Octobre 2000 - n°51

Le Grand Prix de la Fondation pour la Recherche Médicale attribué conjointement aux Professeurs André et Monique CAPRON

Le Grand Prix de la Fondation pour la Recherche Médicale est décerné chaque année à une personnalité du monde scientifique de renommée internationale, en hommage à sa contribution majeure au progrès de la connaissance scientifique dans le domaine médical. Cette année, le prix a été attribué conjointement aux professeurs André et Monique Capron.

Le Professeur André Capron, Professeur d'Immunologie à l'Université de Lille II, actuellement Directeur Général de l'Institut Pasteur de Lille, est mondialement reconnu comme l'un des pères fondateurs de l'immunologie parasitaire. Il continue d'être l'un de ses leaders. Membre de l'Académie des Sciences et de l'Institut de France, Membre de l'Académie Nationale de Médecine et de l'Académie Royale de Belgique, André Capron a exercé la présidence de nombreux programmes de recherche internationaux (OMS, Union Européenne) ou nationaux (Conseil Scientifique de l'Inserm). Ses premières contributions à l'immunologie des parasites se traduisirent, dès 1962, par la première description de la structure antigénique des helminthes, la découverte d'antigènes communs à l'hôte et au parasite et la mise au point de techniques de diagnostic des maladies parasitaires, dont certaines sont toujours utilisées aujourd'hui. Ces travaux apportèrent de nouvelles approches à la connaissance de la réponse immunitaire contre les parasites et introduisirent de nouveaux concepts sur les bases moléculaires de la relation hôte-parasite, domaine que André Capron a continué à enrichir durant toute sa carrière. En 1980, prenant avantage de l'avènement de la biologie moléculaire, il développe avec son groupe de recherche un ensemble de travaux concernant la génétique moléculaire des schistosomes, qui conduit en 1987 à l'identification de plusieurs vaccins potentiels sontre les schistosomiases. L'un d'entre eux a fait l'objet d'études intensives sur l'animal. L'étude de son mécanisme d'action a conduit à de nouvelles stratégies d'immunisation muqueuse à l'aide de vecteurs vivants ou synthétiques. Ce vaccin est actuellement entré en phase d'essais cliniques, Bien que les résultats en soient difficilement prévisibles, il reste que des progrès considérables ont été faits vers la définition d'un vaccin potentiel contre la schistosomiase, seconde endémie parasitaire mondiale après le paludisme.

Le Professeur Monique Capron poursuit actuellement ses activités de recherche au centre d'Immunologie et de Biologie Parasitaire à l'Institut Pasteur de Lille. Elle est responsable d'un groupe de recherche qui se consacre à l'étude des mécanismes effecteurs et plus particulièrement aux fonctions de l'éosinophile. Elle est depuis 1998 Directeur de l'Institut Fédératif de Recherches N° 17 "Pathogenèse et prévention des maladies infectieuses, parasitaires et inflammatoires". Elle enseigne l'immunologie à la Faculté de Pharmacie de Lille. Membre de nombreuses sociétés savantes nationales et internationales, elle a reçu entre autres distinctions celle de l'Ordre des Palmes Académiques en 1999. Sa carrière scientifique a débuté par l'étude de l'immunologie des maladies parasitaires et notamment l'étude des mécanismes de l'immunité dans la schistosomiase. Ses travaux ont conduit à une série de découvertes fondamentales concernant les mécanismes de la cytotoxicité, l'identification des classes d'anticorps impliquées et des récepteurs cellulaires de l'IgE et de l'IgA dans les interactions entre les éosinophiles et les anticorps. L'ensemble de ces résultats a permis d'approfondir les connaissances fondamentales sur les fonctions des éosinophiles, cellules clés de la réponse antiparasitaire et de les étendre à d'autres domaines de l'immunopathologie, en particulier les maladies inflammatoires du tube digestif et les affections dermatologiques. Les études réalisées par Monique Capron pendant plus de vingt ans ont clairement établi le rôle essentiel des éosinophiles dans les mécanismes de protection contre le parasite et dans les réactions d'hypersensibilité. Plus récemment, elle a montré que ces cellules étaient capables de synthétiser des cytokines, intervenant dans la réponse immunitaire. Ces recherches sont particulièrement importantes au plan de la compréhension de la physiopathologie des réactions allergiques et inflammatoires, ainsi que dans la définition de stratégies thérapeutiques nouvelles.

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