Décembre 2001 - n°63

Le point sur :

La mission "Essor des biotechnologies en Midi-Pyrénées"

La mission "Essor des biotechnologies en Midi-Pyrénées", cofinancée par l'Etat et la Région, marque une volonté politique récente en Midi-Pyrénées : celle de rester le premier pôle européen de l'aéronautique et de l'espace tout en n'écartant aucune chance de diversification économique.

En 1999, le Conseil Régional, la Délégation à la Recherche et à la Technologie (DRRT) et Midi-Pyrénées Expansion (l'agence de développement régionale), lançaient une réflexion sur le thème des biotechnologies en Midi-Pyrénées. Des groupes de travail constitués de chercheurs, de chefs d'entreprises et de décideurs économiques ont entrepris un état des lieux des biotechnologies et des enjeux que représente ce secteur dans la région. Partant du constat que l'agglomération toulousaine possède de nombreux atouts pour jouer un rôle de premier plan dans ce domaine, le Conseil Régional a inscrit le développement des biotechnologies au contrat de plan Etat - Région 2000-2006 et a mandaté Midi-Pyrénées Expansion pour orchestrer la valorisation industrielle de son pôle biotechnologies. Dans ce but, l'Agence de Développement Economique s'est adjoint les services en janvier 2001, pour une période d'un an renouvelable une fois, un conseiller en sciences de la vie, Philippe J. Sicard, ancien professeur à l'Ecole Centrale de Paris et Directeur R&D du groupe ROQUETTE FRERES, qui allie l'expérience de la recherche publique et privée.

Pour optimiser l'offre territoriale afin d'attirer de nouvelles entreprises en Midi-Pyrénées et inciter les chercheurs de la région à créer leur entreprise sur place, trois groupes de travail ont été constitués au sein de la mission "Essor des biotechnologies". Ils affichent trois objectifs : développer l'image de Midi-Pyrénées, renforcer les liens universités/entreprises et favoriser l'implantation et le développement de sociétés de biotechnologies. Les premiers résultats de leurs études ont été présentés lors des rencontres Biotechnologies Midi-Pyrénées du 18 octobre dernier. Le but de cette journée était en effet de faire le point sur le positionnement de la région dans le domaine des biotechnologies : quels sont les atouts et les freins à la création d'entreprises et quelles sont les stratégies à adopter pour lever les obstacles présents.

Travailler l'image de Midi-Pyrénées au niveau national et international

Avec 2200 personnes réparties dans 67 laboratoires concentrés pour la grande majorité sur l'agglomération toulousaine, les sciences de la vie et les biotechnologies constituent un axe majeur de la recherche publique en Midi-Pyrénées. La région compte un pôle de biotechnologies végétales unique en Europe et des compétences en santé humaine, microbiologie, nutrition, sécurité alimentaire, agronomie et environnement. Un potentiel de recherche reconnu dès 1999 par le Ministère de la Recherche avec la création de la Génopôle Toulouse Midi-Pyrénées. Cet environnement scientifique a favorisé l'émergence d'un centre bio-industriel significatif comptant de grands groupes (bioMérieux-Pierre Fabre, Sanofi-Synthélabo, Novartis, RAGT…) et de nombreuses PME/PMI et start-ups : au total plus de 120 sociétés impliquées dans le domaine des sciences de la vie et de la santé sont installées en Midi-Pyrénées.

Il existe donc déjà un pôle de biotechnologies midi-pyrénéen mais il est peu connu et reconnu au niveau national et international. "La diversité des richesses régionales avec des axes forts en aéronautique et espace, NTIC et agro-alimentaire rend difficile la mise en exergue des biotechnologies et, de plus, la "biodiversité" des compétences et un adossement industriel insuffisant ne facilitent pas la communication" confirme Claude Chevalet, Directeur de Recherche à l'INRA, Directeur du Génopôle Toulouse Midi-Pyrénées, rapporteur du groupe de travail "Promotion, communication et image". Si la promotion des biotechnologies en Midi-Pyrénées souffre certainement de l'ombre que lui fait le secteur aéronautique et spatial, il est vrai aussi que la région manquait jusqu'à présent d'une volonté de promouvoir son potentiel en biotechnologies. Pour combler cette lacune, une stratégie de communication a été mise en place avec, entre autres, la création d'une plaquette de promotion des biotechnologies en français et en anglais et la participation à des événements d'importances nationales et internationales (BIO 2001 à San Diego, 5ième Carrefour des biotechnologies à Nîmes, BIO 2002 à Toronto…). Ces efforts vont être poursuivis en ciblant différents centres d'excellence de la région.

