Mai 2000 - n°48

LA GENOPOLE LILLE / NORD PAS DE CALAIS

Six plate-formes technologiques pour un projet scientifique original et structurant

M. Claude ALLEGRE, Ministre de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie, a décidé en octobre 99 de créer, en France, 5 génopoles : Strasbourg, Institut Pasteur de Paris, Toulouse, Montpellier et Lille / Nord Pas de Calais.

C'est sur la base d'un projet présidé par le Professeur André CAPRON (Directeur de l'Institut Pasteur de Lille) et le Professeur Philippe AMOUYEL (Université Lille II, Directeur d'une équipe de recherche Institut Pasteur de Lille/Inserm), que la candidature de Lille / Nord Pas de Calais a été retenue.

La Génopole Lille / Nord Pas de Calais rassemblera à terme 30 équipes de recherche du CNRS, de l'INSERM, des Universités de Lille I et Lille II, de l'Artois, de l'Université Catholique de Lille, de l'Institut Pasteur de Lille, du CHRU de Lille et du Centre Oscar Lambret de Lille...

soit plus de 300 chercheurs, médecins, biologistes, ingénieurs, techniciens, impliqués dans de nombreuses disciplines.

Du Gène au Médicament

Le thème central de la Génopole Lille ­ Nord Pas de Calais cible les " pathologies génétiques multifactorielles et l'innovation thérapeutique ". Cinq grands champs pathologiques sont ainsi directement concernés :

- les maladies cardio-vasculaires

- les maladies neurodégénératives (Alzheimer...) et métaboliques (diabète, obésité)

- les cancers

- les affections inflammatoires et autoimmunes (maladies de Crohn...).

Du gène au médicament, le projet scientifique de la Génopole se structure, donc, autour des expertises régionales :

F l'épidémiologie génétique, indispensable pour identifier les facteurs de susceptibilité génétique et leurs impacts sur la population ;

F l'étude de la régulation de l'expression des gènes abordant les effets biologiques des interactions gènes-environnement ;

F l'identification des protéines produites par les gènes impliqués dans ces maladies.

Les financements apportés par l'Etat à la Génopole Lille / Nord Pas de Calais devraient s'élever à 28 MF sur 3 ans, une opération qui a reçu le soutien du Conseil Régional Nord / Pas de Calais et figurera, à ce titre, dans le cadre du Contrat de Plan Etat / Région débutant cette année.

Des plate-formes technologiques accessibles à l'ensemble des équipes de recherche de la région Nord Pas de Calais

La génopole Lille / Nord Pas de Calais s'organise, plus précisément, autour de 6 plate-formes technologiques :

1/ la bioinformatique :

" Le Centre Intégré de Bioinformatique s'est fixé pour objectifs de former les chercheurs et biologistes tout en offrant un accès aux bases de données internationales, une assistance aux projets de séquençage ainsi qu'une puissance de calcul et de communication ", nous explique le Pr CAPRON.

2/ la génomique structurale, à l'Institut Pasteur de Lille et l'Institut de Biologie de Lille/CNRS, pour la mise au point des outils de détection de mutations de gènes et de séquençage...

3/ la génomique fonctionnelle (Université de Lille II) : analyse de l'expression de gènes susceptibles de jouer un rôle dans les maladies multifactorielles ;

4/ la génétique expérimentale à l'Institut Pasteur de Lille, pour la réalisation de lignées de souris transgéniques (adjonction d'un gène) et recombinées (suppression d'un gène).

5/ la protéomique basée sur le campus de l'Université de Lille I et développant spectrométrie de masse, séquençage de peptides et analyse de sucres...

6/ l'innovation thérapeutique (CHRU et Université de Lille II) pour la mise en œuvre de biothérapies et pour l'aide à la conception de nouveaux médicaments (synthèses de nouvelles molécules).

A la pointe de la technologie, ces plate-formes sont chargées d'assurer la coordination régionale dans leur domaine, l'animation scientifique, le choix des équipements, leur implantation et leur gestion.

Au cœur de la stratégie : la formation et la valorisation industrielle

" Les gènes, l'Homme et la Société " : c'est directement autour de cet axe majeur que la Génopole Lille / Nord Pas de Calais entend fédérer les recherches de la Région.

Outre son organisation en 6 plate-formes technologiques, elle se concrétise également par :

une politique de valorisation particulièrement dynamique

animée notamment par le GIE Eurasanté et destinée à initier des projets industriels de recherche à finalité thérapeutique.

Citons, à ce titre, la récente création de GENFIT -Centre Européen d'Innovation Thérapeutique-, soutenue par le Professeur FRUCHART (Professeur à l'Université Lille II, Directeur d'une équipe de recherche Institut Pasteur de Lille/Inserm) et coordonnée par EURASANTE.

" GENFIT coopère avec les industries pharmaceutiques (Aventis, UCB Pharma, Lipha-Merck...) en mettant à leur disposition un ensemble de technologies pour la création de médicaments issus de la connaissance du génome humain ", précise le Professeur FRUCHART. " GENFIT s'impose, dans le domaine des biotechnologies, comme le premier exemple fort d'une alliance de compétences scientifiques publiques et privées, de mise en place de plate-formes techniques mixtes et de création d'entreprise. "

D'ores et déjà créateur d'emplois dans la région, GENFIT poursuit une politique de recrutement des plus actives et entend également servir de terrain de stages aux étudiants de formation doctorale.

F une politique de formation innovante en bioinformatique, biologie/santé, valorisation industrielle et éthique

Le projet de la Génopole s'appuie, en effet, sur la participation active des Universités et vise à une totale adaptation culturelle des publics aux techniques et enjeux de la génomique et de la post-génomique.

Sont directement concernés les médecins, pharmaciens, scientifiques, mais aussi juristes, personnels des entreprises et techniciens supérieurs.

Au centre de ce projet pédagogique innovant, une véritable réflexion sur les enjeux éthiques des nouvelles technologies et la mise en place de nouveaux cursus, dont :

- un Bac +3 dans le cadre d'un nouveau département de l'IUT et d'une licence professionnelle en Génotechnique et Informatique ;

- un Bac +4 : maîtrise de génétique ;

- un Bac +5 : DESS en bioinformatique et option du DESS Diplôme Communication Scientifique et Technique (DSCT) ;

- un IUP en génomique et protéomique ; une filière remaniée du DEA Sciences de la Vie et Santé.

Un projet complété par un ensemble de séminaires et cycles de conférences ainsi que des formations post-doctorales plus pointues en analyse stratégique, management d'entreprise et propriété industrielle.

" La Génopole Lille / Nord Pas de Calais : c'est, en d'autres termes, la concrétisation d'un effort sans précédent pour la mise en réseau d'équipes et de laboratoires de recherche en biologie, dans la région Nord ­ Pas de Calais ", conclut le Professeur AMOUYEL. " et ce, sur des objectifs partagés :

- acquérir une connaissance approfondie des mécanismes génétiques et moléculaires impliqués dans la survenue et l'évolution des maladies chroniques multifactorielles ;

- enrichir le champ de la prévention et de la thérapeutique ;

- renforcer la puissance de recherche de la région Nord ­ Pas de Calais et la hisser à un haut niveau de compétitivité internationale... "

A suivre !

Contact : Mr DEPLANCKE

 

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