Septembre 1998 - n°30
Hôpital Houphou‘t-Boigny : maladies infectieuses et tropicales
L'Hôpital Houphouët-Boigny, hôpital de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, regroupe deux structures imbriquées et interdépendantes :
- un Service hospitalier de Maladies Infectieuses et Tropicales,
- un Centre de Formation et de Recherche en Médecine et Santé Tropicales.
Le Service hospitalier de Maladies Infectieuses et Tropicales
Dirigé par le Pr. A. Bourgeade, chef de Service, ce service comporte 75 lits répartis en plusieurs Unités d'hospitalisation :
- une unité de Maladies Infectieuses et Tropicales (tél 04 91 89 35),
- une unité de Maladies infectieuses VIH et Sida (avec des lits d'hospitalisation continue et un hôpital de jour) (tél 04 91 96 89 22),
- une unité de Gériatrie à orientation infectieuse (tél 04 91 96 89 23).
Ces unités, situées dans un hôpital universitaire, sont comme il se doit des unités de soins, d'enseignement et de recherche. Les patients, qui bénéficient de tous les examens d'exploration utiles, sont parfois traités de façon innovante grâce à des techniques programmées en collaboration avec d'autres services ou laboratoires marseillais, ou même dans le cadre de protocoles de recherches nationaux.
De nombreuses maladies infectieuses courantes, des maladies "exotiques" ou "émergentes" sont prises en charge, par exemple :
- des diarrhées, des méningites, des pneumopathies infectieuses, des infections osseuses, ...
- l'infection à VIH avec des suivis de cohortes de patients soignés par divers traitements antirétroviraux (essais de nouveaux protocoles thérapeutiques ou de médicaments récents) ;
- le paludisme d'importation (chaque année une centaine de cas hospitalisés et une trentaine suivis en consultation) ;
- les rickettsioses ou des maladies émergentes comme la bartonellose (identifiée récement chez les sans domicile fixe) ;
- les viroses tropicales, telles que la dengue (arbovirose transmise par piqûre de moustique).
En dehors des activités d'hospitalisation, le service assure aussi d'importantes activités d'information, de prévention et de consultation dans le domaine de la Médecine des Voyages, avec :
- une unité de Consultation (tél 04 91 96 89 11),
- un service de Vaccination contre la fièvre jaune (tél 04 91 96 89 11),
- un service de Renseignements téléphoniques appelé "Voyages-Tropiques-Santé"(VTS) (tél 04 91 69 11 07) qui répond à toutes les demandes de renseignements sanitaires formulées par des voyageurs ou par des professionnels de santé (médecins, pharmaciens). Les voyages touristiques ou professionnels prenant chaque année plus d'ampleur, VTS reçoit actuellement plus de 7000 appels par an.
Ces activités de Médecine des Voyages couvrent la région entière car les services comparables se trouvent assez éloignés (à Nice, Grenoble, Montpellier par ex.). L'Hôpital Houphouët-Boigny bénéficie par ailleurs dans ce domaine de l'expérience et de la renommée acquises depuis très longtemps par la médecine tropicale marseillaise, au riche passé historique.
Les médecins du service s'efforcent d'apporter leur contribution au progrès de cette nouvelle discipline que constitue la médecine des voyages, qui connaît depuis une dizaine d'années un développement majeur concrétisé par la création d'un société savante nationale (la "Société de Médecine des Voyages"), d'une société internationale ("International Society of Travel Medicine"), l'édition de livres, revues, journaux, lettres, etc. Ils se sont fixés comme objectif principal de mettre au point et d'entretenir une base de données informatisée utile aux spécialistes. Cette base est maintenant fonctionnelle sous le nom d'EDISAN (EDItion SANitaire). Près de 150 structures françaises ou européennes l'utilisent : des Hôpitaux universitaires, des Centres de Vaccinations Internationales, des Structures de décision sanitaire (Ministères, Organismes internationaux), des grandes sociétés ayant beaucoup de personnels expatriés, des compagnies d'Assistance Internationale. Bien qu'elle soit rédigée en langue française, plusieurs pays non francophones y ont recours car il n'en existe pas d'équivalent en langue anglaise. Une version simplifiée d'EDISAN, qui porte le nom de MEDITRAVEL, a été élaborée à l'intention des Médecins Généralistes et d'ici quelques semaines une borne interactive d'information sera proposée aux voyageurs qui fréquentent le Centre de vaccinations de l'Hôpital Houphouët-Boigny. Tous ces travaux ont été réalisés en collaboration avec une association de la région (l'association ADIMI) dont le but est justement de travailler au développement de l'information médicale informatisée.
