Le Laboratoire Central de la Préfecture de Police

Septembre 2002 - n°70

Le Laboratoire Central de la Préfecture de Police
" La Qualité, facteur de progrès "

Fondé en 1878 et placé sous l’autorité du préfet de police, le Laboratoire Central de la Préfecture de Police est un organisme scientifique d’étude, de prévention et de contrôle.

" Sa création à fa fin du 19ème siècle répond à un problème d’époque : lutter contre la falsification des denrées alimentaires telles que laits et vins... ", nous confie M. Bruno FARGETTE, directeur du Laboratoire. " Aujourd’hui, ses champs d’investigation couvrent toutes les questions ayant trait à la sécurité et à la salubrité de la population de Paris et des trois départements limitrophes : Hauts-de-seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne ".

Au centre des missions du laboratoire : les analyses, les contrôles et les recherches dans le domaine des risques liés aux explosifs, aux incendies, à la pollution de l’eau et de l’air ainsi qu’aux nuisances sonores et à la radioactivité.
170 personnes - sur les 202 que compte le Laboratoire - sont affectées à des responsabilités techniques.
Environ 60 d’entre elles - chimistes, physiciens, biochimistes...- collaborent au sein des services analytiques et toutes, quelle que soit leur attribution, sont étroitement impliquées dans la mise en oeuvre de la politique qualité du Laboratoire.

Un laboratoire pas comme les autres

Depuis plus de 120 ans au service de la Ville de Paris, de l’Etat et des Départements qui le subventionnent, le laboratoire municipal a été ouvert au public à dater du ler mars 1881, et a étendu ses activités aux sociétés privées et aux particuliers.

" Notre Laboratoire a développé des prestations de nature très diverse ", nous explique Bruno FARGETTE. Certaines d’entre elles ne sont d’ailleurs pas à proprement parler des activités de laboratoire : c’est notamment le cas de l’élimination de déchets industriels abandonnés ou détenus par des particuliers, du déminage, mais aussi des services de contrôle technique appliqués à la sécurité pyrotechnique, à l’hygiène, à la lutte contre les nuisances acoustiques ou encore à l’inspection des établissements recevant du public.

Mais les activités principales du LCPP l’identifient effectivement à un laboratoire d’analyses ou d’essais. Le LCPP met en oeuvre un vaste champ de compétences et d’équipements au profit de trois objectifs majeurs :

la prévention des risques technologiques : risques de la vie courante liés à l’usage d’appareils électriques ou électroniques... ou risques générés par l’émission de rayonnements ionisants sur les lieux de travail.
En laboratoire ou sur site, le LCPP réalise notamment des essais de matériels électriques et électroniques, et étudie le comportement au feu des matériaux : essais de réaction au feu, d’opacité des fumées et analyse des gaz de combustion...

la maîtrise des nuisances environnementales : enquêtes de terrain en matière de la qualité de l’air atmosphérique et de nuisances acoustiques, contrôle de la qualité de l’air intérieur et analyse de composés organiques volatils tels que les solvants chlorés, recherche de l’origine d’intoxications oxycarbonées le plus souvent liées à l’utilisation d’appareils à combustion, identification des déchets industriels en vue de leur élimination, enlèvement de produits chimiques, étude de la pollution des eaux et des sols...
“Les enquêtes de pollutions atmosphériques nécessitent, elles aussi, des moyens analytiques lourds, avec plus de 2000 prélèvements examinés annuellement ", ajoute M. FARGETTE.
« Elles concernent notamment le dosage en routine des métaux (plomb, nickel, cadmium, arsenic... ) et d’hydrocarbures aromatiques monocycliques, tels que le benzène et les aldéhydes, pour le compte du réseau de surveillance Airparif».

