Mai 2002 - n°68
Le CNRS, l'Université Montpellier 1 et le groupe pharmaceutique Servier s'associent au sein d'un laboratoire coopératif dédié à la conception rationnelle de peptides thérapeutiques
Le 13 décembre dernier, le CNRS, l'Université
Montpellier 1 et le groupe pharmaceutique Servier ont annoncé la création
d'un laboratoire coopératif dans le domaine de la conception rationnelle
de peptides d'intérêt thérapeutique. Ce nouveau laboratoire
vient s'ajouter aux deux structures (*) de ce type déjà présentes
en Languedoc-Roussillon : l'une associant le CNRS, l'Université Montpellier
2 et la start-up américaine Novirio Pharmaceuticals et l'autre réunissant
le CNRS, l'Université Montpellier 2, l'Ecole Nationale Supérieure
de Chimie de Montpellier et le CEA.
Placé sous la responsabilité du professeur Gérard Grassy,
ce laboratoire coopératif fait partie du Centre de Biochimie Structurale
dirigé par Michel Kochoyan et ses locaux sont situés dans la faculté
de pharmacie (Université Montpellier1).
Servier, premier laboratoire pharmaceutique indépendant français
Avec 1,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires consolidé en 2000, Servier est le troisième groupe pharmaceutique français au niveau international. Présent dans 140 pays avec des médicaments de référence traitant en particulier les maladies cardio-vasculaires (63% du chiffre d'affaires) et le diabète (21%), Servier emploie 13 600 collaborateurs dans le monde. Le Groupe consacre 25 % de son chiffre d'affaires annuel à la recherche et plus de 70 molécules sont actuellement en développement dans ses laboratoires dans des domaines thérapeutiques tels que les pathologies cardio-vasculaires, les affections métaboliques, la cancérologie, la rhumatologie, les neurosciences et la gynécologie. La création du laboratoire coopératif montpelliérain est une étape supplémentaire dans la politique active de partenariat avec des organismes de recherche publics menée par Servier. Elle intervient notamment moins d'un an après la signature d'un accord-cadre entre le groupe pharmaceutique et l'INSERM et après la création d'un laboratoire mixte de recherche en partenariat avec l'université de Caen et la Région de Basse Normandie.
Le Centre de Biochimie Structurale
Le Centre de Biochimie Structurale (UMR CNRS-INSERM-UM1) a
pour objectif général de décrire et de comprendre les propriétés
structurales, dynamiques et fonctionnelles des systèmes biologiques tant
au niveau moléculaire qu'aux niveaux supramoléculaire et cellulaire.
Créé en 1993 et en croissance permanente depuis, le laboratoire
regroupe des chercheurs provenant d'horizons divers et ayant des champs d'expertise
dans les domaines de la chimie, de la biologie structurale de la biophysique
et de la bioinformatique. Le laboratoire développe cinq axes de recherches
- Structure et interaction des biomolécules
Cet axe concerne les études structurales à l'échelle
atomique et la caractérisation cinétique et thermodynamique des
complexes intermoléculaires.
- Dynamique structurale des protéines
Ces recherches, proches de l'axe précédent, abordent des
aspects davantage biophysiques tels que l'étude dynamique des molécules
ou les problèmes de repliement.
- Nanostructures et complexes membranaires
Cet axe rassemble les travaux en relation avec les systèmes complexes
membranaires et cellulaires : nanostructures lipidiques et études structurales
des protéines membranaires.
- Protéomique et génomique structurale
Ces recherches allient spectrométrie de masse, méthodologies
pour la "biologie structurale à haut débit" et bioinformatique.
- Conception, synthèse et structure de peptides fonctionnels
C'est l'équipe concernée par le laboratoire coopératif,
elle rassemble les chercheurs intéressés par les peptides d'intérêt
thérapeutiques. Les recherches s'appuient à la fois sur la chimie,
la bioinformatique, la modélisation et sur des études structurales
par RMN.
Une collaboration de longue date autour des peptides
La création du laboratoire coopératif concrétise
plusieurs années de recherches fructueuses communes consacrées
à l'étude de peptides d'intérêt biologique, domaine
en particulière expansion après le décryptage du génome
humain. En effet, les peptides et les protéines gouvernent nos fonctions
essentielles au niveau notamment des systèmes nerveux, central et périphérique,
cardio-vasculaire et immunologique et sont donc impliqués dans de nombreuses
pathologies.
Le nouveau laboratoire va permettre de développer plusieurs savoir-faire
dans le domaine de la modélisation moléculaire, de la conception
rationnelle de molécules d'intérêt pharmacologique et de
la synthèse peptidique.
Les stratégies développées reposent sur la détermination
des caractéristiques physico-chimiques et structurales de peptides naturels
afin de les reproduire et d'obtenir de nouveaux peptides à l'activité
et la biodisponibilité renforcées. Un des axes de recherche va
notamment consister en la conception de molécules pseudo peptidiques
dont les propriétés globales, y compris biologiques, sont très
proches des peptides, mais qui appartiennent à des séries chimiques
différentes. Elles présentent des caractéristiques plus
favorables que leurs modèles en termes d'intérêts pharmacologiques
et industriels : stabilité, brevetabilité ou coût de fabrication.
Renforçant les liens étroits déjà existant, ce nouveau
laboratoire coopératif permettra d'accroître l'efficacité
d'une approche multidisciplinaire au bénéfice de chacune des parties.
Des succès se dessinent déjà dans quelques secteurs dont
celui de la diabétologie et plus particulièrement du traitement
du diabète de type II.
V. CROCHET
(*) Un laboratoire coopératif se distingue d'une traditionnelle Unité Mixte de Recherche (UMR) car le partenariat avec l'industriel ne concerne pas l'unité entière mais une équipe unique associée à une thématique bien identifiée du laboratoire académique. Les autres groupes de l'unité ne sont pas impliqués dans le laboratoire coopératif et sont donc libres de collaborer avec d'autres industriels.
Contact :
Gérard Grassy
Responsable du laboratoire coopératif