Mars 2002 - n°66

PORTRAIT

Odile COULOMBEL, chimiste - ingénieur d’études à l’ENS LYON
Une forte personnalité au service de la sécurité dans les laboratoires

Mme Odile COULOMBEL est incontestablement ce que l’on appelle une “ femme de caractère ”.
Hyperactive, elle déborde d’énergie et gère avec dextérité de multiples responsabilités.
Chimiste de formation, elle est aujourd’hui ingénieur d’études au sein du Département Sciences de la Matière de l’ENS Lyon et est chargée depuis près de 10 ans d’une mission qui lui tient particulièrement à cœur : l’optimisation de la sécurité dans les laboratoires de l’Ecole.
Organisation des conditions de travail, formation des chercheurs, des techniciens et des élèves, équipement en matériel d’urgence… : c’est avec une véritable passion pour son travail que Mme COULOMBEL a déjà mené à bien bon nombre de ses objectifs.
Zoom sur l’approche Sécurité de l’ENS Lyon, à travers l’énergie, la volonté et l’expérience de Mme Odile COULOMBEL.

Quelques mots sur l’Ecole Normale Supérieure de Lyon

“ L’ENS Lyon s’inscrit dans la prestigieuse tradition des Ecoles Normales Supérieures créées en région Ile-de-France en 1794, 1881/1882 et 1915 ”, nous confie M. Bernard BIGOT, directeur de l’ENS Lyon.
Première ENS créée en province, l’Ecole Normale Supérieure de Lyon voit le jour en 1987 quand un décret modifie l’organisation générale des ENS et conduit à l’existence d’un réseau de 4 écoles autonomes.
Les champs disciplinaires du site lyonnais sont ceux que se partageaient auparavant l’ENS de Fontenay et l’ENS de Saint Cloud, fusionnées dans le cadre de la dernière réforme.
L’Ecole lyonnaise compte ainsi 3 départements d’enseignement : Mathématiques et Informatique - Sciences de la Matière - Sciences de la Vie et de la Terre.
Plus de 900 jeunes en formation chaque année, 500 enseignants-chercheurs, chercheurs permanents, doctorants, post-doctorants, ingénieurs, techniciens, 10 laboratoires de recherche de renommée internationale, une centaine de contrats de recherche et plus de 40 thèses soutenues chaque année, 33 000 m2 de surface utile, dont 9500 consacrés à la recherche, … : les chiffres-clés de l’ENS Lyon sont particulièrement éloquents.
Près de 15 ans après sa création, l’Ecole s’impose comme un pôle scientifique reconnu tant à l’échelle régionale que nationale et internationale. Avec un enseignement et une recherche d’excellence, une large ouverture à l’international et d’étroites relations avec le monde économique et industriel, l’ENS Lyon joue un rôle primordial dans le rayonnement scientifique et culturel de la région Rhône-Alpes.

Des avancées significatives dans la politique sécurité de l’ENS Lyon

Chimiste, ingénieur d’études au département Sciences de la Matière, Mme Odile COULOMBEL relève un véritable défi personnel quand elle décide en 1987 de s’installer sur Lyon, où ont été transférées les activités de son établissement d’origine, l’ENS Fontenay (92). Mme COULOMBEL entame alors une nouvelle phase de son cursus professionnel…

l’équipement Sécurité des laboratoires de l’ENS révisé

“ Il y a 8 ans, nous avons dû faire face dans notre laboratoire à un accident important : une projection de quelques ml d’acide sulfurique sur le visage et le corps d’un technicien, suite à une erreur d’utilisation de la verrerie ”, nous explique Mme COULOMBEL. “ Un manque de réflexe manifeste et des omissions importantes dans le traitement de l’accident ont eu des conséquences dommageables pour la victime… ”
Suite à cette expérience malheureuse, Odile COULOMBEL est déterminée à faire évoluer la prise en compte de la sécurité en laboratoire de chimie et à optimiser les moyens d’intervention en cas d’accident.
Elle cherche alors à s’informer plus précisément sur les risques en laboratoire de chimie et les solutions envisagées en terme de prévention et d’intervention en situation d’urgence. Elle multiplie les recherches dans la littérature et les catalogues de fournisseurs d’équipements, et assiste à des conférences sur la brûlure chimique.
C’est dans ce contexte qu’elle découvre la Diphotérine®, solution mise au point par la société PREVOR pour lutter contre les projections chimiques. (cf les Archives de La Gazette sur http://gazettelabo.fr pour retrouver les articles parus précédemment sur le Laboratoire PREVOR).
Mme COULOMBEL, convaincue de l’efficacité de ce produit, obtient l’accord de la direction de l’ENS Lyon pour équiper ses laboratoires de lave-œil portables, en cas de projection oculaire, puis de sprays et, enfin, d’une mini-douche pour toute agression sur le corps - des équipements qui n’ont d’ailleurs pas tardé à servir et à confirmer leur efficacité.

