Octobre 1999 - n°41

Les bénéfices santé de l'alimentation méditerranéenne

Les VIIIèmes Entretiens d'Agropolis qui se sont déroulés à Montpellier le 29 avril dernier avaient pour objectif de faire le point sur les bénéfices santé de l'alimentation méditerranéenne. La relation entre nutrition et santé fait l'objet depuis plusieurs années de nombreux articles dans les revues scientifiques et la presse grand public. Les connaissances sur ce sujet s'enrichissent régulièrement de nouvelles données et les VIIIèmes entretiens d'Agropolis ont permis de faire un état de l'art sur les acquis de la recherche et sur tout ce qu'il reste à comprendre et expliquer.

Bénéfice santé du modèle méditerranéen : Etat de l'art

L'épidémiologiste Mariette Gerber, responsable du Groupe d'Epidémiologie Métabolique du Centre de Recherche en Cancérologie à Montpellier a coordonné récemment une synthèse des connaissances scientifiques et médicales sur les bénéfices santé de l'alimentation méditerranéenne. 196 articles originaux publiés dans des revues scientifiques au cours des cinq dernières années ont été passés au crible. De nombreuses études épidémiologiques sont en effet menées dans le monde pour cerner l'incidence des différents régimes alimentaires sur la santé. L'équipe de Mariette Gerber participe notamment à trois de ces programmes : MEDHEA, COMER et RIVAGE. MEDHEA sur l'Hérault, le Tarn, Marseille et Toulouse a pour objet l'analyse des consommations de ces diverses régions et leur mise en relation avec différents indicateurs de santé (cancer, mortalité cardiovasculaire et espérance de vie). COMER est un projet européen portant sur les consommations alimentaires et les déterminants (individuels, culturels et socio-économiques) de ces consommations dans divers pays méditerranéens européens (Espagne, Italie, Sud de la France et Portugal) et des pays du Nord de l'Europe (Allemagne, Belgique et Royaume-Uni). RIVAGE -en collaboration avec le Pr Vague de l'Hôpital de la Timone à Marseille- porte sur la comparaison de l'effet du régime méditerranéen et du régime habituel sur les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires. Dans l'étude de la relation entre alimentation méditerranéenne et santé, l'influence de chacune des caractéristiques du régime méditerranéen sur les principaux facteurs de risque de maladies chroniques, métaboliques ou liées au vieillissement a été étudiée.

Les caractéristiques du régime méditerranéen

L'alimentation méditerranéenne se caractérise par une consommation importante et variée de céréales, de légumes, de fruits frais et secs, de poisson, de fromages frais et de yaourts et par une faible consommation de viande rouge, de lait et de beurre. L'huile d'olive et le vin rouge -consommé modérément et au cours des repas- complètent le régime méditerranéen. Ce type d'alimentation a d'abord été associé à un risque très faible de maladies cardiovasculaires puis il a été montré que l'incidence et/ou la mortalité d'autres affections comme le cancer, l'ostéoporose et la cataracte pouvaient être modifiées par de telles habitudes alimentaires. Toutes les caractéristiques du régime semblent participer à cette prévention mais les éléments déterminants dans l'état actuel des connaissances sont :

- les fruits et légumes riches en vitamines, antioxydants, folates, minéraux, microconstituants non nutriments et en fibres,

- les céréales riches en fibres, vitamines et microconstituants non nutriments,

- les légumineuses riches en acides aminés, fibres et microconstituants non nutriments,

- les matières grasses avec des acides gras spécifiques monoinsaturés et polyinsaturés de la série n-3.

- Le vin, riche en polyphénols.

Les laboratoires des régions Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte-d'Azur (Universités, INSERM, INRA et CIRAD) impliqués dans l'étude des relations entre alimentation, nutrition et santé ont participé à ces entretiens ainsi que l'INRA de Theix, l'IFREMER de Nantes, le Centre technique de la conservation des produits agricoles, le Comité économique agricole de l'olivier et le Comité économique des vins du Sud-Est. Les représentants de ces différentes unités de recherche et institutions ont pu confronter leurs connaissances et leurs technologies au sein de six ateliers parmi lesquels quatre étaient directement inspirés des composants du régime méditerranéen : olive et huile d'olive, vin et produits de la vigne, poissons et produits de la mer, fruits et légumes. Un atelier concernait les comportements alimentaires et pratiques culinaires car, au-delà des aliments qui composent l'alimentation méditerranéenne, il est important de prendre en compte la façon dont ils sont consommés. Le dernier atelier traitait de la transformation industrielle des aliments méditerranéens, les technologies devant nécessairement intégrer une nouvelle stratégie pour améliorer les qualités nutritionnelles des aliments en préservant, par exemple, certains de leurs microconstituants.

Le double enjeu du modèle méditerranéen : santé publique et développement économique

Les recherches menées sur les bienfaits de l'alimentation méditerranéenne peuvent bouleverser les données de santé publique si ce modèle alimentaire est développé et valorisé auprès d'une population plus vaste. Une politique globale d'information et d'éducation des consommateurs par l'intermédiaire de messages scientifiques fondés commence à être mise en place. Parallèlement, les professionnels de l'agro-alimentaire sont à l'écoute de ces nouvelles données sur l'aliment santé qui entraînent pour eux de nouvelles décisions stratégiques à prendre en terme de produits, marchés et communication. La promotion du modèle méditerranéen est aussi une bonne opportunité de développement national et international pour les entreprises agro-alimentaires locales.

V. CROCHET

Source : Actes des VIIIèmes entretiens d'Agropolis

Contact :

Agropolis

Marc Puygrenier

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