Juin 1998 - n°29

Marseille : l'Institut Fédératif de Recherche Jean Roche " Biologie des interactions cellulaires "

L'IFR Jean Roche fédère six laboratoires autour d'une thématique commune " la biologie des interactions cellulaires " sur le site Nord de la Faculté de médecine et du Centre Hospitalo-Universitaire Nord de Marseille.

" L'idée de constituer une fédération, pour permettre des échanges scientifiques entre les unités présentes sur le site, a pris corps en 1992 et nous avons répondu positivement à l'appel d'offres de l'INSERM en 1993 " déclare François Couraud, Professeur de biochimie-biologie moléculaire et Directeur de l'IFR Jean Roche. Charles Oliver, François Couraud et Jean Mauchamp, Directeurs d'unités INSERM, sont à l'origine de cette création. Dans le cadre de la décentralisation, ils furent rejoints par une nouvelle unité dirigée par Alain Enjalbert, issue d'une équipe INSERM de Paris.

L'IFR Jean Roche fut donc reconnu le 1er janvier 1994 par le CNRS, l'INSERM, l'Université de la Méditérranée et l'Assistance Publique de Marseille tout quatre signataires de la convention de création de l'Institut. L'IFR regroupe aujourd'hui deux unités INSERM, deux unités mixtes Université-CNRS, un CJF et une équipe universitaire autour de l'étude de la communication cellulaire dans les tissus endocriniens, nerveux et épithéliaux, normaux ou pathologiques.

En hommage au célèbre biologiste, l'institut a emprunté le nom de Jean Roche connu pour sa découverte de l'hormone thyroïdienne principale T3. Jean Roche (1901-1992) a assumé de nombreuses charges en tant que professeur au Collège de France, recteur de l'Université de Paris, membre de l'Académie de Médecine et de l'Académie des Sciences de France mais aussi de plusieurs autres pays, et en tant que secrétaire général de la Société de Biologie. Il est le fondateur de l'école de Biochimie de Marseille devenue l'une des premières de France.

La thématique de l'IFR: la biologie des interactions cellulaires

Le thème central des recherches consiste à analyser les mécanismes de libération des hormones, des neuromédiateurs ; véritables signaux chimiques que les cellules cibles enregistrent. Quelles relations existe-t-il entre l'organisation d'une cellule parfaitement individualisée comme par exemple une cellule épithéliale ou une cellule nerveuse et celle d'une cellule de même origine mais jouant le rôle de cellule cible ? Au cours de ces mécanismes de communication intercellulaires ou tissulaires, se retrouvent des structures moléculaires très semblables, des protéines de transduction, des effecteurs enzymatiques, ainsi que des canaux ioniques.

Ces études fondamentales se prolongent dans une analyse de certaines situations pathologiques en relation avec les projets de recherche des différentes équipes :

- recherche de nouveaux marqueurs tumoraux concernant les gliomes, les méningiomes, les adénomes hypophysaires et les cancers du sein ;

- recherche également des modifications des interactions cellulaires observées au cours de ces cancers ;

- essai de caractérisation des auto-anticorps anti-canaux ioniques observés dans certaines maladies neurologiques,

- exploration des applications en physiopathologie respiratoire

- approche thérapeutique du sida.

Deux grands projets IFR

" La finalité de l'IFR est de créer des interfaces autour d'activités communes et de rassembler l'énergie autour de thèmes communs tout en gardant la spécificité propre à chaque laboratoire " confirme François Couraud, dans ce but l'IFR se fixe deux objectifs :

* renforcer plusieurs thèmes de recherche fondamentale sur la communication intercellulaire, en particulier autour :

- des toxines, peptides et canaux ioniques

- des mécanismes de l'exocytose des neuromédiateurs et des hormones

- l'application des techniques de biologie structurale (microséquençage de protéines ; synthèse de peptides) à des problèmes de biologie cellulaire.