une conférence de sensibilisation au risque chimique organisée chaque année

Motivée par le succès de ses premières investigations, Odile COULOMBEL s’implique davantage dans la politique Sécurité de l’Ecole lyonnaise avec l’objectif de sensibiliser différemment et plus efficacement les acteurs du Laboratoire. Elle se présente au Comité Hygiène et Sécurité de l’ENS créé il y a 6 ans, et mène une action soutenue sur le terrain. En 1996, elle propose l’organisation d’une formation à chaque début d’année universitaire pour sensibiliser les étudiants au risque chimique. Acceptée par la présidence du Comité H&S, la conférence est rendue obligatoire pour tous les élèves en 1ère et 2ème année ainsi que pour les agrégatifs de physique, chimie et biologie - sont également conviés tous les chercheurs et les membres du personnel de l’Ecole…

En septembre 1997, se tient ainsi la 1ère formation, coordonnée par Mme COULOMBEL et présentée par M. BLOMET, normalien, Directeur de la société PREVOR.
La direction des Etudes inscrit alors, d’une manière systématique, cette conférence dans le planning de chaque rentrée universitaire.
En septembre 2001, l’expérience est réitérée avec le même succès. Seule modification : c’est maintenant Odile COULOMBEL elle-même qui anime l’exposé avec pour support un diaporama de 39 photos, réalisé par ses soins. “ Je souhaitais en effet m’impliquer encore davantage dans cette initiative, aussi ai-je demandé à être formée par l’équipe PREVOR ”, ajoute Mme COULOMBEL. “ Mon souhait est que la sécurité devienne un véritable réflexe, au même titre que la ceinture en voiture ! ”

Au programme de cette formation : les éléments clés de la maîtrise du risque chimique en laboratoire :
- la sensibilisation, avec la présentation de la notion de risque chimique et des moyens de prévention : pictogrammes, phrases de risque (R) et de sensibilisation (S) – fiches de données de sécurité – bon sens (tri des déchets, bonne utilisation de la verrerie…) – protections individuelles et collectives…
- le mécanisme d’action de la brûlure : principes chimiques et biologiques, les différents types de brûlures en fonction des agents responsables (acides, bases, oxydants, réducteurs, complexants ou solvants) et des facteurs de dangerosité (température, concentration, temps d’exposition…), les différentes étapes de la brûlure chimique (contact, pénétration, réaction), exemple de pénétration dans l’œil…
- les secours : principe du traitement d’urgence, caractéristiques et protocoles d’utilisation de la Diphotérine®, en comparaison avec des alternatives telles que l’eau ou le sérum physiologique.
Notons que la Diphotérine® constitue l’élément de base dans la formulation des solutions PREVOR destinées à lutter contre la brûlure chimique et conditionnées, pour cela, sous plusieurs formes : spray, douche de sécurité, lav’œil mural ou individuel…
“ La Diphotérine® est un “ chélateur amphotère ” absorbant particulièrement rapide et efficace ”, nous explique M. BLOMET. “ Cette grosse molécule multisite a la propriété d’attirer et de capter les molécules agressives, qu’elles soient irritantes ou corrosives ; ce que l’eau ne peut pas faire… ”
Les nombreux tests effectués en laboratoire et les avis des spécialistes, notamment de l’INRS, sont unanimes : l’emploi de ce produit diminue considérablement la gravité des accidents chimiques et permet, par son application immédiate, d’éviter toute séquelle. La Diphotérine® a d’ailleurs obtenu le marquage CE en tant que dispositif médical et est référencée dans le Vidal.

Une continuité vers d’autres moyens de prévention du risque en Laboratoire

L’édition du fascicule “ La Sécurité dans les laboratoires de chimie ” :

Notons qu’au-delà de la formation à la sécurité, désormais traditionnelle au sein de l’ENS Lyon, cette nouvelle dynamique générée par Odile COULOMBEL a conduit à la réalisation et à l’édition du fascicule “ La sécurité dans les laboratoires de chimie ”. Imaginé et rédigé par Mme COULOMBEL, puis publié aux Editions PREVOR, ce livre est un recueil de conseils pratiques clair, concis et particulièrement bien illustré, des consignes de prévention pour l’optimisation de la sécurité et des conduites à tenir dans l’urgence.

D’autres projets…

En 2001, Mme COULOMBEL soulevait l’intérêt de mettre en place - du fait que la société dans laquelle nous vivons devient de plus en plus procédurière - une formation de soutien juridique destinée aux élèves, futurs enseignants .
C’est chose faite depuis septembre dernier, grâce à la participation de Me LAMBERT, avocat, aux conférences annuelles de l’ENS Lyon sur la sécurité. Intitulé de son exposé : “ la responsabilité de l’enseignant : responsabilités administratives, droit civil et droit pénal ”
“ C’est dans cette continuité que nous souhaitons poursuivre la sensibilisation des acteurs du Laboratoire au risque chimique. Il serait également intéressant d’approfondir le sujet avec l’organisation d’enseignements complémentaires sur les risques d’autres natures, notamment sur le risque incendie, mais aussi sur les risques biologiques ”, conclut Odile COULOMBEL.

Contact :
ENS Lyon, Département Sciences de la Matière
Mme Odile COULOMBEL, ingénieur d’études

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