I’identification des molécules potentiellement dangereuses pour la santé et la sécurité de la population :
«La recherche de traces et l’identification d’explosifs ou la mise en évidence de substances inflammables et leur caractérisation dans les débris d’incendie relevés au cours d’enquêtes sont des spécialités de notre Laboratoire», précise M. FARGETTE. "Les personnels de l’unité Explosifs & Incendies (ingénieurs, techniciens et démineurs) recherchent l’origine d’incendies, déterminent la nature d’un engin explosif et analysent les facteurs de production d’atmosphères explosives, domestiques ou industrielles. Ils sont d’ailleurs impliqués fréquemment dans l’assistance, le conseil et la formation auprès d’homologues étrangers.... "

L’identification de toxiques organiques et minéraux dans diverses matrices environnementales et biologiques est l’un des pôles de compétence les plus sollicités du LCPP. Près de 4000 prélèvements de poussières et de peintures sont ainsi examinés tous les ans dans le cadre du dépistage du saturnisme infantile en Île-de-France.
Outre le dépistage du plomb dans les bâtiments, le Laboratoire assure également un dépistage biologique sur les enfants de moins de 6 ans. Ces analyses, réalisées à la demande des services communaux d’hygiène et de santé, portent sur la détermination de la plombémie, des PPZ (Protoporphyrine érythrocytaire zinc) et de la teneur en hémoglobine. Plus de 1300 échantillons de sang sont ainsi analysés chaque année.

Le Département Qualité

" La qualité est un véritable facteur de progrès pour construire le Laboratoire du 21ème siècle... ", déclare M. Bruno FARGETTE. Maître d’oeuvre de cette dynamique, le département Qualité du LCPP coordonne l’action des correspondants Qualité et Métrologie de chaque unité technique, sous la direction de Mme Maryvonne SADER.

" les travaux de remise aux normes de sécurité des salles d’analyses du département Chimie analytique se sont achevés début 2000 ", nous confie Mme SADER, " Ces travaux entraient dans le programme de mise en place de l’Assurance - Qualité. Une démarche qui a mobilisé l’ensemble du personnel du département pour l’acquisition et la mise en place de matériel, la rédaction des documents qualité et le contrôle de leur application par un audit interne. L’ensemble du personnel a bénéficié d’un stage de formation à l’assurance qualité. "
Soulignons que le Laboratoire Central de la Préfecture de Police est titulaire de quinze agréments ministériels : Ministère de l’Intérieur pour les essais de réaction au feu, Ministères chargés du Travail et de l’Agriculture pour la plombémie, le benzène et pour le dosage du plomb particulaire dans l’atmosphère des lieux de travail.

Tous ces agréments impliquent la participation régulière à des essais inter-laboratoires, nationaux et internationaux.
A noter également, qu’au-delà de la réorganisation matérielle de ses installations, le LCPP a procédé à un important renforcement de ses procédures Qualité. Ainsi, l’étalonnage interne des cinquante poids étalons de travail a été possible grâce à la rédaction de documents opératoires, à l’élaboration d’un logiciel d’assistance à l’étalonnage et à la mise à disposition de moyens pour l’ensemble des unités. " L’attention a été tout particulièrement portée sur les calculs d’incertitudes " souligne Mme SADER. " Tous les éléments permettant le raccordement des résultats de pesage aux étalons nationaux sont maintenant en place... "

Parmi les priorités du Laboratoire Central de la Préfecture de Police : la mise en oeuvre de mesures correctives pour l’obtention de l’accréditation COFRAC « Analyses physico-chimiques des eaux « (prog.100-1) ; Parmi les objectifs pour 2002/2003 :

parfaire la validation interne des méthodes d’essais et l’intégration des exigences métrologiques minimales comme celle des calculs d’incertitude ;

poursuivre la mise en place d’un plan d’échantillonnage des eaux pour répondre aux exigences du nouveau référentiel COFRAC ;

maintenir et développer le potentiel analytique du Laboratoire en vue d’une accréditation.

" C’est en respectant sa culture interne, tout en intégrant l’innovation et les progrès techniques propres à ses spécialités, que le LCPP sera à même de poursuivre son développement, à l’écoute des attentes sociales " conclut M. Bruno FARGETTE