Juin 1999 - n°39

Le point sur : Les bioindicateurs de l'état du milieu marin

Encadrés par Jean Vacelet et Jean-Georges Harmelin du Centre d'Océanologie de Marseille et Pierre Rebouillon du Laboratoire d'Hydrologie et de Molysmologie Aquatique de la Faculté de Pharmacie de Marseille, cinq doctorants et post-doctorants (Stéphane Sartoretto, Thierry Perez, Dounie Soltan, Sylvain Capo et Maya Fourt) de l'Université Aix-Marseille II ont en charge la réalisation d'une synthèse bibliographique sur les bioindicateurs de l'état du milieu marin.

Cette étude a pour but de faire le point sur les bioindicateurs de l'état du milieu marin : les réseaux de surveillance existant en France, en Europe et dans le monde, les groupes systématiques utilisés ( bivalves, poissons, algues, spongiaires, mollusques...) et aussi les aspects juridiques de cette surveillance de la qualité des eaux marines. Pour cette synthèse, l'équipe de jeunes chercheurs marseillais consulte les travaux mondiaux concernés par la bioévaluation de la qualité des eaux marines.

Ce travail -commandé par l'Agence de l'Eau Seine Normandie- est piloté par un comité composé de membres des Agences de l'Eau, du Ministère de l'Environnement, des Services de Santé, des Cellules de Qualité des Eaux Littorales (CQEL) et de l'IFREMER.

Les résultats de cette synthèse bibliographique constitueront la base du SEQ littoral -Système d'Evaluation de la Qualité des eaux littorales- un grand programme national envisagé pour l'horizon 2000 et qui permettra de définir et mettre en place un système d'évaluation de la qualité des eaux littorales françaises.

Les bioindicateurs : de l'écosystème au moléculaire

La surveillance optimale de la qualité des eaux marines se fait par deux approches complémentaires : le dosage des polluants dans l'environnement et l'utilisation de bioindicateurs c'est-à-dire l'étude des effets des polluants sur les organismes vivants. Les bioindicateurs cosmopolites les plus utilisés dans le monde sont les mollusques bivalves (moules) mais les spécialistes considèrent aujourd'hui que le recours à plusieurs espèces différentes est nécessaire pour une meilleure évaluation de l'impact des polluants sur l'environnement marin. De l'écosystème au moléculaire, plusieurs outils de diagnostic sont à la disposition des chercheurs et permettent d'obtenir une évaluation de l'état du milieu marin. Les indicateurs écologiques apportent des renseignements au niveau des peuplements, voire des écosystèmes : présence ou absence d'une espèce précise, répartition et diversité du peuplement, structure et abondance de ce peuplement... La mesure des contaminants dans les organismes vivants permet de doser les polluants présents dans le milieu marin (composés organiques, inorganiques et organométalliques) concentrés dans des organismes "bioaccumulateurs" (exemples : mollusques bivalves, algues...). Enfin, l'expression de biomarqueurs consiste en l'observation sur le terrain et en laboratoire de l'effet des polluants sur une espèce précise, l'organisme exprimant en effet la toxicité de l'environnement de plusieurs façons : modifications du comportement, de la morphologie mais aussi bouleversements métaboliques et génétiques.

La synthèse bibliographique permettra de hiérarchiser l'intérêt de ces différents indicateurs pour leur intégration ou non au SEQ littoral et de proposer par ailleurs de nouveaux indicateurs biologiques de pollution. Les conclusions de cette étude donneront lieu à la rédaction d'un document de référence ainsi qu'à l'édition d'un cd-rom.

V. CROCHET

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