- amélioration des techniques morphologiques (analyse d'images ; hybridation in situ)

* développer l'interface recherche biologique - recherche clinique en s'appuyant entre autres sur la proximité du CHU Nord. Pour cela deux approches seront menées d'une part renforcer tous les projets de recherche interface biologie/clinique existant au sein des unités mais aussi favoriser l'accueil de nouvelles équipes associant des cliniciens, avec d'ores et déjà deux projets en cours :

- l'installation d'un laboratoire en otologie menée par Yves Cazals, biologiste, physiologiste de l'oreille interne et directeur de recherche INSERM, associé à deux chirurgiens ORL du CHU Nord, spécialistes de l'oreille interne : Jacques Magnan et André Chays.

- un projet de neuroendocrinologie dirigé par Charles Oliver, chef de service d'endocrinologie du CHU nord, avec un pendant de recherche clinique très important.

Les unités composant l'IFR

Les six laboratoires de recherche fondateurs de l'IFR sont les suivantes :

- "Biochimie-Ingénierie des Protéines" (Pr. Hervé Rochat - UMR6560)

- "Neurobiologie des canaux ioniques" (Dr. Michael Seagar - U464)

- "Interactions Cellulaires Neuroendocriniennes" (Pr. Alain Enjalbert - UMR6544)

- "Interactions Fonctionnelles en Neuroendocrinologie" (Dr. Francis Hery - U501)

- "Cancérologie expérimentale" (Pr. Pierre-Marie Martin - CJF9311)

- "Physiopathologie respiratoire" (Pr. Yves Jammes - UPRES EA2201)

L'IFR compte aujourd'hui 201 personnes dont 80 chercheurs et enseignants-chercheurs, 58 post-doctorants et étudiants, et 63 ITA, IATOS et techniciens de l'APM.

Les services cliniques et laboratoires associés à l'IFR

" L'IFR a un rôle mobilisateur, il se doit de défendre l'interface avec la clinique " déclare François Couraud. Ainsi, chacune des unités fondatrices développe une ou des interfaces entre recherche biologique et recherche clinique. Sont associés à ces laboratoires, les services cliniques d'endocrinologie (APM, hôpital de la Timone, Pr. P. Jaquet), de chirurgie (CHU, hôpital de la Timone, Pr. F. Grisoli), d'endocrinologie (APM, hôpital nord, Pr. C.Oliver), une équipe de recherche en cardiologie (APM-université, hôpital nord, Pr. S. Levy). L'IFR compte aussi des laboratoires hospitaliers associés : le laboratoire de biochimie (APM, hôpital Nord, Pr. H. Rochat) et le service d'exploitation fonctionnelle respiratoire (APM, hôpital Nord, Pr. Y. Jammes).

Le soutien des institutions publiques et des associations caritatives

Pour mener à bien son développement, l'IFR bénéficie d'un apport financier, à la fois pour l'acquisition d'un plateau technique et d'une instrumentation scientifique de pointe mais aussi pour l'aménagement de l'immobilier. Ce soutien est issu des instances européennes dans le cadre du programme FEDER, du Ministère en charge de la Recherche, du Conseil Régional Provence Alpes Côte d'Azur (dans le cadre du contrat plan Etat - Région 94-98), du conseil Général des Bouches du Rhône, de la Communauté des Communes Marseille Provence Métropole, de la Fondation pour la Recherche Médicale et de l'Agence Nationale de Recherche contre le Sida.

Enfin, l'IFR mène une politique active de communication interne entre les membres de l'institut, c'est ainsi que se tiendront en janvier 1999 les troisièmes Journées Scientifiques avec la participation de chercheurs extérieurs. Ces rencontres visent à favoriser les échanges scientifiques entre chercheurs confirmés mais aussi avec les jeunes chercheurs (doctorants et post-doctorants) qui trouvent là l'occasion de présenter leurs idées et résultats devant un public d'environ 150 scientifiques, les meilleures communications orales ou écrites font l'objet d'une remise de prix.

J. SILVY

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