Renforcer le maillage entre recherche publique et privée

La cohésion entre la recherche publique et les industries environnantes est nécessaire au développement économique des biotechnologies. Les interactions public - privé existent en Midi-Pyrénées sous différentes formes : laboratoires mixtes de recherche, transferts de technologie ou encore structures d'interface recherche - industrie. Trois laboratoires ont été créés par bioMérieux-Pierre Fabre, deux avec le CNRS (le Centre de Criblage Pharmaceutique et le Centre de Recherche sur les Substances Naturelles) et un avec l'Université Paul Sabatier et le CHU (le Centre Européen de Recherche sur la Peau et les Epithéliums de Revêtement). Plusieurs CRT et CRITT (Centre Régional de Technologie et Centre Régional d'Innovation et de Transfert Technologique) proposent des services de recherche, de conseil et de développement aux sociétés régionales : le CRT-CRITT "Bio-industries", le CRT-CRITT CATAR (Centre d'Application et de Traitement des Agro-Ressources), le CTCPA (Centre Technique de la Conservation des Produits Agricoles)-CRITT agro-alimentaire ou encore le CRITT DIAC (Diagnostic Ingénierie Analyse de Castres). Des structures d'interface entre laboratoires de recherche et industries se sont créées : dès 1993 à l'INSA avec le Centre de Bioingénierie Gilbert Durand qui comprend un pôle de recherche fondamentale, le CRITT "Bio-industries" et un parc d'accueil pour les entreprises et start-ups. Plus récemment au sein de l'Institut de Pharmacologie et Biologie Structurale situé sur le campus de l'Université Paul Sabatier, des surfaces ont également été aménagées pour l'accueil de jeunes pousses dont les projets sont en relation avec les domaines de compétences du laboratoire. Le groupe de travail "Recherche et Technologie" présenté par Gérard Goma, Professeur à l'INSA de Toulouse, après une analyse détaillée de ce panorama a proposé plusieurs mesures pour renforcer les projets communs public - privé. La création du Réseau Régional de Recherche Technologique (RRRT) "Agroressources et Biotechnologies" est issue de cette réflexion, il regroupe les thématiques suivantes : génétique et physiologie végétales, itinéraires agricoles raisonnés, nutrition et santé, sécurité sanitaire de l'aliment, bio-industries et environnement, valorisation agricole non alimentaire. Un animateur à plein temps de ce réseau sera prochainement recruté et l'inauguration officielle a été fixée au 21 mars 2002. La thématique "santé humaine" sur laquelle repose la grande majorité des start-ups actuelles sera vraisemblablement traitée dans le cadre d'un autre RRRT.

Bâtir une offre pour répondre aux besoins des industriels

Midi-Pyrénées a bénéficié des décisions nationales prises en faveur de la création de start-ups parmi lesquelles la loi sur l'innovation, le lancement des incubateurs régionaux ou encore le concours d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes de l'ANVAR : sept start-ups ont ainsi vu le jour en 2000 contre une à trois les années précédentes. La région a également musclé son capital-risque avec l'Institut Régional de Développement Industriel (IRDI), le fonds d'amorçage de la région Midi-Pyrénées et Sud-Ouest Capital Risque Innovation (SOCRI). Le nombre de start-ups dans la région atteint la trentaine et est aujourd'hui en pleine phase exponentielle ; l'ouverture prochaine de Prologue Biotech, la pépinière spécialisée dans les biotechnologies de la Technopole Toulouse Sud-Est [La Gazette du Laboratoire, mai 2001, p. 5] devrait renforcer cette dynamique. "En dépit de cette évolution favorable, il reste encore du travail à accomplir" selon les termes du groupe de travail "Création et développement d'entreprises" présenté par Gilbert Goulette, délégué régional adjoint de l'ANVAR. Le groupe propose différents dispositifs pour accompagner au mieux les porteurs de projets comme par exemple, la mise en place d'une méthode pour centraliser l'accueil des porteurs de projets et les accompagner dans les différentes phases de création et le regroupement des start-ups et des bioPME au sein d'une association, lieu d'échange d'expériences et d'accueil de nouveaux venus. Si l'essaimage de starts-ups par les laboratoires de recherche locaux est au cœur des préoccupations, la venue de grands groupes industriels est également recherchée car c'est eux qui contribueront activement à la notoriété de l'agglomération toulousaine et au développement de l'emploi dans ce secteur. Actuellement les biotechnologies génèrent 2600 emplois avec 2000 personnes dans les quelques grands groupes présents en région contre 300 employés dans les nombreuses PME/PMI et starts-ups. Pour attirer ces industriels confirmés, l'image de la région apparaît importante avec notamment l'identification et la mise en avant de deux à trois domaines où la région peut être leader.


Martin Malvy, Président du Conseil Régional, Ancien Ministre, a annoncé lors de son discours inaugural des rencontres biotechnologies du 18 octobre dernier que "Midi-Pyrénées doit devenir d'ici cinq ans, l'une des destinations majeures des entreprises de biotechnologies en France". Au-delà de la mission "Essor des biotechnologies en Midi-Pyrénées", cette politique naissante de la région devra donc être soutenue et financée à la hauteur de ses ambitions.

V. CROCHET

Contact :

Midi-Pyrénées Expansion

Pr. Philippe J. Sicard, conseiller pour les sciences de la vie

Catherine Lepièce, assistante

 

 

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