L'ensemble des activités de soins et de recherche de l'Hôpital Houphouët-Boigny est assuré par une équipe médicale qui regroupe une vingtaine de médecins (Professeurs, Maître de Conférences, Assistants-Chefs de Clinique, Praticien Hospitalier, Internes, Résidents,...), et des personnels para-médicaux extrêmement motivés, compétents et efficaces. L'Hôpital Houphouët-Boigny dispose d'un laboratoire d'hématologie, de parasitologie et de microbiologie et d'un service de radiologie conventionnelle. Des examens complémentaires sont aussi traités par d'autres laboratoires du CHU de Marseille ou de la Faculté de Médecine [Laboratoire de Biologie du CHU Nord (Pr. Rochat), laboratoire de parasitologie du CHU Timone (Pr. Dumon), laboratoire de Microbiologie à la Faculté (Pr Raoult) ...].
Le Centre de Formation et de Recherche en Médecine et Santé Tropicales (CFRMST)
Créé en 1981, le Centre a succédé à l'UER (Unité d'Enseignement et de Recherche) de Médecine et Santé Tropicales. Il est dirigé par le Pr. J. Delmont, professeur de maladies infectieuses et tropicales.
Des enseignements en Médecine et Santé Tropicales sont dispensés à l'Hôpital Houphouët-Boigny : pour les médecins (Diplôme d'Université en Médecine et Santé Publique Tropicales), pour les para-médicaux (Attestation d'Université en Santé Tropicale) et pour des professionnels de Santé ou des diplômés de l'Enseignement supérieur (Attestation d'Université en Santé et développement). Certains de ces enseignements sont menés en collaboration avec l'Institut de Médecine Tropicale du Service de Santé des Armées (Pharo, Marseille).
Les recherches portent sur l'aspect épidémiologique des maladies tropicales d'importation (paludisme, leishmanioses, autres protozooses et helminthiases, bilharzioses et infections intestinales, ...). Outre les études effectuées à l'Hôpital Houphouët-Boigny, le CFRMST conduit aussi des travaux dans plusieurs pays tropicaux, par exemple :
- en République Centrafricaine, sur la prévention du paludisme chez les femmes enceintes, ainsi que sur les relations SIDA-anguillulose ;
- chez les Indiens Yanomami du Brésil, pour apprécier l'importance du paludisme et des filarioses sur cette population (travail entrepris en collaboration avec l'Institut pour le Développement Sanitaire en Milieu Tropical) ;
- en zone rurale de Thaïlande à 200 km à l'ouest de Bangkok, sur l'épidémiologie du paludisme. Le CFRMST y étudie avec le concours de plusieurs partenaires européens les modalités de la transmission naturelle de l'infection palustre ainsi que la protection apportée par l'usage de moustiquaires imprégnées d'insecticide. Cette recherche, échelonnée sur plus de trois ans, permet aussi de tester l'intérêt diagnostique d'une méthode diagnostique telle que le Parasight®, d'identifier par PCR (polymerase chain reaction) les sporozoïtes de Plasmodium falciparum, de tester localement in vivo et in vitro l'efficacité de plusieurs médicaments du paludisme.
Le CFRMST possède aussi d'autres terrains d'action outre-mer : à Libreville (Gabon), Abidjan (Côte d'Ivoire), Bamako (Mali). Plusieurs projets de recherche sont en cours dans ce dernier pays :
- prévention du paludisme des populations autochtones par chimioprophylaxie et moustiquaires (avec le Département d'Epidémiologie des Affections Parasitaires de la Faculté de Médecine de Bamako) ;
- étude des fièvres d'origine non palustre, par recherche d'étiologies bactériennes ou virales (avec le laboratoire de Microbiologie de la Faculté de Médecine de Marseille) ;
- étude expérimentale des plantes utilisées par les thérapeutes traditionnels du Mali pour le traitement du paludisme (en collaboration avec la Faculté de Pharmacie de Marseille et l'Institut de Recherche sur les Plantes Traditionnelles de Bamako).
Tous ces travaux sont l'occasion d'évaluer des méthodes diagnostiques et thérapeutiques qui pourront se révéler d'une grande utilité pratique.
J. SILVY