre 1997, à l'Institut de France, à Paris, s'est tenue la cérémonie de remise de Prix en présence de:

- Madame Simone VEIL -Président d'honneur du Conseil Pasteur-Weizmann-,

- Monsieur François GROS -Secrétaire Perpétuel de l'Académie des Sciences-,

- Monsieur Bernard WINICKI -Président du Conseil Scientifique du Prix André LWOFF-,

- Monsieur Robert PARIENTI -Administrateur Délégué Général du Conseil Pasteur-Weizmann-,

- Monsieur Maxime SCHWARTZ -Directeur Général de l'Institut Pasteur-.

Récompensés pour la période 1984-1996, les travaux du lauréat, Monsieur Simon WAIN-HOBSON, nous sont exposés...

Des travaux remarquables par leur qualité et leurs implications importantes sur la biologie et l'épidémiologie du virus VIH...

Après un travail post-doctoral à l'Institut Weizmann, Simon WAIN-HOBSON a été recruté en 1982 à l'Institut Pasteur où il travaillait depuis 1980 dans le laboratoire de Pierre Tiollais. Il est docteur de l'Université d'Oxford. Sa thèse a porté sur l'étude par Résonance Magnétique Nucléaire des immunoglobulines. A l'Institut Weizmann, il s'est intéressé aux gènes correspondants et a commencé à apprendre les premiers éléments de la biologie moléculaire sous sa forme actuelle: hybridations moléculaires, clonage et séquençage ; ce qui lui a permis de cloner le cDNA de la chaîne légère d'une immunoglobuline.

Arrivé au laboratoire de Pierre Tiollais, il a été impliqué dans les travaux de cette unité sur le virus de l'hépatiteB, et c'est à partir de ce premier contact qu'il s'est passionné pour la rétrovirologie.

Au moment où le virus VIH, alors appelé LAV, était isolé à l'Institut Pasteur, il a été très tôt volontaire pour tenter de déterminer la nature moléculaire du génome viral.

Il a établi dès le printemps 1984 la sonde cDNA, qui a rendu possible le clonage dans le bactériophage lambda de plusieurs rétrovirus VIH et a permis d'en obtenir la séquence -en seulement trois semaines, avec quatre autres chercheurs volontaires-.

A partir de cette date, Simon WAIN-HOBSON s'est attaché à comprendre les modes de génération de la diversité chez VIH.

Tout d'abord, après avoir établi la séquence du virus vesna, il a démontré que le VIH était effectivement un lentivirus. Ensuite, il a commencé à établir la variété génétique des souches africaines, isolées de différents individus, puis a mis en évidence la variété à l'intérieur d'un même individu.

Il a, par ailleurs, pu établir que la souche princeps de VIH est bien celle qui a été isolée à Paris, sans contestation possible.

Ses travaux les plus récents ont montré que VIH varie par un effet fondateur dans les descendants de chacune des cellules T infectées de la rate, comme il en est sans doute de même dans les ganglions. L'analyse spatio-temporelle de la variation virale indique que c'est au cours de la stimulation antigénique que se produit la réplication productrice de variants. Elle met également en évidence la lutte permanente du système immunitaire contre les cellules infectées, conduisant à un lent suicide de tout le système; suicide, d'ailleurs, accéléré par les stimulations antigéniques variées auxquelles sont soumis les individus porteurs du virus.

L'analyse détaillée du processus de mutagenèse l'ont amené à se demander s'il n'était pas possible de valoriser cet aspect du comportement viral. Pour cela, il a reproduit in vitro les conditions de mutagenèse et en a testé l'effet sur un gène très petit, pour lequel il est possible de trouver une sélection positive pour les mutants: la dihydrofolate réductase plasmidique de souches pathogènes du colibacille.

Ses travaux sur l'hypermutation rétrovirale ont conduit à une très jolie étude sur l'évolution et la robustesse de la fonction des protéines. Ce travail aura à la fois un grand impact pratique et un grand impact conceptuel. Il pourrait donner lieu à d'intéressantes applications dans le domaine de l'ingénierie des protéines.

Simon WAIN-HOBSON a été promu au grade de Professeur à l'Institut Pasteur le 1er janvier 1996. Il est actuellement, et de 4ans, le plus jeune dans ce grade.

Il dirige l'Unité de Rétrovirologie moléculaire, dont l'activité principale est l'étude du VIH et de rétrovirus humains comme HTLV-1. Il est auteur de plus d'une centaine de publications dont de nombreuses dans des journaux particulièrement réputés. Ses travaux sont remarquables par leur qualité et par les implications essentielles qu'ils ont sur la biologie et l'épidémiologie d'un virus d'importance mondiale...

S.DENIS

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